11 Mars 2015
Voici quelques évènements d'un 11 mars...
11 mars 1649 : La Fronde contre le Roi
11 mars 1793 : Massacre de Machecoul
11 mars 1932 : Premières allocations familiales en France
11 mars 1963 : Dernière exécution politique en France
11 mars 1649 : La Fronde contre le Roi
Le 11 mars 1649, la régente Anne d'Autriche et son Premier ministre Mazarin concluent la paix avec le Parlement de Paris. C'est la fin de la Fronde parlementaire.
Cette rébellion des magistrats français a été baptisée du nom d'un jeu d'enfant en raison de son caractère brouillon. Réduits à l'impuissance, les magistrats renoncent à limiter en France le pouvoir royal.
Les Princes et les grands seigneurs s'y essaient à leur tour. Cette Fronde des Princes n'a pas plus de succès que la précédente mais elle cause beaucoup de désordres et fait de nombreuses victimes dans le peuple.
En 1648, la France est gouvernée par la régente Anne d'Autriche, mère du jeune roi Louis XIV (9 ans), qui bénéficie des utiles conseils de Mazarin.
Le pays doit mener des guerres extérieures contre les Habsbourg et cet effort nécessite d'accroître les impôts. Il n'en faut pas plus pour entraîner les privilégiés dans une révolte. Ceux-ci montent le peuple contre le gouvernement en faisant valoir le luxe dans lequel se complaît la Cour.
Le 13 mai 1648, le Parlement de Paris entreprend de réformer ce qu'il estime être les abus de l'État. À l'initiative du conseiller Pierre Broussel, il constitue une Chambre qui aura à décider de la réforme de l'État.
Le 2 juillet 1648, cette Chambre impose à Anne d'Autriche une charte de 27 articles qui donne au Parlement le droit de valider tout impôt nouveau. La régente feint de se soumettre. Mais voilà que son armée remporte à Lens une grande victoire sur les Espagnols.
La régente, rassurée sur la situation extérieure, fait arrêter plusieurs parlementaires, y compris Pierre Broussel, auquel son intégrité (fait rarissime) vaut une immense popularité.
À cette annonce, Paris se soulève au cours d'une «journée des Barricades». La régente feint une nouvelle fois de se soumettre. Elle libère ses prisonniers mais s'enfuit à Saint-Germain-en-Laye avec le cardinal, le jeune roi Louis XIV et son frère Philippe. Pendant ce temps, l'armée royale, commandée par Condé, organise le siège de Paris.
Les parlementaires, qui détiennent déjà beaucoup de privilèges, n'ont pas vraiment envie d'une Révolution. Ils rendent les armes et signent la paix à Rueil.
Le cardinal et la régente regagnent Paris en octobre sous les acclamations mais ils doivent dés lors combattre la Fronde des Princes, plus violente mais aussi plus brouillonne et bagarreuse.
À Paris et dans les provinces se multiplient les «mazarinades», écrits et chansons satiriques qui traînent Mazarin dans la boue...
Le Grand Condé, l'ancien vainqueur de Rocroi, noue des complots avec quelques grands seigneurs dont son frère le prince de Conti, et bientôt, la guerre civile, aggravée par l'intervention des Espagnols, met le pays à feu et à sang.
Les maladresses de Condé et son alliance avec les Espagnols conduisent à la défection de ses partisans. Le 21 octobre 1652, Louis XIV, qui a été déclaré majeur le 7 septembre 1651, rentre à Paris avec sa mère. Il tient un lit de justice et prononce une amnistie générale (ou presque). Quatre mois plus tard, Mazarin retrouve à son tour Paris.
La Fronde des Princes est finie. Mais Louis XIV en gardera rancune aux Parisiens. Il choisira plus tard de quitter le Louvre, résidence de la cour depuis quatre siècles, et de bâtir un nouveau palais à Versailles.
La monarchie française sortira renforcée des épreuves de la Fronde tandis qu'à la même époque, l'Angleterre fera l'expérience de la République après avoir exécuté son roi Charles 1er. La France évoluera vers une monarchie absolue, l'Angleterre vers une monarchie parlementaire.
