1. « Les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus. »
Ces pharisiens, qui vivaient l’observance absolue du Pentateuque et de la tradition orale sous prétexte de fidélité à la Loi transmise à Moïse par Dieu lui-même, multipliaient les obligations en obligeant de simples fidèles, qu’ils regardaient comme ignorants et impurs, à pratiquer leur foi selon des attitudes souvent très formelles. L’Évangile de Marc dénonce cette façon de pratiquer dont le Seigneur se plaint lorsqu’il dit : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mc 7, 6) Ici, ces pharisiens cherchent à tendre des pièges au Christ, ils veulent lui parler et, pour le mettre à l’épreuve, lui demandent un « signe venant du ciel ». Le Seigneur connaît leur mauvaise foi et sait que n’importe quel signe serait nié et tourné en ridicule.
2. « Jésus soupira au plus profond de lui-même (…) »
Pour la seconde fois, Jésus vient de multiplier les pains devant eux. Avant ce miracle, il avait rendu la parole à un sourd-bègue et expulsé un esprit impur qui agitait la petite fille d’une syro-phénicienne.
Jésus soupire en lui-même. Que fallait-il faire de plus pour ouvrir leur intelligence, leur esprit et leur cœur ? Et parlant tout seul, sans s’adresser à personne en particulier, il affirme qu’il ne sera donné aucun signe à cette génération mauvaise et adultère (Cf. Mt 12, 39). Jésus savait que sa mort et sa Résurrection témoigneraient de son identité. L’Évangile de saint Luc parle du « signe de Jonas » (Lc 11, 29-32) Mais là, ils ne recevront même pas ce signe pour qu’ils se convertissent. Leurs cœurs sont tellement satisfaits d’eux-mêmes qu’ils ne percevraient aucun signe. Ce peuple doit passer par cette conversion mais leurs cœurs sont loin de Dieu et restent et resteront fermés à tout appel.
3. « Puis il les quitta, remonta en barque, et il partit vers l’autre rive. »
Ici, le comportement du Sauveur pourrait être comparable à une démission. Mais, lors de ses premiers enseignements, Jésus avait expliqué à ses apôtres qu’il était doux et humble de cœur. Le véritable doux n’est pas celui qui seulement se tait en attendant une occasion meilleure. C’est aussi celui qui sait accepter le temps de Dieu : il est patient.
Cette douceur et cette patience résultent d’une force toute particulière de maîtrise de soi. Jésus sait que le temps de Dieu viendra. Il le sait de façon absolue et sans contestation possible mais l’entêtement des Pharisiens et leur mauvaise foi restent invincibles. Que faire devant cette force du mal ? Cet entêtement, cette certitude de leur part ? Ici, nous voyons que le Seigneur attend le moment de l’homme. Cette patience et cette douceur manifestent sa confiance et sa certitude.