Au Vietnam, un homme et sa mère de 90 ans ont été chassés de leur village par leur famille parce qu'ils se sont convertis au christianisme.
La grand-mère, âgée de 90 ans, a trouvé refuge dans l'église d'un autre village, mais son fils Vinh doit vivre désormais dans la forêt. Au Vietnam, leur propre famille les a battus et chassés parce qu'ils s'étaient convertis au christianisme.
Chassés dans la forêt
En 2018, Vinh (pseudonyme), qui vit au Nord du Vietnam, est devenu chrétien. Plusieurs semaines plus tard, sa mère, Ngoc (pseudonyme), prend la même décision. À l’annonce de leur conversion, la femme et les enfants de Vinh (57 ans) les ont violemment rejetés.
La femme et les enfants de Vinh ont prévenu leurs voisins:
«Si vous les accueillez, nous viendrons les battre et nous vous dénoncerons aux autorités!»
Personne n’avait encore accueilli les convertis, mais leur famille les ont quand même battus en les chassant dans la forêt.
Blessée à la jambe par ses petits-enfants
Ngoc, qui est âgée de 90 ans, a été gravement blessée à la jambe. Aujourd'hui elle boite encore. Elle a été accueillie par une église dans un autre village. Vinh loge actuellement dans une tente de fortune dans la forêt. Les chrétiens de l'autre village ne l'ont pas accueilli par crainte de représailles. Ils lui apportent de la nourriture depuis l'an dernier.
À la mi-mars 2019, il s'est rendu dans une ville voisine pour obtenir un certificat de baptême. Quand il est revenu avec et l'a présenté aux autorités locales, voici ce qu'on lui a répondu: «Nous ne reconnaissons pas ce document parce qu'il n'a aucune valeur pour nous!»
Pourquoi une telle opposition des proches?
Au Vietnam, la persécution la plus importante contre les chrétiens est celle imposée par le gouvernement communiste qui persécute la minorité chrétienne par des lois (la plus récente loi sur la religion étant entrée en vigueur le 1er janvier 2018). L’activité chrétienne est surveillée, car l’État est méfiant à l’égard de cette communauté grandissante. Ces dernières années, il a resserré l’étau autour des chrétiens, en restreignant leur liberté d’expression ou de rassemblement.
Près de 80% des croyants protestants sont issus des minorités indigènes vietnamiennes vivant dans les zones reculées du Centre et du Nord du pays telles que les Hmong. Ces minorités sont plus durement persécutés car leurs proches pensent qu’ils renient leurs croyances ancestrales. Ils sont alors considérés comme des traîtres à leur culture et à leur identité.
Un peu d'histoire chrétienne
L'aventure des assyriens, premiers chrétiens d'Asie Principale confession chrétienne d'Irak, l'Église chaldéenne est, avec l'Église assyrienne, l'héritière de la grande Église d'Orient qui poussa ses missionnaires jusqu'en Inde et en Chine, un millénaire avant le jésuite italien Mattéo Ricci. Un article paru dans "La Croix" du 9 avril 2003
Quatre-vingt millions de fidèles en 250 diocèses, répartis de l'actuelle Turquie jusqu'en Inde et en Chine ! Telle était, au temps de sa splendeur, l'Église d'Orient, dite « nestorienne ». Plus importante, alors, que celles de Rome et de Byzance réunies... Héritiers de cette prestigieuse aventure du christianisme, restent aujourd'hui près de trois millions de chrétiens de cette tradition, assyriens-orthodoxes et chaldéens-catholiques, dont une bonne partie vivent en Irak. Selon la tradition, ce sont les apôtres Thomas et Thaddée eux-mêmes qui auraient évangélisé la Mésopotamie. En 37, Thaddée aurait été le premier évêque de Séleucie-Ctésiphon, capitale des Parthes, près de l'actuelle Bagdad, tandis que Thomas partait vers l'Inde. Ce qui est absolument certain, en revanche, c'est que, dès la fin du Ier siècle, des missionnaires venus de Palestine ou d'Antioche se sont implantés à l'ouest de l'empire parthe, auprès de communautés juives de Babylonie et des populations araméennes de Haute-Mésopotamie. Celles-ci, qui parlent l'araméen occidental, ou soureth, se veulent des descendants des Assyriens, d'où le nom d'« assyriennes » encore attaché à leurs Églises. Mais parce qu'ils sont perçus comme dépendants de Byzance, les chrétiens de Perse suscitent la méfiance croissante des Parthes, puis des Perses Sassanides qui s'emparent de la Mésopotamie à partir de 266. Dès le IVe siècle, l'Église d'Orient est ainsi victime de violentes persécutions. Au point qu'en 424, un synode décide de proclamer l'indépendance de l'Église de Perse vis-à-vis d'Antioche et confère le titre de catholicos ? ou patriarche ? à l'évêque de Séleucie-Ctésiphon : « C'est lui qui est Pierre parmi nous », affirment alors les évêques de Perse.
Des chrétiens qui ont vécu sans l'influence romano-hellénique
« De tous les chrétiens, ils sont les seuls à vivre en dehors de l'empire et de l'influence culturelle romano-hellénique, ce qui leur a permis de développer un patrimoine proprement oriental », écrit le spécialiste des chrétiens d'Orient Jean-Pierre Valognes. Alors que l'hellénisme triomphe à Alexandrie et rivalise avec la culture syriaque à Antioche, un christianisme purement araméen s'épanouit à l'est de l'Euphrate. Il comporte une liturgie spécifique, mais également une littérature sacrée, des écoles de théologie, de traduction et d'exégèse, dont la caractéristique principale est d'échapper très largement au rationalisme grec et à une approche trop abstraite des problèmes religieux » (1). Avec son école théologique située d'abord à Nisibe (aujourd'hui la Nusaybin turque, aux confins de l'Irak et de la Syrie), puis à Urfa (aujourd'hui Édesse, en Turquie), l'école théologique persane rayonnera avec des figures comme Théodore de Mopsueste (352-428), condisciple de Jean Chrysostome. Elle apparaît ainsi comme la première Église spécifiquement asiatique.
