14 Janvier 2015
Le 14 janvier 1200, le pape Innocent III jette l'interdit sur le royaume de France, autrement dit interdit au clergé de délivrer les sacrements au roi et à ses sujets ! Cette sanction extrême résulte des ennuis matrimoniaux de Philippe II Auguste.
Veuf d'Isabelle de Hainaut, il s'est remarié en 1193 avec Isambour (ou Ingeburge) de Danemark et, le jour même de ses noces, pris d'un subit dégoût pour sa femme, s'en est séparé. Le 1er juillet 1196, il s'est remarié avec Agnès de Meran (ou Méranie). Contraint de s'incliner pour obtenir la levée de l'interdit, Philippe se sépare d'Agnès et restitue le titre de reine à Isambour sans aller jusqu'à la mettre dans son lit.
Le 14 janvier 1506, des fouilles près des anciens thermes de Trajan, à Rome, mettent au jour un groupe sculpté monumental d'origine hellénistique.
Cette oeuvre fameuse, réalisée à Rhodes vers 40 av. J.-C., représente Laocoon et ses fils assaillis par les serpents. Selon l'Énéide de Virgile, Laocoon est un prêtre de Troie qui aurait tenté en vain de dissuader ses concitoyens de faire entrer dans la ville le cheval de bois abandonné sur la plage par les assiégeants grecs (l'Illiade).
«Je crains les Grecs, même lorsqu'ils apportent des présents», aurait-il lancé en désespoir de cause. Là-dessus, des serpents sortis de l'eau auraient dévoré ses deux fils et lui-même avant de se réfugier sous l'autel d'Athéna. Les Troyens, terrorisés, y auraient vu la confirmation qu'ils devaient honorer le cheval, cadeau de la déesse, et l'auraient fait entrer dans leur ville... avec les guerriers grecs qui s'y trouvaient cachés.
Cette oeuvre monumentale était une pièce maîtresse de la Maison dorée (Domus aurea construite par Néron après l'incendie de Rome.
Le 14 janvier 1526, le roi de France François 1er, prisonnier de l'empereur Charles Quint depuis sa défaite de Pavie, signe le traité de Madrid avec son vainqueur. Il s'empressera d'en renier les clauses sitôt libéré...
Nous sommes à l'hiver 1797. Engagé en Italie contre les Autrichiens, le général Bonaparte tarde à emporter la décision. Il manque d'effectifs et le siège de la citadelle de Mantoue, qui verrouille la route de Vienne, traîne en longueur depuis six mois. Et voilà que les Autrichiens du général Alvinczy descendent en quatre colonnes des Alpes pour débloquer la citadelle.
Voyant cela, Bonaparte ordonne à Masséna et Ney de concentrer leurs divisions près du lac de Garde, à Rivoli, en soutien à un autre général de l'armée d'Italie, Joubert. L'affrontement se produit le 14 janvier 1797, près de Rivoli. Les Français, inférieurs en nombre mais bien coordonnés, tiennent les Autrichiens en respect. À la mi-journée, Masséna débouche avec ses troupes sur le champ de bataille au terme d'une longue marche. L'« enfant chéri de la victoire », comme le surnommera Bonaparte, décide de la victoire. Mantoue, réduite à la famine, capitule le 2 février. La route de Vienne est ouverte aux Français. Il ne reste plus aux Autrichiens qu'à solliciter la paix. Le traité est signé à Campoformio le 18 octobre de la même année.
Le 14 janvier 1852 est promulguée en France une nouvelle Constitution. Elle donne auPrince-Président Louis-Napoléon Bonaparte, que d'aucuns surnomment avec méprisBadinguet, des pouvoirs quasi-dictatoriaux pour une durée de... dix ans. C'est la fin de la IIe République.
14 janvier 1858, Felice Orsini commet un attentat contre Napoléon III devant l'opéra de la rue Le Peletier, à Paris. Il en veut à l'empereur d'entraver l'unification de l'Italie. Napoléon III en profite pour faire passer une loi de sûreté générale.
De sa prison, le terroriste supplie l'empereur d'apporter son appui à la cause italienne. Napoléon III entame des pourparlers avec Cavour, le Premier ministre du roi de Piémont-Sardaigne.
Le 14 janvier 1930
André Maginot fait voter une moi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France
Très décriée après l'invasion de 1940, cette initiative n'en est pas moins approuvée dans l'instant par la grande majorité de la classe politique et du corps des officiers, y compris le capitaine Charles de Gaulle.
Il est vrai qu'elle a parfaitement joué son rôle défensif lors de l'offensive allemande de 1940, son seul vrai défaut étant de n'avoir pas été prolongée jusqu'à la mer.
