18 Mai 2019
1
Les Basileus
⦁ Ryan ! Prince-est-il prêt ?
⦁ Oui, Monsieur David.
⦁ Vient Badou, nous allons faire notre petite promenade.
⦁ Wooaf, Wooaf !
Répond joyeusement le brave bouvier noir et blanc au poil long. La queue fouette l’air en tournoyant.
David vient au manoir familial un week-end sur deux. Ses parents vivent au milieu de la campagne vallonnée non loin de la mer, en Normandie. Le manoir ancestral se dresse fièrement. Comme chaque jour, la vie du manoir est une vraie fourmilière. Christine et Bernadette s’activent dans la cuisine. La joie est dans l’air du jour.
Christine aime raconter à Bernadette, la soubrette nouvellement arrivée, les souvenirs de son petit protégé, son cher Monsieur David. Devant le regard de la jeune fille, Christine s’élance :
⦁ Monsieur David est venu au monde, à la suite du remariage de Madame avec Monsieur louis.
Elle s’arrête, quelques instants, le regard dans le vague et reprend :
⦁ Monsieur Basileus est veuf. Son épouse précédente est décédée à la suite d’une longue maladie.
Elle s’exprime en soupirant et ajoute ;
⦁ Madame Olga a perdu son mari dans un accident de voiture. C’était un grand Monsieur.
Dit-elle en soupirant une nouvelle fois ; elle secoue la tête de droite à gauche et de gauche à droite, après hésitation elle poursuit :
⦁ Monsieur Pierre de Courtois de la Boiserie, était le propriétaire de ce manoir ancestral. Il était le vingtième baron de sa lignée.
⦁ Ouah !
S’exclame Bernadette subjuguée, à cette affirmation.
⦁ Maintenant, à qui est cette propriété ?
⦁ à Mademoiselle Clémence.
⦁ Pardonner-moi Christine, mais à ce que je vois, cela fait une éternité que vous êtes au service des Basileus.
Remarque Bernadette. Christine reprend sans sourciller.
⦁ Depuis sa naissance Monsieur David m’a été confié, j’étais sa nurse. Pour lui, je suis secrètement sa Nan. Je remplace une vieille grand-mère qu’il aurait aimé avoir. Malheureusement, Madame Olga est orpheline.
Dit tristement cette bonne Christine.
⦁ Oh ! la pauvre Madame ! S’esclaffe Bernadette.
⦁ C’était une riche héritière, beaucoup l’ont courtisée pour son argent semble-t-il.
Continue sans sourciller Christine.
⦁ C’est toujours ainsi, l’argent attire toujours de mauvaises gens.
Conclut Bernadette. Christine reprend son récit sans se départir.
⦁ Madame, a épousé un jeune homme de bonne famille, seulement, il a été appelé en réserviste pour l’Algérie. Il sortait du cadre noir. Malheureusement, il a été tué dans un guet-apens. M’a-t-on dit.
⦁ Pauvre Madame ! Soupire Bernadette d’un air apitoyé.
⦁ Madame est fière. Elle ne doit pas savoir, que je vous ai fait un résumé sur son passé. Ceci vous permettra de mieux comprendre Madame.
Un silence pesant pèse, malgré tout Bernadette reprend.
⦁ Qui est ce jeune homme, qui a reçu des ordres de Monsieur David ?
⦁ C’est Ryan, mon polisson de garçon. Il est jaloux de Monsieur David. Cela n’empêche pas que Monsieur David et Ryan s’aiment comme des frères. J’ai élevé Monsieur David depuis sa naissance. C’était un sacré garnement, inventif et plein de vie. Savez-vous, qu’il ramenait toutes sortes d’animaux blessés qu’il trouvait. Il me mettait aux cent coups !
Elle rit en se souvenant de certaines scènes.
⦁ Pourquoi riez-vous Christine ? S’étonne Bernadette.
⦁ Mais il me les amenait dégoulinants de sang à moitié mort ! l’horreur vous dis-je ! Mais lui, il voulait les soigner, et quand il parvenait à les guérir, c’était la fête.
⦁ Et quand, ils mourraient que faisait Monsieur ?
Interroge Bernadette intriguée.
