11 Octobre 2015
11 octobre 1963 : La France pleure Édith Piaf et Jean Cocteau
Le 11 octobre 1963, les Français et les coeurs sensibles de toute la planète pleurent la disparition le même jour de Jean Cocteau, poète touche-à-tout né 74 ans plus tôt, et de la chanteuse Édith Piaf, née 48 ans plus tôt, en 1915, sous le nom de Édith Giovanna Gassion.Le vendredi 11 octobre 1963, s'éteignaient à quelques heures d'intervalle la chanteuse française Édith Piaf (1915-1963), à peine âgée de 48 ans puis, dans sa 74ème année, le poète et académicien Jean Cocteau (1889-1963).
Par cette étrange journée de «double deuil national» qui allait bouleverser la France entière, s'achevait - à la vie à la mort - une longue amitié tissée depuis plus de vingt ans.
Les décès quasi-simultanés - 7 heures du matin pour la «Môme de Paris» puis treize heures pour le «Funambule de tous les Arts» - n'éclipsent en rien l'aura éternelle d'une étoile filante à la voix exceptionnelle et celle d'un astre stellaire aux trop nombreux talents artistiques.
Une disparition prématurée et attendue
Au printemps de cette année 1963, prématurément vieillie, épuisée et malade, c'est très affaiblie qu'Édith Piaf était partie en convalescence dans le sud de la France. Tombée dans le coma en avril 1963, elle meurt au Plascassier, près de Grasse le jeudi 10 octobre 1963.
Mais comme elle avait formulé le désir de mourir à Paris, son corps est ramené secrètement dans la nuit dans son hôtel particulier du boulevard Lannes où son décès d'une hémorragie interne, à l'orée de ses 48 ans, est constaté officiellement le lendemain par le docteur Bernay de Laval (vendredi 11 octobre 1963).
Les obsèques d'Édith Piaf ont lieu à l'église Saint-Honoré d'Eylau. Et c'est devant une foule immense de plus de 40.000 admirateurs, qu'elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise le 14 octobre 1963, en présence de Marlène Dietrich, témoin à son 1er mariage. Depuis lors, elle repose dans la division n°97, avenue transversale n°3, où sa tombe continue d'être fleurie quotidiennement.
«Quand elle est morte... le Poète pleurait»
Dans sa retraite de la Maison du Bailli à Milly-la-Forêt, Jean Cocteau -ménagé par sa cuisinière qui connaît parfaitement la fragilité de son état de santé-, apprend la mort quelques heures plus tôt de sa grande amie Edith Piaf qu'il avait fait débuter au théâtre dans sa pièce «Le Bel Indifférent» (1940). Au même moment, à Paris, nombre d'artistes et de personnalités s'étonnent que l'écrivain et académicien, si proche de la chanteuse défunte, mette autant de temps à témoigner ses souvenirs et à lui rendre hommage.
Peu de personnes savent en réalité que, déjà victime de deux crises cardiaques et trop ému, il vient de déclarer à son proche entourage : «C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette terre.»
Quelques heures après, il s'éteint à son tour sans avoir eu la force d'écrire l'article que le magazine Paris-Match venait de lui commander pour être publié dès le lendemain de cette si pénible journée. Il repose dans la chapelle Saint-Blaise-des-Simples de Milly-la-Forêt, décorée par ses soins (1959).
Trop facile serait de conclure cet hommage croisé en rappelant au lecteur que, dans tous les kiosques de France et des pays francophones, le Parisien Libéré publia le lendemain un gros titre évocateur du départ crépusculaire de la somnambule du grand public et du funambule du Tout-Paris : «La mort d'Édith Piaf a tué Jean Cocteau».
Accordons plutôt à ce dernier le mot de la fin : «Vivre me déroute plus que mourir». Mieux encore, laissons à Édith Piaf celui de fredonner l'hymne à l'amour et à son éternel retour :
«Non, rien de rien / Non, je ne regrette rien / Ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal / Tout ça m'est bien égal / Non, rien de rien / Non, je ne regrette rien / C'est payé, balayé, oublié / Je me fous du passé / Balayés pour toujours / Je repars à zéro Car ma vie / Car mes joies / Aujourd'hui / ça commence avec toi...»