27 Mai 2019
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Pascal Telavi à Paris
À La Réunion, à Tampon précisément, naquit Pascal. Un bébé basané, rieur et joufflu. À ce jour, il est devenu, un beau jeune homme fougueux et déterminé. Cette grande île française, anciennement dénommée l’île Bourbon baigne sous le soleil, une grande partie de l’année. Elle l’a bercé jusqu’à ses vingt ans.
Tampon est une ville moyenne du canton de Saint-Pierre, a été son vivier éducatif pour ses jeux, sa peinture et ses derniers dessins. Les filles et son amour de la nature, il les a reçus de son île.
En cette matinale de mai, pour la première fois, il va prendre l’avion. Il se sent heureux, avec ce sentiment de je ne sais quoi…de crainte probablement. Il est au tournant de sa vie future. Il se doit quitter l’île, sa famille, pour une destination lointaine, pour ne revenir que l’an prochain pour les vacances. Néanmoins, il monte allégrement dans l’avion. La famille l’a accompagné et reste jusqu’au départ de l’avion. Elle ne retourne chez elle, que lorsque n’est appareil n’est plus en vue.
Le cœur de Pascal est lourd, et pourtant, une flamme d’espoir l’anime. Une joie non-défini est probablement liée au bonheur de découvrir la Capitale de la France et aussi….son premier emploi. Il a sa convocation suite à sa réussite à ce concourt en ligne, avec les conditions d’embauche. Il est le troisième sur les six places en vues. Il a ces documents dans son porte-document, qu’il serre précieusement sous son bras. Il s’installe confortablement dans son siège. Paris…, Paris…oui Paris…, il en rêve depuis son enfance. Lorsqu’il a découvert l’annonce sur internet, il a foncé à pied joint.
L’avion de Pascal décolle pour Paris. Son oppression s’éloigne au fur et à mesure que les nuages matinaux blanchissent à travers le hublot. Dès cet instant, il se laisse aller dans la rêverie. Les cartes postales de sa chambre défilent au fond de sa mémoire, elles avancent, dansent au rythme de son imaginaire. Paris illuminé avec ses ponts est au fond de son écran noir, le Sacré-Cœur, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe….aller vivre en métropole ! Le rêve de toute sa vie d’adolescent. Après le repas, qu’il avale plus qu’il ne l’apprécie, il s’endort.
L’hôtesse souriante le réveille
⦁ Monsieur, nous sommes arrivés.
Pascal sursaute. D’un bond, il prend son bagage à main et sort de l’avion.
Ce mois de mai arrive avec Pascal. Paris est souriant. Il grelotte. Sur les cartes postales affichées dans sa chambre, ne lui ont pas parlé de la fraîcheur parisienne. Pas de chance cette année, il fait plus frais que d’habitude. Pourtant le ciel est bleu, mais il a pour compagnons des nuages gris. Ceci est sa première surprise. Il a retenu une chambre d’hôtel près de Montmartre. Ce n’est pas comme sur les cartes postales, ni dans les publicités sur le web. Il retrouve bien les peintres légendaires sur la place, mais la population qui y gravite est différente à ce qu’il avait imaginé. Il prend vite la décision de chercher une chambre meublée, pour des raisons d’économie principalement. Son désir de connaître Paris, de s’imprégner de la vie parisienne le motive. Avec un logement moins cher, il pourra visiter la ville en attendant le trente juin.
Ce jour-là il rencontrera son patron, son premier employeur. Il en est heureux et pourtant stressé.
Après avoir fait le tour des agences, les annonces du Particulier à Particulier, un propriétaire lui propose une collocation pour deux mois. Il en est tout heureux, cela va lui permettre de se projeter un peu plus loin. Il a rendez-vous dans une agence, et là, il apprend.
⦁ Vous avez de la chance de trouver si rapidement un appartement, même en collocation !
Pascal n’en revient pas. Le fait d’être en collocation, me permet non seulement de moins dépenser, mais je ne serai pas seul. Pense-t-il.