Haut fonctionnaire, André Maginot (53 ans) s'est engagé comme simple soldat pendant la Grande Guerre. Il a fini celle-ci avec le grade de sergent et la médaille militaire.
C'est l'un des très rares parlementaires à présenter de tels états de service, de sorte que ses collègues n'osent rien lui refuser quand la patrie est en débat... En 1920, il organise le transfert du soldat inconnu sous la voûte de l'Arc de Triomphe.
En 1930, ministre de la Guerre dans le gouvernement Tardieu, il reprend la suggestion émise par Paul Painlevé en 1925 de fortifier les frontières orientales du pays. Il plaide pour une ligne de défense flexible, capable de suppléer à la diminution des effectifs militaires prévue à partir de 1935 en raison du déficit des naissances. C'est ainsi qu'il obtient des parlementaires un crédit de 3,3 milliards de francs sur quatre ans.
Mort de la typhoïde deux ans plus tard, André Maginot ne verra pas l'achèvement du chantier et c'est seulement en 1936 qu'un journaliste de L'Écho de Paris, Raymond Cartier, donnera son nom à l'ensemble de fortifications qu'il aura contribué à créer.
Le chantier, le plus grand de son temps, va employer jusqu'à 20.000 ouvriers.
Ce réseau de fortifications à demi-enterrées comporte une cinquantaine de gros ouvrages équipés d'artillerie et quelques centaines de casemates et d'observatoires isolés. Il inaugure une conception purement défensive des stratèges français, à l'opposé de la conception offensive de leurs homologues d'Outre-Rhin. Il témoigne aussi d'une perte de confiance de la classe politique dans l'avenir des relations franco-allemandes... malgré la publication au même moment (1930) d'un mémorandum en faveur d'une union fédérale européenne par Aristide Briand.
Les fortifications débutent sur les bords de la Méditerranée, au-dessus de Menton, et s'égrènent jusqu'à la frontière belge et au-delà, y compris le long du Rhin. Mais dans le massif des Ardennes, jugé infranchissable par le haut commandement français, les autorités se contentent de fortifications légères.
Les Belges refusent par ailleurs que les Français prolongent la ligne Maginot le long de leur frontière car ils craignent d'être sacrifiés en cas de nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. C'est ainsi que le long de la frontière avec la Belgique, la ligne Maginot se réduit à quelques ouvrages fortifiés de modeste importance.
Les gros ouvrages de la ligne Maginot couvrent en définitive 140 km sur la frontière du nord-est, longue de 760 km de la mer du Nord à la Suisse.
De l'autre côté de la frontière, le gouvernement allemand réplique dès 1937 avec une autre série de fortifications : la ligne Siegfried. Beaucoup plus légère que la ligne Maginot, elle a surtout vocation à tromper les Français sur la capacité offensive de laWehrmacht.
Quand la guerre est déclarée à l'Allemagne de Hitler, moins de dix ans après la construction de la ligne Maginot, les fortifications remplissent dans l'ensemble leur office. De septembre 1939 à juin 1940, le fort de Schoenenbourg, au nord de l'Alsace, tire à lui seul près de 20.000 obus en 10 mois. Invaincu, son «équipage» ne se rend que le 1er juillet 1940, six jours après l'armistice, sur ordre express du haut commandement français.
Dans le secteur frontalier de Maubeuge, les hommes du 87e RIF résistent au prix de lourds sacrifices à une percée des blindés de la 5° Panzer du général Schmidt. Dans le secteur frontalier de l'Escaut, à Bouchain, des hommes du 45e RI (régiment d'infanterie), sous le commandement du colonel Desroches, empêchent le franchissement du fleuve du 22 au 26 mai 1940. Ce fait d'armes provoque le 2 juin 1940 la venue de Hitler en personne. Courroucé, le Führer se fait expliquer du haut de la Tour de l'Ostrevant par le général commandant le 8e Korps pourquoi ses unités ont été tenues en échec par un simple régiment d'infanterie.
Le 54e RIF et le 43e RI paient également un lourd tribut en résistant pendant six jours et six nuits aux assauts ennemis, rendant possible l'évacuation des troupes anglo-françaises à Dunkerque.
Au vu de ces exploits, on peut s'interroger sur les résultats de l'offensive allemande si la frontière belge et les Ardennes avaient été plus solidement fortifiées. La ligne Maginot a péché moins par ses insuffisances techniques que par le fait qu'elle ait servi d'alibi aux pacifistes de tout poil qui ont successivement abandonné l'Autriche et la Tchécoslovaquie au prétexte que la France n'avait de toute façon rien à craindre.