L'Église de Perse connaît une expansion au Ve siècle
Mais de ce particularisme va naître une querelle théologique, à partir du moment où l'Église de Perse accueille avec bienveillance la doctrine de l'archevêque Nestorius de Constantinople (lire ci-dessous). Ses thèses, « qui insistent sur la dimension humaine du Christ, parlent davantage aux esprits orientaux que les conceptions transcendantales de saint Cyrille, d'ailleurs déconcertés par l'abstraction de la controverse dont la langue syriaque ne peut vraiment rendre compte », note Jean-Pierre Valognes. En 484, l'Église de Perse rejette en effet officiellement les thèses du concile d'Éphèse de 431. Cela lui vaudra longtemps le qualificatif d'« Église nestorienne », qu'elle récuse : si elle reconnaît l'enseignement de Nestorius, c'est bien Théodore de Mopsueste qui demeure le grand docteur de l'Église assyrienne. La rupture avec Byzance va toutefois permettre à l'Église d'Orient de connaître une paix relative, à la base d'un grand développement. Profitant des routes commerciales qui s'ouvrent depuis le golfe Persique, elle gagne à son influence l'Église d'Inde, où des chrétiens sont présents sur la côte des Malabars depuis les premières persécutions en Perse.
Les missionnaires nestoriens arrêtés en Chine au IXe siècle
La conquête musulmane, à partir du VIIe siècle, va toutefois mettre un premier coup d'arrêt à cette expansion, de nombreux chrétiens se convertissant à l'islam. Mais à partir du moment où les Abbassides s'installent à Bagdad, les nestoriens seront mieux traités. Considérés comme plus proches de l'islam ? qui honore le Christ comme prophète et Marie comme la mère d'un homme ? que les autres chrétiens, ils gagnent en influence dans l'entourage des califes. Ainsi, en 780, le patriarche quitte Séleucie- Ctésiphon pour Bagdad. Ce sera alors l'époque des grandes aventures missionnaires nestoriennes. Par la route maritime qui court le long du golfe persique et de l'Inde, ils atteindront la Birmanie et la Thaïlande. Par la route de la soie à travers le Turkestan et le Tibet, le moine Alopen rejoint la Chine des Tang en 635 ? soit près de 1 000 ans avant le jésuite italien Mattéo Ricci ! Retrouvée au XVIIe siècle, la stèle de Xian rappelle comment l'empereur Taizong autorisa le culte chrétien dans l'empire du Milieu. Confronté au taoïsme et au bouddhisme, le christianisme développera en Chine une pensée largement inculturée. Mais en 845, la Chine se referme brusquement, et tous les cultes étrangers sont bannis. En 980, une mission du patriarche de Bagdad constate l'extinction du christianisme en Chine. Les nestoriens y reviendront toutefois au XIIIe siècle, dans les bagages des Mongols chez qui certains d'entre eux avaient trouvé refuge. Ils se feront ainsi une certaine place dans l'empire de Kubilaï Khan. En Perse, c'est un autre Mongol, Tamerlan, qui causera la perte de l'Église nestorienne au début du XVe siècle. Et c'est dans les montagnes du Kurdistan que les derniers fidèles trouveront refuge.
Exil et répression marquent l'après-Empire ottoman
En 1553, en réaction à un patriarcat devenu héréditaire, des évêques se tournent vers Rome. Le Pape Jules III sacrera un patriarche catholique d'une Église désormais désignée sous le nom de « chaldéenne », issue de l'Église assyrienne et unie à Rome. Celui-ci sera rapidement assassiné par les assyriens et, dès le XVIIe siècle, un de ses successeurs rompra avec Rome. Les chaldéens réussiront pourtant à se maintenir, notamment autour de Diyarbakir et de Mossoul, jusqu'au début du XIXe siècle. À cette époque, un patriarche de la lignée un patriarche de la lignée assyrienne « héréditaire » se ralliera à son tour à Rome avec les évêchés les plus importants. À la fin de la période ottomane, les communautés assyriennes et chaldéennes seront emportées dans la tourmente qui balaye l'empire. Lors de la Première Guerre mondiale, écoutant les promesses russes et anglaises d'un État indépendant, les chrétiens assyriens se révoltent contre les Turcs. Le résultat en sera une violente répression et un exode massif vers l'Irak et l'Iran. Quant à ceux que les traités d'aprèsguerre auront placés sous souveraineté irakienne, ils se révolteront à leur tour en 1933, et le paieront d'un nouvel exode, cette fois-ci vers la Syrie, tandis que leur patriarche se réfugiera d'abord à Chypre, puis en Grande-Bretagne et enfin à Chicago. Plus prudents, les catholiques de rite chaldéen se rallieront à l'État irakien : descendant des montagnes, leur siège patriarcal sera transféré à Bagdad, portant le titre de Babylone et donnant à l'Église chaldéenne l'image d'une Église nationale. Au risque, pour une partie de sa hiérarchie, de sombrer dans une certaine compromission avec le pouvoir, notamment sous le régime de Saddam Hussein.