20 Mars 2019
Un cri vers toi
Seigneur, nous voici devant toi, meurtris et désemparés, bien au-delà de ce que nous pouvons exprimer. Tu nous accueilles comme nous sommes, avec notre révolte, notre cœur déchiré et la peine que nous voulons partager avec tous ceux qui pleurent.
Nous savons qu’il y a dans le monde des forces de haine et de division, mais nous voulons affirmer notre refus absolu de ces forces.
Nous voulons affirmer que le combat contre la violence est un combat qui se livre aussi à l’intérieur de chacun de nous.
Donne-nous l’assurance que tout ce qui se perd aujourd’hui dans la nuit ressuscitera demain dans ta lumière
La première lettre de Paul aux chrétiens de Thessalonique est vraiment une lettre d’encouragement, et d’encouragement à l’encouragement mutuel
La première lettre de Paul aux chrétiens de Thessalonique est vraiment une lettre d’encouragement, et d’encouragement à l’encouragement mutuel : « Encouragez-vous les uns les autres », dit Paul. Auparavant au ch 3.7, Paul affirmait avoir été encouragé lui-même par la foi des Thessaloniciens, au milieu de ses épreuves. L’encouragement est donc pour tous : il n’y a pas d’un côté les forts qui n’auraient pas besoin d’encouragement, et de l’autre côté les faibles qui en auraient besoin, nous avons tous besoin d’encouragement, sachant que nous sommes tous faibles d’une manière ou d’une autre, et spécialement en temps d’épreuve. Déjà aux chapitres 2 et 3 de sa lettre Paul évoquait ce qu’on pourrait appeler son ministère d’encouragement : « Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants ; nous vous avons encouragés, réconfortés, adjurés de vous comporter d’une manière digne de Dieu. » (2.11 et 12) ; « Nous vous avons envoyé Timothée, notre frère, collaborateur de Dieu pour la Bonne Nouvelle du Christ, afin de vous affermir et de vous encourager dans l’intérêt de votre foi, pour que personne ne soit ébranlé dans les détresses présentes. » (3.2). Vous avez remarqué que dans ces deux passages le verbe encourager est accompagné d’un autre verbe qui précise son sens : encourager/réconforter, affermir/encourager.
Qu’est-ce que l’encouragement ?
C’est le fait de donner du courage, de l’assurance. C’est une conduite guidée par l’amour, mais chacun sait que c’est aussi le b a-ba de la pédagogie. Les Français sont connus pour être très critiques, y compris les enseignants. Ils font souvent l’inverse de ce que préconise l’apôtre Paul au ch 5.21 de notre lettre : « Examinez toutes choses et retenez ce qui est bon. »… Ils examinent toutes choses et retiennent souvent ce qui est mal pour le critiquer en oubliant ce qui est bien. Et l’on sait que cela a des effets très négatifs : les enfants ont besoin d’être encouragés par leurs parents, par leurs professeurs, comme les employés ont besoin d’être encouragés par leur patron et leurs collègues, comme les chrétiens ont besoin d’être encouragés par leurs frères et sœurs.
Paul encourage les chrétiens, et il les encourage à s’encourager les uns les autres. Evidemment, pour pouvoir s’encourager les uns les autres, il faut d’abord nous apercevoir que nous ne sommes pas tout seuls, mon nombril et moi-même. Le Seigneur dans sa sagesse et son amour a créé l’Eglise ; il met autour de nous des frères et des sœurs pour que nous nous encouragions mutuellement parce que nous ne pourrons jamais progresser tout seuls. « Les uns les autres », dit Paul ; ce n’est pas réservé aux pasteurs d’encourager, mais c’est la vocation de chacun de s’intéresser à son frère, à sa sœur, de discerner ses dons, de l’aider dans ses difficultés et de lui donner des paroles d’encouragement pour qu’il ou elle y puise des forces pour progresser, comme le dit Paul à plusieurs reprises.
Comment Paul encourage-t-il les chrétiens dans ce texte ?
Par des paroles inspirées : « C’est une parole du Seigneur » (verset 15) ; « Encouragez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (verset 18). L’instrument principal d’encouragement pour nous, chrétiens, c’est l’Ecriture, ce sont ces Paroles de la Bible qui nous montrent le chemin, qui nous encouragent nous-mêmes et que nous pouvons offrir à nos frères et sœurs. Cela présuppose que nous nous nourrissons de cette Parole, que nous la prenons au sérieux, que nous nous laissons encourager par elle, et que nous la répandons autour de nous pour que d’autres soient aussi nourris et encouragés.
