2 Octobre 2015
Jacques Cartier (1491 - 1557)
Le découvreur du Saint-Laurent
Le futur découvreur du Canada est né à Saint-Malo, au nord de la Bretagne.
Un riche mariage l'élève parmi les notables de la ville et l'abbé du mont Saint-Michel, Jean le Veneur, le présente au roi François 1er. Celui-ci lui demande de découvrir le mythique passage du Nord-Ouest entre Atlantique et Pacifique et finance son expédition.
Il quitte Saint-Malo le 20 avril 1534, avec deux navires et 61 hommes, et prend la direction de la Nouvelle-France. Cette région a été explorée dix ans plus tôt par Verrazano, pour le compte de l'armateur Jean Ango et du roi de France.
Jacques Cartier atteint l'île de Terre-Neuve le 10 mai, après seulement vingt jours de traversée, et poursuit vers l'ouest. Il arrive à l'entrée de ce qu'il croit être un détroit (le fameux passage du Nord-Ouest) mais il s'aperçoit bientôt qu'il ne s'agit que d'un golfe, aussitôt baptisé baie des Chaleurs en raison du climat ambiant.
Remontant vers le nord, il découvre une nouvelle baie et débarque au fond de celle-ci, près d'un village appelé Gaspé, d'un nom indien qui désigne la fin des terres (la Gaspésie est une région magnifique aujourd'hui très prisée des amateurs de nature sauvage).
L'explorateur fait connaissance à Gaspé avec les Indiens du cru, des Iroquois micmacs. Devant leur chef Donnacona, il prend possession de la terre environnante au nom du roi de France ! Là-dessus, il rentre en France avec deux fils du chef auxquels il va enseigner le français afin qu’ils lui servent d'interprètes pour les voyages suivants.
Jacques Cartier remonte le Saint-Laurent (peinture d'imagination de Théodore Gudin, XIXe siècle, musée de Versailles)
Un fleuve au destin prestigieux
Le voyage du retour, rapide, ne dure que 21 jours. Le 5 septembre 1534, Jacques Cartier repose le pied à Saint-Malo et prépare aussitôt une deuxième expédition. C'est ainsi qu'il repart le 19 mai 1535 avec trois navires : la Petite Hermine, l'Émerillon et la Grande Hermine, et les deux fils du chef Iroquois : Taignoagny et Damagaya.
Il atteint le 9 août 1535 l'embouchure du Saint-Laurent, au nord de la baie de Gaspésie. Bercé d'illusions, il croit une nouvelle fois avoir découvert le passage du Nord-Ouest mais se rend compte de son erreur en constatant que l'eau s'adoucit à mesure qu'il remonte vers l'ouest. Il baptise le fleuve d'après le saint du... lendemain, Saint-Laurent. Il baptise aussi le pays du nom de Canada, d'après un mot indien qui désigne un village.
Là-dessus, l'explorateur fait escale au village indien de Stadaconé, où il retrouve le chef Donnacona. À cet emplacement, Samuel de Champlain fondera beaucoup plus tard la ville de Québec.
Enfin, le 2 octobre 1535, il découvre au confluent du fleuve Saint Laurent et de la rivière des Outaouais une grande île qu'il baptise «Monsrealis». Sur l'île est implanté le village huron d'Hochelaga, entouré de champs de maïs (ou «blé d'Inde»). À proximité sera fondée un siècle plus tard la ville de Montréal.
Jacques Cartier s'en revient hiverner à Stadaconé et convainc le chef Donnacona de le suivre en France avec ses deux fils et sept autres compagnons.
Grosse déception
Comme tout son entourage, François 1er est déçu par la maigre moisson de l'explorateur. Mais il savoure la rencontre des dix Indiens. Donnacona lui parle d'un mystérieux royaume de «Saguenay», plein d'or et d'épices.
Le roi presse alors Cartier de repartir pour une troisième expépition et, pour s'assurer de son succès, place à sa tête un courtisan, le sieur Jean-François de La Rocque de Roberval, nommé lieutenant général.
Mais la préparation de l'expédition piétine et Jacques Cartier part finalement sans attendre son supérieur à l'été 1541. Aucun Indien ne l'accompagne, le chef étant mort pendant son séjour en France et les autres ayant fait souche sur place !
À Stadaconé, les Iroquois apprécient modérément l'absence de leurs compatriotes. Toutefois, ils ont bien compris ce qu'attendent les Français et les approvisionnent en beaux minerais que Cartier pense être de l'or et des diamants ! Il revient dès l'année suivante en France, après avoir fait édifier le fort de Charlesbourg-Royal, au confluent du Saint-Laurent et de la rivière du Cap-Rouge. Sur le chemin du retour, il croise à Terre-Neuve Roberval, qui lui intime l'ordre de rester avec lui. Le Malouin n'en a cure et poursuit sa route.
Quel n'est pas son désappointement, en France, quand on lui révèle que ses diamants ne sont rien que de la pyrite de fer («l'or des fous») et du quartz ! Sa mésaventure donne naissance à une expression populaire : «faux comme des diamants du Canada».
NB : le promontoire où s'est établie la ville de Québec, sur le Saint-Laurent, a pris vers 1660 le nom de «cap des diamants» du fait de l'abondance de quartz à cet endroit.
Déçus par les résultats des trois expéditions, l'absence de métaux précieux et l'impossibilité de cultures spéculatives, le roi et la Cour vont dès lors se détourner des aventures coloniales.
Jacques Cartier se retire quant à lui dans son manoir de Limoëlon, près de Saint-Malo. Le sieur de Roberval est rappelé au bout de quelques mois et il faudra attendre Samuel de Champlain pour que soit relancée la colonisation de la Nouvelle-France
7 mai 1642 Naissance de Montréal
Montréal, métropole de l'actuelle province du Québec, est née le 17 mai 1642 sur une grande île située au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la Rivière-des-Prairies.
