19 Mars 2015
19 mars 1314 : Suplice du grand maître des Templiers Jacques de Molay
19 mars 1946 : La République française prend des couleurs
19 mars 1962 : Cessez-le-feu en Algérie
19 mars 1314 : Suplice du grand maître des Templiers Jacques de Molay
Le 19 mars 1314, le grand maître des Templiers, Jacques de Molay, est supplicié à Paris.
Poursuivi par la vindicte du roi Philippe IV le Bel, il a été condamné à la prison à vie - ce qui équivaut bien souvent à la mort certaine -, mais dans un sursaut de courage, il se rétracte soudain devant une foule stupéfaite : «L’ordre est pur, il est saint : les confessions sont absurdes et menteuses…».
Voilà le grand maître relaps, l’archevêque de Paris ne peut que le livrer au bras séculier et au feu du bûcher. Qui s’embrasera le soir même dans l’île aux Juifs, à quelques centaines de mètres des tours massives de la cathédrale, au pied de l’actuel pont Neuf.
«Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races !»
Ces mots auraient été prononcés par Jacques de Molay - (19 mars 1314), grand-maître de l’Ordre des Templiers, lors de son supplice sur le bûcher de l’île aux Juifs à Paris le 19 mars 1314.
L’Ordre souverain des Chevaliers du Temple de Jérusalem fut fondé en 1128 par Hugues de Payns pour assurer la garde des Lieux Saints de Palestine et protéger les routes des pélerinages.
Au début du XIVe siècle, le roi de France Philippe IV le Bel, lourd emprunteur de l’Ordre, décide de s’attaquer aux Templiers afin de s’approprier leurs richesses.
Le 13 octobre 1307, Jacques de Molay, le grand-maître, et les 140 Chevaliers de la maison-mère sont arrêtés à l’Hôtel du Temple sous des chefs d’inculpation douteux (profanation de la croix, idolatrie d’une tête de chat, sodomie), tout comme des centaines d’autres Templiers de Province.
Le procès dure près de sept ans et, un à un, sous les tortures, les Chevaliers du Temple finissent par avouer les crimes qu’on leur impute. Sous la pression de Philippe le Bel, le pape Clément V émet le 3 avril 1312 la bulle Ad providam, annonçant la suppression de l’Ordre.
Le 18 mars 1314, Jacques de Molay, emprisonné depuis octobre 1307 dans la prison du Temple, est conduit devant la cathédrale de Notre-Dame pour entendre le verdict du procès. Mais celui-ci haranguent la foule en disant que leurs aveux ont été volés, que les Templiers n’ont commis aucun crime et sont victimes d’une machination. Les templiers alors condamnés au bûcher.
Le lendemain, 19 mars 1314, sur le bûcher, Jacques de Molay s’écrie :
«Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste chatîment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races !»
La malédiction du grand-maître allait s’avérer exact : Clément V meurt le 20 avril 1314 d’étouffement. Philippe le Bel décède dans la nuit du 26 au 27 novembre 1314 d’un ictus cérébral ; ses trois fils mourront dans les 12 années à venir, sans laisser de descendance mâle, mettant ainsi fin à la lignée directe des Capétiens.
Le 19 mars 1946, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, et la Réunion deviennent des départements d'outre-mer sur un vote à l'unanimité de l'Assemblée nationale française.
Les quatre vieilles colonies ont obtenu cette promotion grâce à l'effort conjoint de leurs députés, Léon Lepervanche et Raymond Vergès (La Réunion), Gaston Monnerville (Guyane), Eberré (Guadeloupe), Bissel et Césaire (Martinique), Aimé Césaire étant le rapporteur de la loi.
Mais le projet de départementalisation a été défendu bec et ongles par le député martiniquais Aimé Césaire, poète de la «négritude», qui eut finalement gain de cause.