11 mars 1793 : Massacre de Machecoul
Le 11 mars 1793, à Machecoul, en Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-Atlantique), des paysans exaspérés par la conscription militaire massacrent plusieurs gardes nationaux ainsi que quelques bourgeois, connus pour leurs sympathies républicaines, et le curé assermenté (il a approuvé la Constitution civile du clergé). C'est le début des guerres de Vendée.
~~~~~
Le dimanche 10 mars 1793, l'assemblée de la Convention recourt à la levée en masse autoritaire de 300.000 hommes dans tout le pays, pour suppléer aux insuffisances des engagements volontaires après sa proclamation du 24 février précédent sur la «patrie en danger».
La levée en masse entraîne dès le lendemain le soulèvement des paysans vendéens, jusque-là indifférents à l'agitation parisienne, ne supportent pas qu'on leur demande de verser leur sang pour une cause qu'ils exécrètrent.
Danton, le 31 janvier 1793, a proclamé devant la Convention le dogme des "frontières naturelles" sous-entend la conquête des Pays-Bas et de la Belgique. Les puissances européennes ripostent par une coalition. C'est pour y faire face et suppléer au manque de combattants volontaires que la Convention organise une réquisition autoritaire.
Des registres sont ouverts dans chaque commune pour l'inscription des volontaires et, si ceux-ci font défaut, les autorités organisent un tirage au sort parmi tous les jeunes hommes célibataires.
Le nombre total d'appelés (300.000) n'est pas très important au regard de la population totale (28 millions d'habitants) mais le principe de la réquisition autoritaire révulse les paysans de tout le pays. Les refus de «tirer au sort» s'étendent des Flandres aux Pyrénées, de la Bourgogne à l'Orléanais et à la Vendée. Dans le Massif central, des zones entières échappent à l'autorité révolutionnaire. Mais le plus grave survient sur la rive sud de la Loire...
Dans le bocage du Bas-Poitou (département de la Vendée), les paysans pratiquent leur religion avec piété et sérieux, comme le leur ont appris les disciples du père Louis-Marie Grignon de Montfort, décédé en 1716, qui ont revivifié les pratiques religieuses dans ces régions alors qu'elles régressaient dans le reste de la France.
Le jour même de la réquisition, le 10 mars 1793, ces paysans, qui ont été échaudés par l'exécution du roi Louis XVI et les mesures antireligieuses des révolutionnaires parisiens, assaillent les autorités municipales. Spontanée, la rébellion couvre les Mauges, le Choletais, le bocage vendéen, le marais de Challans et le pays de Retz (toute une région du sud de la Loire qui prendra bientôt le nom de Vendée militaire). 23 insurgés sont arrêtés par les gardes nationaux à Saint-Philbert, dans le pays de Retz, en Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-Atlantique).
Le lendemain, la population se rassemble et décide de marcher sur Machecoul, principale bourgade de l'endroit, où se tiennent la garde nationale et la commission de recrutement. À l'entrée du bourg, la foule armée de fourches fait face aux gendarmes et aux gardes nationaux. Ceux-ci, bien qu'au nombre de plusieurs centaines, prennent peur et refluent dans les rues. La foule les poursuit. Plusieurs gardes nationaux sont massacrés ainsi que quelques bourgeois, connus pour leurs sympathies républicaines, et le curé assermenté (il a approuvé la Constitution civile du clergé).
Les insurgés sont des paysans, c'est-à-dire des gens du pays. La moitié sont des artisans, les autres des laboureurs ou des gens de la terre. Ils choisissent leurs chefs dans leurs rangs. Ainsi Jacques Cathelineau, colporteur voiturier au Pin-en-Mauges, Stofflet, garde-chasse des Colbert à Maulévrier.
Mais les paysans et leurs chefs manquent d'expérience militaire. Ils vont quérir en complément des chefs plus expérimentés : d'Elbée, lieutenant de cavalerie, Charette, ancien officier de marine, Bonchamps, d'Autichamp, Lescure, Sapinaud, Talmond... Ces aristocrates se montrent au départ assez réticents à prendre la tête d'une armée de paysans mais ils ne tardent pas à faire la preuve de leur sincérité militante, en particulier le jeune Henri du Vergier, Comte de la Roche Jacquelein (20 ans)...