Il découvre la vie en totale liberté, avec ce que cela engendre : la responsabilité de sa vie. Il croyait qu’à Paris tout est facile. Il n’en est rien ! Ses économies vont fondre rapidement.
⦁ Pascal trouve une chambre
Le représentant de l’agence, accompagne Pascal à l’appartement. Ils sont accueillis par un colocataire. Celui-ci, les accueille et ils visitent l’appartement. Le jeune homme lui est précise, qu’ils seront cinq lui compris, si la chambre lui convient.
Après une visite rapide, Pascal accepte ce provisoire, et prend rendez-vous pour le lendemain matin à neuf heures. À l’heure prévue, Pascal arrive avec ses bagages. La porte s’ouvre sur l’un de ses futurs compagnons.
⦁ Monsieur ?...
Lui demande le jeune homme souriant
⦁ Monsieur Telavi Pascal
⦁ Vous êtes le jeune homme, que je dois accueillir. Bienvenue parmi nous.
Formule le jeune homme heureux de trouver ce nouveau venu à sa convenance. Il lui annonce :
⦁ L’appartement est partagé en deux parties. La première composante est la partie commune : l’entrée, le séjour et une cuisine pour les repas en commun, ainsi que la salle de bain. La seconde partie ce sont les chambres individuelles. Elles sont identiques, chacun la personnalise selon son inclination.
Pascal est toujours subjugué par cet appartement immense. En passant devant les chambres, le jeune homme nomme chacune d’entre-elles en précisant :
⦁ Les noms des occupants est sur chaque porte
Commente le jeune homme et il continue :
⦁ La chambre A, est celle d’Élodie. Elle est étudiante aux beaux-arts. Sympa légèrement excentrique
Ils s’arrêtent à la suivante.
⦁ La chambre B, ici Stéphane fait des apparitions, il joue à la comédie Française. Il ajoute en chuchotant moqueur
⦁ Il n’est que figurant ! et parfois remplace le souffleur ! La chambre C, nous y reviendront tout à l’heure, c’est la mienne.
Ils passent devant la lettre D, il n’y a pas de nom, la suivante porte la lettre E.
⦁ Je te présente la chambre de Françoise. Notre chef et propriétaire de cet appartement. C’est une femme super, même si parfois, elle se fait autoritaire. Elle n’est pas de notre âge. C’est une vieille fille, comme on a coutume de dire, de quarante-huit ans. Elle est secrétaire de direction dans une grande société d’assurance. Elle s’absente souvent. Lorsqu’elle est là, elle rentre tard. Elle tutoie tout le monde, c’est sa manière de se défouler.
En voyant le regard interrogatif de Pascal, il ajoute :
⦁ Ainsi, elle n’est pas seule, son appartement est toujours occupé. Les voleurs sont écartés. Il y a trop de va-et-vient à des heures irrégulières. De cette manière, ils sont découragés. C’est ce qu’elle pense. Si cela devait arriver malheureusement, il ne peut provenir, que de la complicité d’un locataire. Ainsi, elle nous responsabilise. C’est aussi l’explication de ce loyer dérisoire pour Paris et surtout pour ce quartier. En fait nous ne payons que les charges. C’est sa manière à elle, d’aider les jeunes artistes qui veulent s’en sortir.
Ils font demi-tour et s’arrête devant la porte D
⦁ Entre Pascal, au fait, je me présente, je suis Jean
Il précise
⦁ Ici c’est ta chambre
Il ajoute
⦁ Voici tes clefs, va prendre tes affaires à l’entrée et installe-toi.
C’est ainsi, que Pascal découvre son nouvel univers. Jean après l’avoir aidé au déplacement des bagages, reste quelques instants devant la porte, et après une hésitation invite Pascal.
⦁ Ma chambre est la porte C comme je te l’ai dit. Tu peux m’y rejoindre dès que tu seras installé.