Dans l'euphorie de la Libération, les quatre veilles colonies ont donc obtenu d'être promues au statut départemental grâce à l'effort conjoint de leurs députés noirs ou métis, Léon Lepervanche et Raymond Vergès (La Réunion), Gaston Monnerville (Guyane), Eugénie Éboué-Tell (Guadeloupe), Léopold Bissol et Aimé Césaire (Martinique), Aimé Césaire étant le rapporteur de la loi.
Quelques mois plus tard, le 24 septembre 1946, d'autres colonies, qui ont conservé le souvenir d'une histoire antérieure à la colonisation, sont transformées en territoires ou collectivités d'outre-mer. C'est le cas de la Polynésie française (ou Établissements français du Pacifique), de la Nouvelle-Calédonie, des Comores, de Wallis-et-Futuna, des Nouvelles-Hébrides (aujourd'hui le Vanuatu)... avec vocation d'accéder à une autonomie de plus en plus large puis à l'indépendance.
Après la colonisation de l'Indochine, de l'Afrique et de l'Algérie, la République française a consacré de gros efforts financiers à ses DOM-TOM (départements et territoires d'outre-mer). Mais les espoirs de la Libération se sont très vite heurtés à l'atavisme colonial et aux combines électorales et politiciennes.
Dans les Antilles et dans une moindre mesure à la Réunion, le pouvoir économique reste concentré entre les mains des descendants des planteurs, quelques milliers de personnes et quelques dizaines de familles tout au plus (les békés).
La classe politique locale, bien qu'issue majoritairement des descendants d'esclaves, s'accommode de la situation et en tire profit. C'est ainsi qu'elle défend bec et ongles le maintien de taxes locales archaïques, comme l'«octroi de mer» qui pèse sur les importations, y compris celles provenant de la métropole et des autres DOM-TOM.
Ces taxes, qui contribuent à l'enchérissement des prix, ont conduit le gouvernement à offrir des primes substantielles aux fonctionnaires appelés à travailler outre-mer. En augmentant de moitié ou du double les revenus des fonctionnaires, les primes contribuent à leur tour à faire monter les prix de détail, pour le plus grand profit des patrons locaux mais au détriment des gens ordinaires qui doivent se satisfaire des aides sociales et de salaires nettement inférieurs à ceux de la métropole...
Ces conditions sociales font fuir les investisseurs, y compris dans le tourisme, en dépit d'atouts naturels importants. Autant de frustrations et d'incohérences qui nourrissent les rancoeurs et réveillent les vieux antagonismes du passé esclavagiste.
La Guadeloupe, qui a cruellement souffert de la Terreur Révolutionnaire, y est plus sensible que ses consoeurs. Suite à la fuite ou à l'exécution de la plupart des planteurs, sa population compte aujourd'hui à peine 5% d'Européens dont une moitié de métropolitains. S'y ajoutent environ 15% de descendants des travailleurs tamouls amenés des Indes après l'abolition de l'esclavage (1848). La population restante est noire ou métisse.
Cette situation contraste avec la Martinique, qui a conservé une assez forte proportion d'habitants de souche européenne, y compris ses békés, lesquels, après la Révolution, ont mis la main sur les ressources de la Guadeloupe. Elle n'a rien à voir avec la Réunion dont la population est très bariolée (Africains et Malgaches, métis, Européens, Tamouls hindous et Indiens musulmans, Chinois, «petits Blancs» des Hauts etc.
Depuis 1946, les départements et territoires français d'outre-mer cumulent les inconvénients du système colonial et de l'assistanat, avec pour résultat une société empêchée de se développer.
La comparaison de La Réunion et de Maurice est édifiante. Les deux îles sont similaires par leur peuplement comme par leur histoire ; la première étant mieux dotée par la nature. Mais l'île Maurice est indépendante depuis un demi-siècle tandis que La Réunion est département français.
