22 Mai 2019
Comment rejoindre une génération perdue dans ses smartphones ?
On ne peut que le constater autour de nous, et cela devient une évidence de dire que les adolescents sont absorbés par leur smartphone.
Malheureusement leurs aînés ne tracent pas forcément un meilleur chemin dans ce domaine. Mais contrairement à la jeune génération, les adultes ont connu une période où ils évoluaient sans l’hyper-connexion. Ils peuvent donc s’y référer et envisager d’y revenir. Pour de trop nombreux adolescents, le smartphone est devenu le seul horizon et toutes les études révèlent les effets dévastateurs d’une exposition trop importante.
Parents, enseignants et éducateurs font alors face à un nouveau défi. Accompagner les adolescents et les jeunes dans un ailleurs.
Pas si simple, car le smartphone est un outil extraordinaire. Messagerie, réseaux sociaux, jeux, GPS, musique, moteurs de recherche, applis en tous genres, photos, achats… Tant de choses sont possibles avec un smartphone. S’informer, se divertir, communiquer… Rien de mauvais en soi. La vraie problématique est l’addiction et les conséquences qui en découlent telles que l’enfermement dans l’écran au détriment de la « vraie vie », l’anxiété et finalement la dépression.
La question est vive chez la plupart des parents. Comment aider les adolescents et les accompagner dans l’utilisation des nouvelles technologies ?
Tous les adolescents ne deviendront pas dépendants de leur téléphone. Une utilisation excessive est un signe avant-coureur auquel il faut être sensible. Mais c’est quand l’utilisateur commence à se déconnecter des autres, devient incapable de s’abstenir et de changer de comportement qu’il est question de dépendance.
Toutes les dépendances ne sont pas les mêmes. De nombreux adolescents, tout comme les adultes, souffrent de dépendances qui vont au-delà de leur téléphone, comme les jeux d’argent, les achats compulsifs, la pornographie, les réseaux sociaux… Ces addictions sont alors amplifiées par l’accessibilité instantanée fournie par les smartphones, mais le téléphone lui-même peut ne pas être l’objet de l’addiction. Le supprimer ne résoudrait pas le problème de fond.
C’est pour cela qu’il est utile de définir où se situe la dépendance.
Des études ont révélé que les ados deviennent dépendants à leur smartphone en raison de la satisfaction qu’elle leur procure. Les notifications et les likes activent le circuit de la récompense et de la dopamine, cette hormone libérée lors de la consommation de drogue. La gratification instantanée qu’offre le portable nourrit ensuite la dépendance.
Développer des activités qui leur permettent de patienter, d’élaborer un projet long terme, d’y travailler avec régularité pour finalement obtenir satisfaction, est un exercice très utile à faire pour contre-balancer l’instantanéité des récompenses du smartphone. En développant le goût de l’effort et la patience, les jeunes explorent d’autres modes de satisfaction plus difficiles à obtenir mais aussi bien plus durables.
Aujourd’hui, les ados ne s’ennuient plus. Ils n’ont plus de temps pour le silence et la pensée qui vagabonde, car dès que l’ennui arrive, le téléphone comble le vide.
Il n’y a plus de place pour la contemplation, les regards par la fenêtre, la prière, l’ennui, la méditation de la Parole…
Et si on réapprenait aux ados ces choses simples, naturelles et si précieuses que le portable essaie de leur voler, usurpant au passage une part de leur pensée critique et de leur créativité, mais également du temps qu’ils pourraient consacrer à une recherche d’intimité avec Dieu.
Beaucoup d’adolescents ont des rêves, des projets, des objectifs de vie, qui peuvent être littéralement annihilés par une dépendance. Parler avec eux de leurs projets, de leurs priorités et de leurs envies, peut les conduire à une prise de conscience, un désir d’accomplissement et par la même un éloignement des portables.
En replaçant les priorités, en se fixant des objectifs et en réalisant que le temps perdu sur un écran ne se rattrape pas toujours, le changement peut intervenir.
À force de voir son ado prostré sur son écran, on finit par penser qu’il ne souhaite pas communiquer, et c’est bien souvent une erreur de le croire. Rien ne remplacera jamais une relation physique, un dialogue, un moment simple à partager. N’attendez pas que votre ado vous parle, et n’hésitez pas à le solliciter ou à lui proposer quelque chose.
