1. Dans l’Évangile de saint Matthieu, la première apparition de Jésus ressuscité a lieu devant les deux femmes qui étaient venues tôt le matin rendre visite au sépulcre, Marie de Magdala et « l’autre Marie ». Celles-ci sont encore sous le choc du tremblement de terre, de la splendeur aveuglante de l’ange et, surtout, de l’incroyable message qu’il leur a donné : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité ». Les yeux et les oreilles encore tout emplis de cette nouvelle inattendue, elles prennent maintenant en courant le chemin du retour vers la ville pour porter le message aux disciples. Et c’est là que, tout d’un coup, Jésus vient à leur rencontre. Elles ne savent pas d’où il vient, elles ne l’ont pas vu arriver. C’est comme s’il sortait de nulle part. Et pourtant, c’est bien lui, juste là, à quelques mètres de distance.
C’est souvent à l’improviste que le Seigneur intervient dans la vie de ceux à qui il veut se révéler. L’appel d’Abraham, la rencontre avec Moïse dans le buisson ardent, l’annonce de l’ange à Zacharie, puis à Marie : toutes ces irruptions divines sont arrivées au moment où l’on s’y attendait le moins. C’est aussi de la même façon que le Seigneur peut venir à ma rencontre. « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. » (Ap 3, 20) Seigneur, je t’en prie, aide-moi à reconnaître le temps de ta visite !
2. En voyant Jésus venir à leur rencontre, les femmes n’hésitent pas une seconde. Elles s’approchent de lui, lui saisissent les pieds et se prosternent devant lui. La crainte que leur inspirait l’ange a disparu. Elles ne pensent même plus à l’angoisse qui envahissait leur cœur depuis l’heure funèbre de la croix. La présence du Christ fait disparaître toute préoccupation. Elle ne laisse que l’amour et la foi : l’amour qui pousse les femmes vers Jésus, la foi qui les jette à terre pour adorer. Peut-être résonnent encore dans leur mémoire les paroles prononcées il y a quelques heures à peine au pied de la croix par le centurion : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! » Oui, c’est le Fils du Dieu vivant qui est en face d’elles.
Moi aussi, je veux t’adorer, Seigneur ressuscité ! Que ta présence à mes côtés dissipe toute peur et toute angoisse ! Si tu es avec moi, qui sera contre moi (Cf. Rm 8, 31) ? En ta présence, je n’ai rien à craindre. Même la mort est vaincue, même l’outre-tombe a perdu son regard menaçant. Seigneur ressuscité, fais-moi vivre en ta présence !
3. La deuxième partie de l’Évangile me fait changer radicalement de scène. Je ne suis plus sur le chemin du sépulcre, mais en plein cœur de la ville, chez les grands prêtres et les anciens. Prévenus par les gardes, ceux-ci décident de faire courir la rumeur que les disciples ont volé le cadavre de Jésus pendant la nuit. Et en guise d’argument pour convaincre les soldats de répandre cette version des faits, une somme d’argent fera l’affaire. Ce qui est bizarre dans cette histoire, c’est que les grands prêtres et les anciens ne doutent pas une seconde du miracle qu’ils s’empressent de camoufler. Ils n’hésitent pas à croire le récit des soldats, l’apparition de l’ange et le sépulcre vide. Comme s’ils s’y attendaient. Ils sont tellement convaincus de l’évidence de la Résurrection qu’ils cherchent désespérément une imposture pour dissimuler le miracle.
Pourquoi les grands prêtres s’acharnent-ils tellement à refuser de croire ? Parce que la Résurrection les dérange. Si le Christ est vraiment ressuscité, ils savent qu’ils doivent changer de vie, renoncer à leurs traditions bien commodes, remettre en question leur façon de vivre. Et moi ? Suis-je prêt à accepter la Résurrection ? Suis-je prêt à me laisser bousculer par le Dieu vivant ?