Résultat, la Réunion bénéficie de routes asphaltées et les statistiques lui attribuent un PIB/habitant supérieur à celui de sa voisine mais ces avantages sont le résultat de la manne étatique. Comme le reste de l'outre-mer français, l'île compte près d'un tiers de fonctionnaires, près d'un tiers de personnes qui vivent des aides sociales et près d'un tiers de commerçants qui recyclent l'argent des premiers. À la marge, quelques activités traditionnelles (rhum, canne à sucre...) survivent à coup de subventions avec une main-d'œuvre de clandestins des pays voisins.
Rien de tel et pour cause sur l'île Maurice, qui a su attirer les capitaux et bénéficie d'une très importante activité exportatrice (textile, tourisme...). Sa population s'en montre d'autant plus épanouie. Les indicateurs de santé témoignent plus justement de cette réalité. Les taux de mortalité infantile et l'espérance de vie sont du même ordre dans les deux îles des Seychelles en dépit des moyens colossaux déployés par l'État français dans son outre-mer.
Le 19 mars 1962, à midi, un cessez-le-feu met fin à huit ans de guerre en Algérie. Le 8 avril précédent, un référendum a ratifié à plus de 90% la décision du général de Gaulle de donner l'indépendance à l'Algérie.
La veille, à Évian, le gouvernement français a cédé au GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara... Les violences se poursuivent néanmoins après le cessez-le-feu et l'indépendance, effective le 3 juillet. Les Européens quittent le pays dans la confusion.
Un double référendum vient bientôt conforter cette décision. Le 8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à plus de 90% le choix du général de Gaulle. Le 1er juillet 1962, les Algériens se prononcent encore plus massivement pour l'indépendance de leur pays.
L'indépendance devient effective le 3 juillet 1962.
Le 4 juillet, Ahmed Ben Bella s'installe à Alger en qualité de président de la nouvelle république.
Le 5 juillet, l'indépendance est officiellement proclamée.
Pourtant, le cessez-le-feu du 19 mars est loin d'aboutir à un retour au calme immédiat. Les combats et les massacres se prolongent jusqu'au 3 juillet et redoublent même de violence. Leurs principales victimes sont les Pieds noirs et les harkis, touchés par les représailles du FLN (Front de libération nationale). Les luttes entre fractions du FLN pour le pouvoir coûtent font également couler beaucoup de sang.
L'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), créée en 1961 en réaction au «lâchage» de l'Algérie par le général de Gaulle, multiplie les attentats aveugles après le cessez-le-feu. Elle est responsable d'environ 2.400 assassinats de Français et surtout d'Algériens.
Le 26 mars 1962, des tirailleurs algériens de l'armée française font plus de cinquante morts en tirant à Alger sur une foule pacifique de manifestants européens. Ce massacre de la rue d'Isly et celui du 5 juillet 1962, à Oran, accélèrent la fuite desPieds-Noirs et Juifs sépharades vers la France, où ils débarquent avec leurs valises pour seuls biens.
La vie politique française sera longtemps marquée par les séquelles de cette guerre non déclarée, qui a éclaté le 1er novembre 1954 et a mobilisé pas moins de deux millions de jeunes Français du contingent. Elle a fait au total 25.000 tués chez les soldats français, 2.000 morts de la Légion étrangère, un millier de disparus et 1.300 soldats morts des suites de leurs blessures.
Environ 270.000 musulmans algériens sont morts du fait de la guerre, sur une population totale de dix millions d'habitants. Sans parler de 8.000 villages incendiés et 2,1 millions de musulmans déportés dans des camps de regroupement.
L'indépendance accordée à l'Algérie est la dernière étape importante de la liquidation de l'Empire colonial français. En moins de dix ans, de 1954 à 1962, la France s'est séparée de l'Indochine, de l'Afrique noire et de l'Afrique du Nord, colonisées de haute lutte sous la IIIe République.
À la différence du Royaume-Uni, la République française, meurtrie par sa défaite de 1940 et le sentiment d'un irrésistible déclin, n'a émancipé ses colonies que sous la contrainte. La décolonisation de l'Algérie, colonie de peuplement divisée en départements, comme le territoire métropolitain, fut particulièrement douloureuse.