Armés de faux et de fourches, résolus et enthousiastes, les insurgés chassent les«Bleus» (les soldats de la République étaient ainsi nommés en raison de leur uniforme) et rétablissent le culte catholique dans leurs villages. C'est le début des guerres de Vendée.
Henri de La Rochejaquelein
( 30 août 1772 - 28 janvier 1794)
le jeune Henri du Vergier, comte de la Rochejaquelein (20 ans). Ce sous-lieutenant de cavalerie, issu d'une famille de haute noblesse, avertit ceux qui viennent le solliciter : «Allons chercher l'ennemi : si je recule, tuez-moi ; si j'avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi».
La Rochejaquelein ne tarde pas à prendre la tête de l'«Armée royale» ainsi improvisée et mène ses troupes de paysans à la victoire. Mais quelques mois plus tard, le 28 janvier 1794, alors qu'il galope dans le bocage vendéen, un tireur embusqué fait feu sur lui et le blesse mortellement.
11 mars 1932 : Premières allocations familiales en France
Confrontée à une grave crise de dénatalité, la France, après la Première Guerre mondiale, ébauche une politique de soutien aux familles avec enfants. À partir de 1919, l'État et quelques entreprises proposent des suppléments salariaux à leurs salariés chargés de famille. Mais cette politique a un effet pervers en dissuadant l'embauche de pères de famille... Quelques entreprises pionnières surmontent cet inconvénient en créant des caisses de compensation financées par l'ensemble des salariés.
La loi du 11 mars 1932, entrée en application le 14 juin suivant, généralise ce système en rendant obligatoire l'adhésion des entreprises à une caisse de compensation. C'est l'amorce d'une politique familiale qui permettra à la France de retrouver une nouvelle jeunesse dans la décennie suivante.
11 mars 1963 : Dernière exécution politique en France
À l'aube du 11 mars 1963, Jean Bastien-Thiry est passé par les armes au fort d'Ivry. Cette exécution politique est la dernière qu'ait connue la France à ce jour.
La victime est un polytechnicien de 35 ans originaire de Lunéville, marié et père de trois fillettes. Scientifique brillant et de stature internationale, il oeuvre à la Cité de l'Air, à Paris, avec le grade de lieutenant-colonel, quand sa conscience est bouleversée par le drame algérien.
Il y eut ce sentiment d'abandon
Le général Charles de Gaulle était revenu au pouvoir grâce au soulèvement de l'armée et des Français d'Algérie, le 13 mai 1958. Ces derniers craignaient à juste titre que le gouvernement de la IVème République ne négocie un retrait des trois départements algériens. Ils placèrent leurs espoirs dans le Général qui leur promit sans ambages de maintenir l'intégrité du territoire.
Mais une fois au pouvoir, Charles de Gaulle prit conscience de l'impossibilité de maintenir le statu quo en Algérie. Il se refusa d'autre part à octroyer aux musulmans d'Algérie tous les droits des citoyens français comme l'eussent souhaité l'ancien gouverneur Jacques Soustelle... ou des militaires comme Jean Bastien-Thiry. Restait l'alternative de l'indépendance. Il fallut près de quatre longues années pour que le président de la République pût convaincre ses partisans que l'indépendance de l'Algérie était inéluctable.
La déconfiture fut totale. Après la signature des accords d'Evian, les Pieds-noirs refluèrent en désordre vers la métropole et les vainqueurs du FLN assassinèrent dans des tortures affreuses plusieurs dizaines de milliers de harkis et autres musulmans francophiles, abandonnés par l'armée française et le gouvernement du général de Gaulle.
En métropole comme en Algérie, des extrémistes français reprirent à leur compte les méthodes du FLN algérien et multiplièrent les attentats aveugles contre les innocents sous l'emblème de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète).
Comme beaucoup de militaires de sa génération, Jean Bastien-Thiry ne comprit pas les revirements du général de Gaulle. Il les interpréta comme autant de trahisons à l'égard de la Nation, des Français d'Algérie et des musulmans fidèles à la France.
