29 Mai 2019
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La rencontre
Le train arrive en gare de Rouen. Pascal s’active légèrement fébrile. Il descend avec ses bagages, il va vers l’inconnu une nouvelle fois. Il débarque ses bagages et les disposent sur l’un des chariots pour voyageur. Ceux-ci lui tendent les bras. À la sortie, une rangée de taxi, attends les voyageurs. Pascal choisit la plus grande voiture en raison de ses bagages.
Il a si peur de se perdre dans cette ville inconnue avec tous ses bagages. Un taxi c’est rassurant. Surprise ! La distance est courte. Le taxi le dépose devant un bâtiment de trois étages aux volets bleus. Une sorte de porche l’appelle. Vaillamment, péniblement, il avance. Il a ce sentiment de bonheur et de crainte à la fois. Il regrette d’avoir tant acheté à Paris. De la gare à l’hôtel il a découvert une avenue et une rue très commerciale. Il s’était imaginé qu’en province, il n’y avait que des commerces de quartier avec peu de choix ! Enfin ce qui est fait est fait ! pense-t-il en soupirant ! BRR qu’il fait froid ! Pascal n’a pas de chance, cette année l’été tarde à venir.
⦁ Monsieur ?
Pascal sursaute. Il bafouille
⦁ J’ai…j’ai… appelé…
Rapidement il termine sa phrase
⦁ … pour réserver ma chambre.
⦁ Votre nom monsieur.
⦁ Ah oui ! Pascal Telavi.
L’employé vérifie sur son registre et l’informe
⦁ Je suis Catherine du service jour.
Elle lui tend des clefs et lui annonce
⦁ Chambre trente-cinq, au troisième étage, vous prenez l’ascenseur impair.
Il est si angoissé, envahit par ses pensées, qu’il n’a rien vu, ni du regard inquisiteur de Catherine, ni de ses longs cheveux blonds en queue de cheval tressés, ni de sa démarche élégante, souple et féline. La voix amusée de Catherine prononce :
⦁ L’impair est à gauche
Souligne-t-elle, avec le sourire commercial.
⦁ Ah pardon ! je croyais que c’était là côté de la réception !
Soudain complexé par son inattention.
⦁ Non à droite ce sont les chambres avec suite, à gauche les chambres pour personnes seules ou en couple. Les couples sont principalement au premier étage à gauche. Les clients seuls et jeunes, comme vous sont au troisième.
Elle l’observe et lui propose
⦁ Je vois que vous êtes fatigué. Je vous appelle le garçon d’étage pour vos bagages.
⦁ Merci Catherine.
Elle ajoute
Le repas du soir est servi à dix-neuf heures trente, le petit déjeuner à partir de huit heures jusqu’à dix heures dans la salle de gauche
⦁ Et le repas du soir ?
S’inquiète Pascal
⦁ Au restaurant bien sûr !
Elle sourit franchement amusée. Il avait retenu son prénom. Seulement il sera incapable de la reconnaître lorsqu’il descendra pour le repas. Il a pris une chambre avec petit déjeuner et repas du soir compris. Il avait pensé se simplifier la vie. Et puis cela est pour la semaine croit-il.
Il s’étonne du décor de sa chambre. Il est dans un nouvel univers. Il se sent complètement dépaysé. Il a le plaisir de découvrir sa chambre aux doubles rideaux orangés, une table de nuit en bois ciré. Puis il continue son inspection. C’est une chambre propre, simple avec un lit d’une personne, aux montants en bois de pays, plus grand que celui qu’il avait à Paris. Il doit faire quatre-vingt-dix centimètres au lieu de soixante-dix pour le précédent. Il a une armoire, une normande, au lieu de placards. C’est une vraie chambre d’hôtel avec sa douche et ses aisances personnelles. C’est un confort qu’il n’a même pas chez lui, à La Réunion. Puisqu’il partage sa maison familiale avec sa mère et ses sept frères et sa sœur Marie. Ce qui lui plait le plus, dans cette chambre, c’est la toile accrochée face à son lit, une copie : de la table bleue d’Henri Matisse. Au-dessus de la tête du lit c’est une vue en noir et blanc de Rouen au début du siècle dernier.
