3 Mai 2019
Persécuté au Népal, le pasteur Pariyar reste traumatisé par la violence de son agression
« Si tu continues à prêcher la religion de Jésus, nous ne t’épargnerons pas. Nous viendrons te tuer, où que tu ailles. »
Le Népal a adopté en octobre 2017 un nouveau Code Pénal. Cette loi anti-conversion, entrée en vigueur en août 2018, menace la liberté des chrétiens. S’il reste laïc, « le Népal consacre et reconnaît l’identité hindoue comme primordiale » expliquait alors l’anthropologue Dambar Chemjong :
« Au lieu de mettre en place des normes modernes qui reconnaissent une démocratie inclusive, en plus d’une diversité culturelle et religieuse, la nouvelle loi a été adoptée pour convenir à la religion dominante et marginaliser les autres religions. »
Pour UCA News, les chrétiens se sentent ciblés par cette loi :
« Les dirigeants chrétiens pensent que cette mesure vise particulièrement les chrétiens, surtout ceux des castes vulnérables et inférieures. Ils craignent que la loi ne soit utilisée comme un outil pour harceler et persécuter les minorités chrétiennes qui pratiquent leur religion. »
Morning Star News révèle la tragique histoire d’un pasteur, Dhurba Kumar Pariyar, agressé il y a un mois, et toujours traumatisé.
Dhurba revenait d’une distribution gratuite de jouets et de papeterie auprès des enfants dalits dans le district de Saharli. Il était à moto, accompagné d’un invité, quand quatre hommes l’ont agressé. Ils ont tapé sa moto à coup de bâtons. Deux des hommes l’ont attrapé et l’ont conduit vers la jungle. Les deux autres ont menacé son invité avec un couteau, pour qu’il n’intervienne pas.
« L’un d’entre eux m’a pris par la poitrine et m’a tiré de ma moto et m’a traîné vers la jungle. […] Ils ont dit que je prêchais une religion étrangère, convertissais des gens. […] Je leur ai demandé qui étaient-ils pour remettre en question mon travail et me demander de l’argent, ce à quoi ils disaient être des ‘maoïstes clandestins’. »
Ils l’ont ensuite frappé à coups de poings et de bâtons, jusqu’à ce qu’une voiture les fasse fuir. Ils sont alors partis en le menaçant :
« Si tu continues à prêcher la religion de Jésus, nous ne t’épargnerons pas. Nous viendrons te tuer, où que tu ailles. »
L’attaque a eu lieu il y a un mois, mais Dhurba souffre toujours physiquement, mais aussi moralement. Le traumatisme est grand et il s’inquiète dès qu’il entend une moto.
« J’ai encore mal à la tête et à la poitrine, même si je suis sous forte médication. […] Lorsque je marche sur la route ou sur ma moto, je suis soudain ébranlé quand une moto me dépasse. Je suis toujours traumatisé par l’incident. »
Mais le pasteur relativise. il sait que d’autres souffrent d’une persécution bien pire encore. Il cite également le verset de l’évangile de Matthieu :
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! (Matthieu 5 : 10)
Sur place, le pasteur Baizu nous interpelle :
« Cet incident, associé à d’autres cas récents de ciblage accru de dirigeants chrétiens, révèle que des chrétiens au Népal sont découverts parmi la masse en général, surveillés régulièrement, leurs activités suivies, puis agressés et extorqués pour de l’argent. […] Il est grand temps que le gouvernement réalise et intensifie ses efforts pour assurer la sécurité de l’église et de la communauté chrétienne. Il est très préoccupant que le terrorisme religieux augmente rapidement au Népal.
La manière dont les radicaux hindous mènent des campagnes de haine contre la communauté chrétienne est un sujet de grande préoccupation. […] Il n’y a même pas de cimetière pour les chrétiens qui meurent au Népal. »
M.C.