Refusant l'inéluctable, il se convainquit que le Général était un obstacle à la restauration de la grandeur de son pays. C'est ainsi que sous l'égide d'un mouvement clandestin, le Conseil National de la Résistance (CNR) de Georges Bidault, il organisa un attentat contre le cortège du Président.
L'attentat du 22 août 1962
Le 22 août 1962, le général de Gaulle, avec son épouse, se rend de l'Élysée à sa résidence de Colombey-les-deux-Églises. De l'Élysée même, un informateur jamais identifié prévient Bastien-Thiry du choix de l'itinéraire fixé au dernier moment par les services de sécurité parmi les trois possibles.
Au Petit-Clamart, dans la banlieue sud de Paris, la DS présidentielle est mitraillée par les six tireurs du commando de Bastien-Thiry. Les tireurs visent principalement les pneus afin d'arrêter la voiture. Mais les pneus résistent aux balles et le grand talent du chauffeur fait le reste.
L'un des tireurs, Georges Watin, dit «la boîteuse», lâche une rafale à la hauteur des têtes des passagers du véhicule. Les impacts de son fusil-mitrailleur - 8 au total - permettront au procureur général Gerthoffer de requérir pour tentative d'assassinat.
Le président et son épouse, assis à l'arrière du véhicule, sont sans doute sauvés par la réaction de leur gendre Alain de Boissieu qui, assis à l'avant, se retourne vers eux et ose ordonner : «Père, couchez-vous !»
Buisines et Bougrenet de La Tocnaye, constatant que la DS poursuit sa route, tentent de la rejoindre en fourgon. Le fourgon heurte le pare-chocs de la DS. Bougrenet ouvre la portière latérale et tend d'une main le fusil-mitrailleur à l'extérieur. Incident de tir ! La rafale ne part pas.
Les tireurs sont bientôt arrêtés. Jean Bastien-Thiry est arrêté à son retour d'une mission scientifique en Grande-Bretagne. Un tribunal d'exception, la Cour militaire de Justice, juge les prévenus.
Le procureur requiert la mort contre Bastien-Thiry, Bougrenet de La Tocnaye et Buisines. Prévost demande la parole et prie le jury de prendre la place de Buisines, affirmant sa responsabilité supérieure. Le tribunal militaire tient compte de cette précision en condamnant à la peine capitale Prévost au lieu de Buisines.
Prévost avait été en 1954 dans le dernier avion qui avait parachuté des soldats au-dessus de la cuvette de Dien Bien Phu. Prévost et les autres hommes de ce vol s'étaient portés volontaires pour rejoindre leurs camarades bien qu'ils fussent convaincus qu'ils ne sortiraient jamais vivants de cet enfer !
Le recours en cassation n'est pas permis aux condamnés. Leur vie repose entre les mains du chef de l'État. L'opinion publique est convaincue qu'il usera de son droit de grâce pour un attentat qui n'a pas entraîné mort d'homme. Le général de Gaulle grâcie effectivement les tireurs mais non leur chef. Jean Bastien-Thiry est fusillé huit jours à peine après le jugement.
Prévost poursuivra une vie d'errance à travers le monde, inguérissable de n'avoir pas accompagné son chef dans la mort. Watin mourra de maladie quelques années plus tard en Amérique latine. Bertin, le plus jeune, fera une très belle carrière dans la banque. Des trois tireurs hongrois, ne survit plus que Lajos Marton, qui fut en 1956 un jeune officier aux côtés de Pal Maleter, le chef de l'insurrection anti-communiste. Buisines a été renversé par un véhicule en plein Paris.
Charles de Gaulle exploita l'émotion causée par l'attentat du Petit-Clamart pour proposer l'élection du président de la République au suffrage universel, par l'ensemble du peuple français, et non plus par une assemblée de notables.
Le projet se heurta à une très forte opposition du Sénat et de la gauche qui craignaient la naissance d'un régime bonapartiste autoritaire.
Il fut néanmoins approuvé par référendum le 28 octobre 1962 avec 62,25% de Oui.