Une idée de Samuel de Champlain
En 1615, Samuel de Champlain, qui a déjà fondé l'«Abitation de Québec» le 3 juillet 1608, émet l'idée d'un poste sur le fleuve Saint-Laurent en vue de promouvoir la religion catholique parmi les Indiens de la Nouvelle-France... et de développer le commerce de la fourrure.
L'idée est reprise sous le règne de Louis XIII par le baron de Fancamp et Jérôme de la Dauversière, un habitant de La Flèche. Ils songent à une grande île sur le fleuve, à 1500 km à l'intérieur des terres, que l'explorateur Jacques Cartier a repérée un siècle plus tôt, le 2 octobre 1535, et baptisée «Mons realis» (Mont royal en latin). En vue de sa colonisation, ils fondent la «Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France» (le mot sauvage vient du latin salvaticus et désignait à l'époque celui qui habite dans les bois, sans connotation péjorative comme aujourd'hui).
Le 9 mai 1641, deux navires quittent La Rochelle pour la Nouvelle-France (le Québec actuel). La colonie ne compte encore que 400 Français. À bord des navires, une cinquantaine de personnes sous la direction de deux catholiques fervents, le gentilhomme Paul de Chomedey de Maisonneuve et l'infirmière Jeanne Mance.
L'expédition passe l'hiver à Québec et atteint le site de Montréal l'année suivante. Elle débarque près du village huron d'Hochelaga, dont un quartier actuel de Montréal perpétue le nom. L'endroit est aujourd'hui connu sous le nom de «pointe à Callière», et un très beau musée d'archéologie et d'histoire y rappelle l'événement.
Des débuts pénibles
Sitôt arrivés, les colons construisent une clôture. La messe de fondation a lieu le lendemain, dimanche 18 mai 1642. Le nouvel établissement est consacré à la Vierge et prend le nom de Ville-Marie (une dizaine d'années plus tard, il ne sera plus connu que sous le nom de Montréal). Il se dote d'un hôtel-Dieu (hôpital) à l'initiative de Jeanne Mance.
Mais les débuts sont très pénibles et la ville doit se défendre contre les Iroquois, farouches ennemis des Français depuis leur rencontre malheureuse avec Samuel de Champlain. L'arrivée de nouveaux colons permet de fortifier la colonie. En 1647, par décision du gouvernement français, les armateurs sont contraints d'amener un immigrant pour chaque tonne de fret. En 1653, le gouverneur Maisonneuve ramène de France une centaine de soldats pour mieux protéger sa ville. Celle-ci connaît enfin la sérénité avec la Grande Paix de 1701 conclue avec les Indiens.
Montréal devient bientôt la plaque tournante du commerce des fourrures, «l'or de la Nouvelle-France».
Le temps des Anglais
Mais arrive la guerre de Sept Ans... La ville est assiégée par trois armées anglaises et se rend sans combattre le 18 septembre 1760. Comme l'ensemble de la Nouvelle-France, elle passe dès lors à la couronne britannique. Deux siècles après sa naissance, elle compte 45.000 habitants.
Au milieu du XIXe siècle, c'est une cité en pleine expansion, qui tire sa richesse non plus du commerce des fourrures mais de son port fluvial accessible aux navires transatlantiques.
Beaucoup d'immigrants y affluent et le maire de la ville prend acte de cette nouvelle réalité en dotant la ville d'un drapeau qui rappelle la diversité de ses habitants avec la fleur de lys française, la rose anglaise, le chardon écossais et le trèfle irlandais.
Capitale éphémère du Canada
En 1847, Montréal est choisie en raison d'une situation géographique exceptionnelle pour devenir le siège du gouvernement du Haut-Canada (à majorité anglophone) et du Bas-Canada (à majorité francophone).
Mais sa vocation de capitale tourne court après le drame du 25 avril 1849. Ce jour-là, à l'hôtel du Parlement, le gouverneur général du Canada sanctionne (ou entérine) une loi du Premier ministre du Bas-Canada, Louis-Hippolyte-la Fontaine.
Cette loi vise à indemniser les victimes de la répression des rébellions qui se sont produites douze ans plus tôt dans les provinces francophones. Les commerçants anglophones de la ville se soulèvent aussitôt. Ils brûlent la résidence du Premier ministre et surtout l'hôtel du Parlement et sa riche bibliothèque. C'est ainsi qu'en 1857, la reine Victoria choisit Ottawa de préférence à Montréal pour être la capitale du Canada-Uni.
(Aujourd'hui, Montréal conserve la satisfaction d'être la ville la plus vivante du Canada. Mais elle a dû céder à Toronto (4,5 millions d'habitants) la primauté économique.)
Avec 3 millions d'habitants pour l'ensemble de son agglomération, dont une majorité qui ont le français pour langue maternelle, elle reste la deuxième ville francophone du monde après Paris.
Elle s'honore d'un très beau musée des Beaux-Arts et de quatre universités : Concordia, McGill, UQÀM (Université de Québec à Montréal) et la plus réputée de toutes, l'Université de Montréal.
Le site des Jeux Olympiques de 1976 côtoie l'un des principaux jardins botaniques du monde, créé dans les années 1920 par le frère Marie-Victorin, religieux et scientifique. Ce jardin comprend un intéressant «Biodôme» avec reconstitution de milieux tropicaux...
L'île du Saint-Laurent sur laquelle s'est tenue l'exposition universelle de 1967 est quant à elle devenue un grand parc d'attractions.