POLITIQUE - Une grappe de gilets jaunes au volant d’un engin de chantier défonce la porte d’un ministère. Ces images, tournées le 5 janvier 2019 en plein cœur de Paris, ont fait le tour des réseaux sociaux. Elles ont également permis, entre autres moyens, la reconnaissance et l’arrestation de quatre suspects qui avaient provoqué avec cette effraction, l’évacuation en urgence du porte-parole du gouvernement de l’époque, Benjamin Griveaux, qui se trouvait dans son bureau à ce moment là.
Le quatuor se retrouve ce mercredi 29 mai à Paris pour y être jugé. Parmi eux, trois hommes ont reconnu être montés sur l’engin, tandis qu’une femme assure n’avoir fait que filmer la scène. Rien de surprenant alors que la diffusion des cortèges en direct sur les réseaux sociaux est devenue une des marques de fabrique de ce mouvement qui secoue la France depuis plus de six mois.
Un phénomène qui témoigne de la soif de transparence des gilets jaunes, rebutés par les élites et l’opacité du système qu’ils dénoncent. Que ce soit dans le cœur de l’action des manifestations ou dans le confort d’une cabine de camion, ces contestataires n’ont cessé de filmer leur mouvement. Le but? Montrer ce qui se passe dans les cortèges, prévenir les risques de violences policières -les dénoncer le cas échéant- mais également pour les figures de la fronde répondre sans aucun filtre aux questions des internautes sur l’organisation du mouvement. Quitte à ce que ces réflexes de communication se retournent contre eux.
Des cellules gilets jaunes
Car les gilets jaunes ne sont pas seuls à être branchés sur ces canaux de diffusion. La multitude d’images filmées lors des manifestations depuis six mois représente pour la police des éléments-clés d’enquête. Outre les systèmes de vidéosurveillance et les images de caméras piéton, les forces de l’ordre s’appuient souvent sur des vidéos foisonnantes sur les réseaux sociaux, tournées par des journalistes ou les manifestants eux mêmes.