2 Juin 2015
2 juin 1559 : Henri II promulgue l'édit d'Écouen
Le 2 juin 1559, le roi de France Henri II promulgue l'édit d'Écouen en vue de réprimer plus sévèrement l'hérésie calviniste, en rapide expansion dans le royaume. Par cet édit d'un caractère inédit, il ordonne à tous ses sujets d'abattre les huguenots sans autre forme de justice !
L'édit d'Écouen, en violant le droit, marque une rupture par rapport aux persécutions antérieures, qui s'inscrivaient dans un cadre légal, ce qu'exprimera avec force le poète calviniste Agrippa d'Aubigné...
Le 10 juin 1559, Henri II se rend au Parlement de Paris pour tenir un lit de justice en vue de faire enregistrer l'édit. Le conseiller Anne du Bourg, calviniste déclaré, proteste publiquement en pleine séance contre le caractère inique de ce texte. Cela lui vaut d'être arrêté et mis en jugement. Après la mort tragique du roi, le duc François de Guise, conseiller de son successeur, obtiendra sa condamnation à mort et Anne du Bourg sera pendu et brûlé en place de Grève, à Paris, le 23 décembre 1559. Ce sera un prélude aux guerres de religion.
2 juin 1946 : Naissance de la République italienne
Le 2 juin 1946, les Italiens sont convoqués à un référendum pour définir les nouvelles institutions du pays après l'aventure fasciste. Par la même occasion, ils sont appelés à élire une assemblée constituante.
Prenant les devants, le roi Victor-Emmanuel III, qui s'est discrédité en amenant Mussolini au pouvoir, tente de sauver la couronne en abdiquant au profit de son fils Humbert II le 9 mai 1946. Mais ce geste ne suffit pas à réhabiliter la monarchie et les citoyens se prononcent à 54% pour la République. Celle-ci est officiellement instaurée le 18 juin suivant.
L'assemblée constituante qui sort des urnes s'avère dominée par trois partis qui vont dès lors régenter la vie politique italienne pendant le demi-siècle suivant. Il y a d'abord la Démocratie chrétienne (Democrazia cristiana) dirigée par Alcide De Gasperi, qui recueille 35% des voix, puis le parti socialiste de Pietro Nenni (20% des voix) et le parti communiste de Palmiro Togliatti (19%).
Le 2 juin est depuis lors fête nationale chômée en Italie.
2 juin 1793 : Arrestation des Girondins
Le 2 juin 1793, 80.000 Parisiens en colère assiègent l'Assemblée. Le sans-culotte Hanriot, à la tête de la garde nationale, menace les députés de la Convention.
Il réclame la destitution et l'arrestation des députés girondins, que l'on appelle ainsi parce que plusieurs sont originaires du département de la Gironde
Le 2 juin 1793, 80.000 Parisiens en colère assiègent l'assemblée de la Convention. Il s'agit essentiellement de gardes nationaux en armes.
Ils réclament la destitution et l'arrestation des députés girondins, que l'on appelle ainsi parce que plusieurs sont originaires du département de la Gironde. Groupés autour de Brissot et Vergniaud, ils sont de leur vivant plus connus sous le nom de Brissotins.
La Révolution au tournant
Leur crime ?
Après la victoire de Valmy (20 septembre 1792) et l'instauration de la République, les Girondins, adeptes d'un pouvoir décentralisé, auraient souhaité arrêter le cours de la Révolution.
Mais au printemps 1793, une succession de défaites militaires ranime la crainte de l'invasion. Les Vendéens se soulèvent de leur côté pour échapper à la levée en masse. La disette et l'inflation réapparaissent de plus belle.
Au contraire des Girondins, les députés de la Montagne (ainsi appelés parce qu'ils siègent en haut de l'Assemblée) préconisent des mesures draconiennes. Robespierre, leur chef, craint qu'une interruption du processus révolutionnaire n'entraîne une restauration la monarchie.
Les Montagnards font voter une loi sur le cours forcé de l'assignat et ils obtiennent le lancement d'un «emprunt forcé» sur les riches. Ils créent aussi un Tribunal révolutionnaire et un Comité de Salut public.
Paris contre la France
Les Montagnards bénéficient du soutien des sans-culottes parisiens, de la Commune de Paris et du club des Jacobins, ainsi que des bourgeois enrichis par la vente des biens nationaux. Leurs mesures extrêmes leur rallient aussi le mouvement parisien des Enragés de Jacques Roux. Sur les murs de Paris, les révolutionnaires affichent de vibrantes proclamations comme : Unité et indivisibilité de la République. Liberté, égalité, fraternité ou la mort.
Les Girondins, bien que tenant les rênes du gouvernement, sont acculés par les groupes de pression parisiens et impuissants à mobiliser leurs propres partisans, pour la plupart en province.
Ils tentent de faire mettre en accusation Jean-Paul Marat, un agitateur populaire qui sait mieux que quiconque manoeuvrer les sans-culottes des sections parisiennes.
De façon prévisible, celui-ci est acquitté par le Tribunal révolutionnaire qu'il a lui-même fondé. Il fait un retour triomphal à l'assemblée le 24 avril 1793.
Les Girondins mettent alors sur pied, à la Convention, une Commission des Douzechargée d'enquêter sur des pétitions contre eux-mêmes, qui circulent dans les sections parisiennes de sans-culottes.
Les Montagnards tentent une première fois, le 31 mai, d'organiser une insurrection populaire autour de l'Assemblée pour abattre leurs rivaux. Mais l'insurrection n'aboutit qu'à la suppression de la Commission des Douze.
L'insurrection du 2 juin, préparée avec soin par Marat, met en branle les sections parisiennes de sans-culottes et la garde nationale qui encerclent l'assemblée. Comme les députés sortent pour adjurer les manifestants de rentrer dans leurs sections, le sans-culotte Hanriot, à la tête de la garde nationale, menace de faire tirer les canonniers sur eux.
Penauds, les élus s'inclinent. Ils reprennent place dans les travées de l'assemblée et votent la mise en état d'arrestation de 29 des leurs, ainsi que l'exige l'insurrection parisienne. Les Girondins, arrêtés et retenus à leur domicile, s'enfuient et tentent sans succès de soulever les provinces. Mais la plupart seront rattrappés et guillotinés.
Les Montagnards ayant enfin les mains libres, ce sera pendant 13 mois la Terreur. voire la Grande Terreur, sous la dictature du Comité de Salut public, un gouvernement de sept membres dirigé avec autorité par Maximilien de Robespierre.