C’est un défi pour les adultes également, mais rien ne remplacera l’exemple que vous donnez, et ce dans tous les domaines. Il y a plus dans la vie que les écrans.
Alors même quand la fatigue et le stress se font ressentir, n’oublions pas de nous ouvrir à nos proches, de susciter des occasions d’échanges et de partages qui auront un effet positif sur l’ensemble de la famille.
La rédaction
Librement inspiré d’un article de Joel Ryan sur Crosswalk
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Les mères se réjouissent souvent d’avance des cadeaux que leurs enfants leur offriront à l’occasion de la Fête des mères. Mais cette fête peut aussi générer de la tristesse, et même des idées suicidaires, chez des femmes qui, en raison de circonstances de la vie (stérilité, absence de partenaire, maladie) n’ont pas eu d’enfant.
La Fête des mères est apparue aux États-Unis à la fin de la première décennie du XXe siècle, après qu’Anna Jarvis (1864-1948) ait plaidé auprès d’hommes publics pour qu’une journée soit consacrée aux mères en hommage à la sienne. Au Canada, elle trouve sa place, bon an mal an, dans les médias et les commerces, où elle est une business florissante.
Bien que certaines recherches féministes aient démontré que les femmes ne sont pas naturellement enclines à s’occuper d’autrui et à conforter leur féminité dans la maternité, des pressions sociales continuent de s’exercer sur elles. Elles doivent ainsi – sous certaines conditions (âge, statut conjugal, niveau économique du ménage) – avoir des enfants, et « fonder » une famille.
Les discours à l’origine de ces pressions sont, comme l’écrit la chercheuse française Sarah Lécossais dans La fabrique des mères imaginaires dans les séries télévisées françaises , (en se référant à Michel Foucault et Edward T. Hall), « à la fois contrôlés et policés. Ils fonctionnent en tant que système de représentation et participent à forger les imaginaires autant que les attentes vis-à-vis de ce que signifie aujourd’hui être mère », mais aussi plus largement d’être une « femme accomplie ».
L’enfant qui fait la famille
Ces discours sont diffusés particulièrement dans les magazines féminins, les romans populaires, les fictions télévisuelles ou encore les médias sociaux. Ils participent non seulement au renforcement d’une « norme procréative », en confortant les femmes dans « leur nature » féminine féconde, mais aussi en renforçant une vision normative de la maternité, des responsabilités associées, et de la famille, à travers son mode de formation et ses mythes.
Les représentations sociales du rôle des femmes et de ce qui fonde une famille font que, communément, la maternité se perçoit fréquemment comme une façon de « se réaliser ». « La famille débute avec l’arrivée de l’enfant », écrivent les philosophes Anne Morvan et Anne Verjus ou dit différemment, « l’enfant fait la famille ».
L’enfant crée une « mère » et un « père ». Il leur offre un nouveau statut et une reconnaissance sociale par leur contribution reconnue au renouvellement des générations, des sociétés et des lignées familiales, mais aussi en tant que personne détentrice présumée de valeurs altruistes.
À l’inverse, l’absence d’enfant, par « choix » ou suite à des circonstances de vie, remet souvent en question la légitimité et les raisons entourant cette situation. Elle peut entraîner chez des femmes une détresse psychologique significative et des difficultés à trouver leur place dans leur famille et leur entourage social, comme je l’écris dans cette recherche, faite avec mon collègue de l’INRS Nong Zhu.
Un sentiment d’échec
La Fête des mères apparaît ainsi comme une journée qui exalte la fécondité mais aussi qui exclut des femmes, en particulier celles qui disent « ne pas avoir eu la chance d’avoir un enfant ». Jeanne, rencontrée à l’hiver 2018 dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « Avoir ou non des enfants au Québec », déclarait par exemple que « jusqu’à il y a deux ans, la perspective de la Fête des mères, c’était atroce ».
En recueillant des témoignages de femmes qui n’ont pas eu d’enfant, il m’a ainsi été possible aussi de mieux saisir les représentations associées à la féminité et à la maternité.
