10 Mars 2015
10 mars 1793 : Création du Tribunal révolutionnaire
10 mars 1813 : Frédéric-Guillaume III crée la Croix de fer
10 mars 1893 : Naissance de la Côte d'Ivoire
10 mars 1793 : Création du Tribunal révolutionnaire
Le dimanche 10 mars 1793, à Paris, l'assemblée révolutionnaire de la Convention décrète la levée en masse de 300.000 hommes pour protéger les frontières.
Le soir même, à l'instigation deDanton (« Soyons terribles pour dispenser le peuplede l'être »), elle institue un Tribunal criminel extraordinaire, plus tard appelé Tribunal révolutionnaire, pour « juger sans appel et sans recours les conspirateurs et les contre-révolutionnaires ».
Un tribunal d'exception avait déjà été institué pour juger les "conspirateurs du 10 août 1792" mais dissous le 29 novembre 1792, une fois sa tâche accomplie. Le nouveau tribunal va devenir l'outi de la terreur jusqu'à la chute de Robespierre. Il compte cinq juges, douze jurés, un accusateur public et deux substituts nommés par l'Assemblée. Il s'installe dans la Grande Chambre de l'ancien Parlement, dissous en 1790, sur l'île de la Cité, à l'emplacement de l'actuel Palais de Justice.
L'accusateur public Fouquier-Tinville use de son autorité pour envoyer à la guillotine aussi bien d'innocents suspects que Charlotte Corday, meurtrière de Marat, l'ex-reine Marie-Antoinette ou des chefs de la Révolution comme ses propres amis Danton, Robespierre et même son cousin Camille Desmoulins.
Du 6 avril 1793 au 7 mai 1795, le tribunal voit passer 5.215 accusés et en envoie 2.791 à la guillotine, surtout après la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) qui inaugure la Grande Terreur. Il est supprimé le 31 mai 1795, l'une de ses dernières victimes ayant été Fouquier-Tinville lui-même...
Le même jour commence dans toute la France la levée en masse. Cette mesure entraîne aussitôt le soulèvement des paysans de Vendée...
Le 10 mars 1813, en pleine guerre contre l'Empire napoléonien, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III crée l'ordre de la Croix de fer (Eiserne Kreuz), avec une médaille en forme de croix de Malte.
Cette décoration honorifique est calquée sur la légion d'honneur Légion d'Honneur mais va demeurer strictement militaire. De prussienne, elle va devenir allemande en 1939, sur une décision de Hitler. Elle est depuis 1956 la décoration de référence de la Bundeswehr, l'armée de l'Allemagne démocratique.
Le 10 mars 1893, le gouvernement français regroupe ses comptoirs du golfe de Guinée dans une colonie qui prend le nom de Côte d'Ivoire. Elle perdurera à peine plus d'un demi-siècle, jusqu'à son indépendance en 1960.
La nouvelle colonie constitue un quadrilatère d'environ 322.000 km2, soit les 2/3 de la France, avec un peu plus d'un million d'habitants au début du XXe siècle (20 millions au début du siècle suivant)...
Le 10 mars 1893,gouvernement français constitue officiellement la colonie de Côte d'Ivoire en regroupant les comptoirs français du golfe de Guinée fondés un demi-siècle plus tôt par Kerhallet et Fleuriot de Langle.
Les frontières de la nouvelle colonie ont été délimitées dans les années précédentes par Louis Gustave Binger, officier d'ordonnance de Faidherbe.
Binger est issu de l'infanterie de marine, un corps mésestimé de l'armée française qui a découvert dans la colonisation, en Afrique comme en Extrêm-Orient, une occasion inespérée de se mettre en valeur. Cet officier, au demeurant remarquable, passionné par l'Afrique et bon administrateur, devient à 36 ans le premier gouverneur de la nouvelle colonie de Côte d'Ivoire. Il ne conservera le poste que deux ans avant de devenir directeur des Affaires d'Afrique au ministère des Colonies.
La nouvelle colonie constitue un quadrilatère d'environ 322.000 km2, soit les 2/3 de la France, avec un peu plus d'un million d'habitants au début du XXe siècle (20 millions au début du siècle suivant).
Au sud, derrière un littoral composé d'une succession de lagunes d'accès malaisé, des forêts tropicales en voie de défrichement, avec un peuplement clairsemé. Au nord une savane tôt islamisée et propice à la constitution de vastes royaumes comme celui, éphémère, de Samory Touré.
La colonie compte au total une soixantaine d'ethnies ou tribus, avec autant de langues ou de dialectes, divisées en quatre groupes principaux :
– Au sud-est, les Akans, cousins des habitants du Ghana voisin et répartis entre Baoulés, Sanwis...
– Au sud-est (et au Libéria limitrophe), les Krous,
– Au nord-ouest (ainsi qu'en Guinée), les Malinkés ou Mandingues,
– Au nord-est, les groupes voltaïques et en particulier les Sénoufos, principale ethnie ivoirienne.
Les missionnaires commencent à récolter le fruit de leurs efforts en convertissant à la foi catholique une bonne partie des animistes qui peuplent la zone forestière du littoral.
Mais, de même que les militaires et les administrateurs, ils éprouvent plus de mal à pénétrer les savanes du Nord, en bonne partie vouées à l'islam et remuées par le chef soudanais Samory Touré.
En 1892 il a massacré, au lieu-dit Séguela, une colonne envoyée contre lui et dirigée par le capitaine Ménard. L'année suivante, le gouverneur de Côte d'Ivoire engage une véritable guerre contre le chef soudanais. Elle s'achève par sa capture en 1898. La France occupe dès lors toute la région du haut Niger et le Sahel (la bordure méridionale du Sahara).
La Côte d'Ivoire n'est pas pour autant pacifiée. Dans la décennie qui suit, jusqu'en 1911, les insurrections se multiplient au sein du peuple baoulé, au centre du pays.
La répression (incendies de villages, campagnes de terreur...) réduit la population dans de très fortes proportions. Selon certaines estimations, le peuple baoulé serait ainsi passé d'un million et demi de personnes à... 160.000 en dix ans.
En 1902, la Côte d'Ivoire devient partie intégrante d'un ensemble appelé Afrique Occidentale Française (AOF) et dirigé par un gouverneur général établi à Dakar, au Sénégal. Son chef-lieu est fixé à Bingerville, une ville nouvelle sur la lagune de Grand-Bassam.
On aménage non loin de là le port d'Abidjan (il deviendra la capitale de la Côte d'Ivoire en 1934).
On entame par ailleurs la construction d'une voie ferrée orientée vers le nord, d'Abidjan à Bobo-Dioulasso, pour évacuer la production cotonnière des petits paysans de la haute Volta. Cette voie ferrée sera plus tard prolongée jusqu'à Ouagadougou, actuelle capitale du Burkina-Faso (anciennement Haute-Volta).
C'est le début d'un développement fondé sur l'exploitation du café, de la forêt, du coton et surtout du cacao, qui fait de la Côte d'Ivoire la colonie la plus prospère d'AOF.
Ce développement profite à de nombreux planteurs locaux ainsi qu'aux colons et à quelques entreprises spécialisées dans les affaires d'outre-mer comme la CFAO (Compagnie Française d'Afrique Occidentale).
Pour la République française, qui doit assumer les coûts d'infrastructure et d'administration, le solde de la colonisation, en Côte d'Ivoire comme ailleurs, n'en reste pas moins négatif ainsi que l'a montré l'historien Jacques marseille dans une thèse qui fait date :
Empire colonial et capitalisme français. Histoire d'un divorce (Albin Michel, 1984).