Merci pour cette magnifique mobilisation qui dit tout ce que nous sommes ensemble : la République !
20 Février 2019
Il faut regarder les choses en face. L’antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française. On aimerait penser le contraire, mais c’est un fait. »
« Ça Suffit ! » C’est le cri lancé pour s’unir contre l’antisémitisme. Face à la hausse drastique des actes antisémites en 2018, jeudi 14 février, le Parti Socialiste lançait un appel historique. Un appel à la mobilisation. Un rassemblement transpartisan qui a réuni, mardi 19 février à Paris,15 ministres, 9 secrétaires d’État, des responsables de partis de droite, de gauche et des syndicats.
« Les actes antisémites se sont dramatiquement multipliés au cours de l’année 2018. Ça suffit ! L’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un délit. […] Nous sommes tous concernés. L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs. Il est l’affaire de la Nation toute entière. Nous portons dans le débat public des orientations différentes, mais nous avons en commun la République. Et jamais nous n’accepterons la banalisation de la haine. C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des Français à se réunir dans toutes les villes de France pour dire ensemble : NON, l’antisémitisme, ce n’est pas la France ! »
70 rassemblements se sont également tenus sur tout le territoire. Des dépôts de gerbe de roses blanches seront déposées au nom du Président par les Préfets dans des lieux hautement symboliques, comme les caveaux de Simone Veil, Jean Zay et Jean Moulin au Panthéon, ou encore au Vel’ d’Hiv.
Selon le Ministère de l’Intérieur, on note une hausse de 74% des actes antisémites en France en 2018. Et ce n’est pas l’actualité qui peut démentir ces chiffres douloureux.
Le 10 février, Benjamin Griveaux, Secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, dénonçait « l’antisémitisme le plus crasse ». La vitrine d’un restaurant Bagelstein venait d’être tagué. L’inscription Juden, en jaune, à la bombe, n’était pas sans rappeler les heures sombres de la nuit de Cristal en 1938.
Le lendemain, l’artiste de rue Christian Guémy, alias C215, révélait que ses portraits de Simone Veil avaient été taguées de croix gammées dans les rues de Paris.
Samedi, lors de l’acte XIV, des « gilets jaunes » ont pris à partie le philosophe Alain Finkielkraut, qui, venant de ramener sa belle-mère à son domicile, rentrait chez lui. Il racontait à LCI :
« J’ai été pris à partie de manière très violente par des manifestants qui criaient des choses que j’entendais mal. […] Je dois dire qu’ils avaient vraiment envie d’en découdre. »
La scène est d’une rare violence : « Facho ! rentre chez toi, rentre chez toi en Israël ! », « La France est à nous ! », « Sale race ! », « Barre-toi, sale sioniste de merde ! ». Le philosophe a décidé de ne pas porter plainte mais le parquet de Paris a ouvert une enquête dimanche pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion. »
Mardi 19, le jour-même des manifestations, le cimetière juif du petit village paisible de Quatzenheim a été vandalisé. 96 tombes ont été taguées de croix gammées.
Pour Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée Nationale, il s’agit d’un « acte ignoble », qui « une fois de plus, une fois de trop » vient « souiller notre mémoire collective ». Emmanuel Macron s’est rendu sur place, accompagné du Grand Rabbin de France Haïm Korsia. Il affirme que les coupables seront punis :
« Ceux qui ont fait ça ne sont pas dignes de la République et elle les punira. On prendra des actes, on prendra des lois et on punira. […] Ce n’est pas aux juifs de France de se défendre, c’est à la République. »
Il s’est tenu au Mémorial de la Shoah pendant les manifestations « pour rappeler la morsure dans notre histoire et pour dire ce qu’est la République et rappeler ce qu’est l’antisémitisme, la négation de ce qui est la République et la France. » Le Premier Ministre, Édouard Philippe, appelle quant à lui à « regarder les choses en face » :
« Il faut regarder les choses en face. L’antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française. On aimerait penser le contraire, mais c’est un fait. »
Pour Laurent Wauquiez, il s’agit de « la montée sourde d’un antisémitisme ». Il dénonce sur BFMTV la démission, la lâcheté et le lien entre antisémitisme et islamisme radical.
M.C.
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