Paul utilise à deux reprises une expression assez étonnante : « Pour ce qui concerne l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive car vous êtes vous-mêmes instruits par Dieu de façon à vous aimer les uns les autres. Mais nous vous encourageons à progresser encore. » (4.9) ; « Pour ce qui concerne les temps et les moments vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive ; en effet vous savez parfaitement que le jour du Seigneur viendra comme un voleur. » (5.1-2). Paul dit : « vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive », « vous le savez déjà » mais il le rappelle quand même. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas parce qu’on sait quelque chose avec sa tête qu’on l’a intériorisé et qu’on le met en pratique. On a besoin, toute la vie, de lire et de relire l’Ecriture. On sait déjà ? On a déjà lu ce texte vingt fois et plus ? Mais est-ce qu’on le met toujours en pratique ? On n’est jamais arrivé, on a toujours à progresser, on a toujours besoin d’être encouragé ; on a toujours besoin de se répéter les paroles de l’Ecriture qu’on a déjà lues et entendues, car notre mémoire est souvent oublieuse.
Mais cette façon de Paul de répéter : «vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive» est encourageante : en effet, quand il dit : «vous le savez déjà», et même «vous le faites déjà», il veut dire : vous avez déjà commencé à le mettre en pratique, vous avez déjà à votre disposition les moyens d’avancer ; vous pouvez faire appel à l’enseignement que vous avez reçu et, en ce qui concerne l’amour fraternel et l’encouragement, vous avez déjà commencé à le mettre en pratique. Si vous êtes découragés, vous avez en vous-mêmes, grâce à ce que vous avez déjà entendu et déjà commencé de vivre, les moyens de relever la tête. Avec l’aide du Saint-Esprit.
Paul n’use pas là de flatterie ; l’encouragement, c’est la reconnaissance du travail déjà fait pour aider à progresser, comme il le répète. Des chercheurs en pédagogie de l’Université de Columbia ont fait une expérience intéressante : ils ont travaillé avec deux groupes d’élèves à qui ils ont d’abord donné des exercices faciles. Aux premiers ils ont dit : «vous êtes très forts», tandis qu’ils ont félicité les seconds pour l’effort accompli. Quand ils ont proposé des exercices difficiles, les premiers se sont découragés, tandis que les seconds ont persévéré dans l’effort…
Quel est ici le contenu de l’encouragement ?
Après un encouragement à l’amour fraternel, Paul délivre un enseignement sur l’espérance chrétienne et l’attente de la deuxième venue du Christ : « Nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort, afin que vous ne vous attristiez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance.» (verset 13). Suivent des paroles encourageantes où Paul rappelle la résurrection du Christ, gage de notre propre résurrection. Puis il déclare des choses que nous comprendrons mieux le moment venu. Ce que nous comprenons très bien en revanche et qui nourrit notre espérance, qui nous remplit de joie à l’avance, c’est la fin du verset 17 : «ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». L’intention de Paul pour délivrer cet enseignement est explicite : «afin que vous ne vous attristiez pas» : c’est le but même d’une parole d’encouragement, sortir, faire sortir de la tristesse, revenir à la paix et même à la joie.
Comment vivre dans l’attente du retour du Seigneur, dans les épreuves et les difficultés qui le précéderont ? Paul rappelle aux chrétiens de Thessalonique leur identité profonde : «Vous n’êtes pas dans les ténèbres ; vous êtes tous fils de la lumière, fils du jour. Nous n’appartenons pas à la nuit ni aux ténèbres.» (versets 4 et 5). Encore une fois, ils le savent déjà, mais en temps d’épreuve, on a besoin de l’entendre dire à nouveau, de se le dire à nouveau.
Ce rappel est important. Dans les difficultés de la fin des temps, et l’on sait que la fin des temps a commencé avec la venue de Jésus, comme le dit l’auteur de la lettre aux Hébreux (1.2), Paul exhorte les chrétiens à la sobriété, à une vie équilibrée : « veillons et soyons sobres », « nous qui sommes du jour, soyons sobres » (versets 6 et 8). La sobriété ne concerne pas seulement la boisson mais tous les domaines de notre vie. Les excès risquent de nous détourner de l’essentiel.
Paul nous encourage à revêtir l’armure du chrétien, la cuirasse de la foi et de l’amour, le casque de l’espérance du salut. Il rappelle ensuite au verset 9 le fondement de notre foi : l’œuvre de salut du Christ et son but : vivre avec le Christ. Au verset 11, il reprend l’exhortation à l’encouragement mutuel, «encouragez-vous mutuellement et contribuez à la construction de l’autre», «comme vous le faites déjà». Cette dernière expression « contribuez à la construction de l’autre » est impressionnante, elle nous montre notre responsabilité de frère et de sœur. Mais Paul ne le dit pas de manière décourageante, au contraire, puisqu’il dit à nouveau : « vous le faites déjà ».
Est-ce que nos paroles et nos attitudes sont des paroles, des attitudes qui construisent, qui édifient dans la vérité, qui relèvent, qui nous aident à lever ensemble nos yeux vers Jésus ? Est-ce que nous reconnaissons le travail déjà fait ? L’encouragement, ce n’est pas un truc, ce n’est pas une pose, c’est l’expression de l’amour.
Que cette méditation nous encourage, qu’elle nous encourage à nous encourager mutuellement pour la gloire de Dieu.
Copyright : Isabelle Olekhnovitch