Après son installation, il se repose sur son lit en attendant le repas. Il met son réveil à sonner à dix-huit heures, il a peur de s’endormir. Dans sa tête il commence à faire un plan pour sa visite de Rouen. Son plan est resté à l’étape première. C'est-à-dire la Cathédrale-Notre-Dame de……………ZZZZZZZZZ. Il s’est endormi en petit enfant bien heureux ! Le réveil sonne. Il sursaute. Lorsqu’il réalise qu’il est désormais à Rouen. D’un bond il se prépare rapidement dans son cabinet de toilette, s’habille et descend en un tour de main.
Dans le hall, une jeune femme brune l’accueille sourire aux lèvres
⦁ C’est pour le repas ?
⦁ Oui Catherine !
Réponds fièrement Pascal
⦁ Non Monsieur, moi je suis Léa du service de soirée, ma collègue a fini son service
Tout confus il bafouille maladroitement un
⦁ Excusez-moi
Son premier repas est une découverte. De petites tables carrées avec un seul couvert par table dans son espace. Pour la première fois il mange seul, avec de nombreux convives seuls également à leur table autour de lui. Il se sent seul au milieu de tout ce monde. Il sursaute à la voix du serveur.
⦁ Un apéritif ?
La carte d’apéritif atterrie dans sa main, qu’il a tendue machinalement. Il tourne la tête pour voir Jérôme le serveur
⦁ Un kir royal.
Commande Pascal. C’était sa découverte parisienne. Là-bas au pays, c’était du punch.
⦁ Vous avez choisi votre menu ?
⦁ Oui celui du jour me convient
⦁ Bien Monsieur Telavi
Surprise de Pascal, le personnel connaît déjà son nom ! Son dîner fini suit le café. Il se décide à aller se dégourdir les jambes dans le quartier. En longeant la rue, il s’arrête devant un café. Il hésite, et s’assoit à la terrasse. C’est si différent de Paris ! Les bâtisses, il n’en avait jamais vues ainsi…. uniquement sur des cartes postales. Il n’avait pas réalisé…, il n’avait pas imaginé…la réalité de leur imposante stature… et de leur style. Il ne s’était pas enquis sur cette ville. Persuadé d’être nommé en région Parisienne. Ces maisons sont impressionnantes pour Pascal. Il a parcouru ce quai de la Seine depuis plus d’une heure. Ce n’est pas qu’il est fatigué, mais cette ville l’intrigue, capte son esprit. Il ne voit plus personne courir, même les pressés ne sont pas aussi fous que les parisiens. Les passants sont aimables. Soudain une voix l’interrompt dans ces rêveries
⦁ Vous désirez ?
⦁ Un express s’il vous plait.
Répond-il l’esprit ailleurs. Un jeune homme solitaire s’assoie à la table voisine. Il semble lui sourire. Pascal l’interroge :
⦁ Je viens d’arriver à Rouen, où peut-on trouver l’office du tourisme ?
⦁ Vous êtes ici pour longtemps ?
⦁ Je viens de trouver un emploi, je commence la semaine prochaine.
Réplique Pascal rapidement.
⦁ Félicitations, et en attendant vous souhaitez visiter la ville, me semble-t-il.
⦁ En effet, car j’ai besoin de m’imprégner de la ville, qui m’accueille
⦁ Où loger-vous ?
⦁ C’est provisoire, je suis à l’hôtel de la Cathédrale, après se sera à nouveau du provisoire, je serai dans un foyer pour deux mois. Il me faudra trouver un studio rapidement.
⦁ Je suis libre. Ce sont les vacances et mon père est en poste à Rouen. Nous pourrions visiter la ville ensemble ? Bien sûr si cela vous convient.
⦁ Oh oui, merci
Réponds le fougueux Pascal, soulagé de n’être plus seul. Dans la foulée il ajoute.
⦁ Je m’appelle Pascal Telavi
⦁ Je suis David Basileus
Réplique le nouveau venu et lui demande
⦁ Je viens vous chercher à l’hôtel vers dix heures demain matin ?
⦁ OK, merci beaucoup !
Réponds joyeusement Pascal
⦁ Alors à demain.
Conclut David le Normand.