Pour les femmes involontairement sans enfant rencontrées, la maternité est apparue comme une phase importante dans la définition de soi et la construction identitaire. Plusieurs femmes ont ainsi déclaré ne pas se sentir complètement accomplies et ressentir un sentiment d’échec parce qu’elles n’ont pas eu la chance de vivre une grossesse. Elles ont le sentiment d’être passées à côté d’une relation spéciale, comme le lien d’attachement à un enfant que décrivent certaines de leurs amies. Elles ne se sentent pas, comme l’expliquait par exemple Astride, « normale, comme les autres femmes, les mères».
Pourquoi ces femmes ont-elles ces sentiments ? Quel regard portons-nous, en tant que société, sur ces femmes ? Ce qu’elles ressentent et vivent n’est en fait que le reflet d’un système socioculturel qui s’appuie sur des inégalités comme celui d’être fécond ou non, ou sur celles fondées sur le genre, autrement dit sur un modèle culturel nataliste et patriarcal.
Éliminer la stigmatisation
Car la maternité est aussi le moment de réinstaurer aux femmes leur fonction et leur genre, dans la mesure où l’exercice féminin de la parentalité diffère de celui des hommes, comme l’écrit Sarah Lécossais. Les mères restent ainsi par exemple toujours celles à qui incombe la majorité des tâches familiales et domestiques.
Dans le même temps, elles peuvent aussi contribuer, dans une certaine mesure, à entretenir ce modèle, en faisant de la maternité une « chasse-gardée » des mères , et/ou en adoptant des pratiques de « maternité intensive » .
Comment sortir de ces paradoxes : celui qui peut conduire des femmes involontairement sans enfant « à avoir des idées suicidaires » (comme avoué par exemple par Chloé) mais aussi celui qui peut les amener « à regretter d’avoir eu des enfants » ?
Une solution serait peut-être de repenser, de façon critique, le rôle, la place et l’importance de chacun et chacune dans la société. Il s’agit d’assurer l’acceptation complète des itinéraires personnels et contribuer ainsi à éliminer une stigmatisation dont la Fête des mères reste indubitablement le signe.
Laurence Charton, Sociodémographe, Institut national de la recherche scientifique (INRS)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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« À mes agresseurs, je dis merci car une fille brisée serait restée perdue, mais pas moi. J’ai trouvé le Christ, je lui ai dit ma vérité et j’ai gardé la tête haute. »
La victime n’avait que 14 ans quand elle a commencé à subir la relation abusive du pasteur Haynes. Elle a ensuite été victime du trio de pasteurs Haynes – Jenkins – Butler. Pour leur implication dans un projet de traite d’enfant à des fins sexuelles, Jenkins vient d’être condamné à la prison à vie, Butler à 17 ans et demi d’emprisonnement. Haynes, quant à lui, risque la prison à vie pour trafic sexuel de mineur et exploitation de mineur. Le verdict sera donné le 17 juin.
Les abus ont commencé peu de temps après que le pasteur Haynes l’ait hébergée chez lui. La jeune fille a été abusée sexuellement à de nombreuses reprises, dans différents endroits, y compris dans les locaux de l’église. Le pasteur détenait dans son téléphone des photos de l’adolescente, à caractère pédopornographique. Haynes a ensuite proposé à Jenkins et Butler d’avoir des relations sexuelles avec l’adolescente.
La victime était présente à l’audience. C’est Michael Freeman, l’avocat général, qui a lu une lettre en son nom :
« À mes agresseurs, je dis merci car une fille brisée serait restée perdue, mais pas moi. J’ai trouvé le Christ, je lui ai dit ma vérité et j’ai gardé la tête haute – personne ne peut me prendre parce que je supporte. Vous avez appris la parole, et vous avez toujours abusé et manipulé. Je vous pardonne pour mon propre intérêt parce que je suis un vrai disciple et croyant du Christ. Vous savez ce que vous avez fait, vous connaissiez l’impact que cela aurait, les raisons pour lesquelles vous avez essayé de garder le secret. Chaque action fausse dans la vie entraîne une conséquence – même la Bible le dit. »
La victime se décrit désormais comme une femme forte, une survivante. Elle a lancé une ONG pour venir au secours des victimes « des prédateurs écoeurants, menteurs et hypocrites comme vous, qui les réduisent au silence et s’emparent de leur dignité ».
M.C.
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