⦁ Eh bien ! il leur faisait un bel enterrement avec une prière de Saint-François-d ‘Assise. Lorsque vous aurez du temps, allez voir derrière le pré des chevaux, vous verrez, toutes sortes de tombes. Ce sont tous les corps qu’il n’avait pas pu sauver.
Bernadette intriguée s’enquit
⦁ Monsieur et Madame que disaient-ils ?
⦁ Ils payaient le vétérinaire en haussant les épaules sans mot dire.
Lui répond la brave Christine.
⦁ Pourquoi êtes-vous à la cuisine maintenant ? Il n’y avait personne d’autres avant vous?
S’informe Bernadette.
⦁ Depuis le départ de David pour la Fac, j’ai remplacé Gladys, l’ancienne cuisinière partie à la retraite.
Devant l’étonnement de Bernadette, Christine ajoute de nouveaux renseignements.
⦁ Gladys est restée au service de Monsieur et Madame Basileus jusqu’après l’adolescence du gamin. Ayant plus de temps, Madame m’a demandé de seconder la cuisinière en raison de son âge. C’est ainsi, quand Monsieur David est rentré en Fac à Rouen, j’ai remplacé Gladys.
Bernadette toujours dans l’étonnement continue ses questions.
⦁ Cela ne vous a rien fait de changer de profession ?
⦁ Oh ! non ! j’ai la passion de la cuisine ! Autrefois, dès que je le pouvais, mon fils Ryan dans les jambes, je rejoignais Gladys, la vieille cuisinière de de la famille. Ryan a huit ans de plus que Monsieur David. De cette manière, je connaissais toutes les habitudes de la famille en matière de repas et d’accueil. Gladys m’a tout appris du métier. Pour nous les gens de maison c’est une promotion.
⦁ « Maintenant, il y a des écoles pour les gens de maison » Dit étourdiment Bernadette.
⦁ Vous avez été dans l’une de ces écoles Bernadette ?
⦁ Non madame Christine, Madame m’a reçue et expliqué quelle sera ma charge. Elle m’a assurée que vous m’apprendriez à servir la famille.
⦁ C’est comme moi, quand Madame m’a engagée, c’était mon premier emploi. On m’a tout appris du métier… C’est ainsi dans cette maison, lui assure Christine. Après un long silence elle reprend.
⦁ Quand vient Monsieur David, j’ai plaisir de l’aider. Je lui prépare son petit déjeuner préféré, des crêpes à la confiture des fruits du verger familial. à ces occasions Ryan est heureux de revoir Monsieur David.
Intriguée Bernadette demande
⦁ Que fait Ryan, maintenant. si cela n’est pas indiscret ? Demande Bernadette curieuse comme une fouine. Christine répond rapidement, trop heureuse de parler de son fils.
⦁ Ryan est maintenant jardinier à la Mairie, et il est palefrenier quelques heures par jour ici à la Manadière. Pendant les vacances et les week-ends, il prend son petit déjeuner dans la cuisine avec Jérôme son fils. Il est divorcé et ne voit son enfant qu’un week-end sur deux. Après son divorce, Ryan est revenu vivre avec moi, ici.
Intéressée Bernadette interroge à nouveau.
⦁ Madame accepte cette situation ? Dans quelle chambre loge-t-il ici ?
⦁ Mon problème, Ryan très souvent boude, pendant le séjour de Monsieur David. Néanmoins, il prend soin depuis son adolescence, d’Espérance la jument de Madame Olga et Bouton d’or le cheval de Monsieur Louis. Mon fils aime particulièrement Prince le cheval bai de Monsieur David.
Elle réfléchit un moment, enfin elle se décide, et lâche ce qui lui brulait les lèvres.
⦁ Malgré son âge, Ryan flanqué du petit Monsieur, a assisté le vétérinaire lors de la naissance de Prince. Ce fut le coup de foudre, entre Prince et le jeune David. Monsieur et Madame durent céder à la volonté devant les exigences et les espiègleries de leur fils chéri. Monsieur David était déjà, tout acquit à la cause animale.
⦁ Maintenant je comprends pourquoi vous rester au service de cette famille. Ici, c’est comme une famille à ce que je comprends. Remarque Bernadette
⦁ Vous avez tout compris, bienvenue parmi nous Bernadette. Lâche Christine joyeusement.