⦁ Merci Jean. Oui je te rejoins dès que j’ai terminé.
Ce cher Pascal est sur un nuage, heureux comme un poisson dans l’eau. Il ne prend pas le temps de s’interroger. Il doit s’installer et faire son lit. D’habitude, c’est sa mère, qui s’occupait de sa chambre.
Bou hou ! J’ai intérêt à m’y mettre rapidement. se dit-il. Pour commencer inspectons la chambre. Mon coin ! Mon chez moi ! Il me faut faire vite, pour rejoindre Jean. Pense-t-il.
Dans son entrée, le placard mural est un vestiaire. En face, une mini kitchenette rudimentaire blanche. C’est-à-dire, un évier et son égouttoir, suivi d’une plaque chauffante au-dessus d’un mini réfrigérateur. Une petite micro-onde, un mini congélateur posé sur un placard à casserole et poêle complète la kitchenette. Au-dessus, il ouvre les portes du placard. Il y trouve des assiettes, des verres, des tasses (trois de chaque) un tiroir sous les portes l’intrigue, se sont cuillères et fourchettes. Comme pour le haut du placard, une place libre, pour mettre ses aliments. Il découvre dans son coin cuisine, l’emplacement prévu pour six bouteilles. Il continue sa visite, il glisse la seule porte entre chambre et entrée. Dans un pan de mur de la chambre est encastré un ensemble placard-bureau Il occupe la largeur de la chambre, en continu avec la porte pliante. En haut de ce mobilier, trois portes de cinquante centimètres avec une étagère déplaçable ! En dessous deux étagères fixes pour ses livres, dossiers, et autres. Un bureau comptoir, avec caissons et tiroirs termine le mur ce pan de mur. Les aménagements de la chambre sont en pin verni. Un fauteuil de bureau rouge en complète l’ensemble, les murs sont unis et blancs.
Sa chambre autrement dit, est si minuscule, que c’est presque un cagibi. Néanmoins, elle comporte une petite fenêtre sur les toits de Paris. Il n’y a qu’un lit étroit soixante-six centimètres, avec trois tiroirs dessous. La tête de lit est formée de deux étagères avec une lampe intégrée sous celle du haut. Une table pliante est fixée au mur face au lit. Une petite télé écran plat, est fixée au-dessus de la porte de la chambre face au lit.
Deux heures plus tard, il rejoint Jean dans la chambre C. Pascal est impressionné, c’est le même dispositif que chez lui. Seulement il y a des posters d’artistes au mur et aussi un tableau peint par son ami Vincent.
Un peu plus tard, ils vont dans le séjour. Pascal peut enfin mettre un visage sur les prénoms des chambres. Ils ont préparé une petite fête pour l’arrivée de Pascal. C’est son premier apéritif et son premier repas entre amis à Paris. Pascal est gêné et heureux. Il n’avait pas prévu cette convivialité. Sa mère doit lui envoyer des produits du pays, dès qu’elle aura l’adresse de son fils chéri.
Chacun d’eux comprend, qu’il n’a pas eu le temps de faire des courses, et en plus il ne connaît pas les commerces du quartier. Au cours de la conversation les colocataires lui expliquent, qu’il a beaucoup de chance d’avoir trouvé ce vrai luxe presque immédiatement à Paris ! Surtout à Saint-Germain des prés, et de ne pas se retrouver dans un foyer !
Pascal est un homme basané, aux cheveux châtains ondulés, les yeux verts. Son allure athlétique fière, d’un sportif accompli lui confère un charme naturel. Cela lui permet de réussir là, ou les autres jeunes gens de son âge, de même niveau que lui, de même origine ne parviennent pas.
Il a rendez-vous le mois prochain. Cela le taraude. Il n’en laisse rien voir à ses nouveaux amis. En attendant, il va jouer au touriste dans Paris pour se détendre et visiter sa famille vivant en région Parisienne. Décide-t-il.