6 Juin 2019
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Pascal s’installe et s’adapte
David est parti, il sera de retour pour le déjeuner, lui a dit le propriétaire des lieux. Pascal et Sacré-Canaille s’installent dans la chambre d’amis, la leur provisoirement. Ils font comme s’ils étaient à l’hôtel. Il se débat entre la peur et le bonheur : « Et si David est différent de ce qu’il paraît être ? Mon Dieu se serait la cata … ». La crainte reste, L’installation faite, il visite tranquillement l’appartement, comme pour se persuader que tout est réel. Il ne parvient pas à se convaincre, qu’il va devoir vivre dans ce luxe.
Assis sur le canapé du salon, il se remémore les yeux fermés, la petite maison aux volets en bois bleus, qui l’a vu naître. Sa montagne aux herbes sauvages, aux parfums de fruits variés de banane, d’ananas, avocats, litchis et autres diversités. Le soleil franc et ces arbres aux fruits délicats, qui lui servaient de parasol. Toutes ces fleurs multicolores sur le versant du volcan. Sur la toile au fond noir de ces souvenirs, il se revoit, avec son appareil photo. Il espionnait les oiseaux du pays petits et gros, et les peignait selon son inspiration. Il était passionné par ce petit tisserin gendarme en particulier. Il l’intrigue toujours, il a quitté son île avant d’avoir résolu ce problème. Au fait, quel est sa connaissance sur ce petit oiseau ? pense-t-il, en poussant un petit soupir de regret. Ses maigres notions, l’ont amenées à ce résumé ; le tisserin gendarme est originaire de l’Afrique sub-saharienne. Les européens les ont introduits avec succès à Haïti, en République Dominicaine, à Porto Rico à l’Ile Maurice et…à la Réunion. Une petite communauté de ces petits oiseaux, nichent dans les cinq palmiers de ces parents.
Sur ce canapé au milieu de toute cette splendeur, il a la nostalgie de son île. Depuis son arrivée en métropole, il est sur un nuage à Paris comme à Rouen. Il a vécu, jusqu’ici, comme un gamin, prenant ses vacances en France. Mais ici, désormais, il dépose sa valise. Songe-t-il en soupirant. À côté ce sera sa chambre définitive jusqu’à son mariage, peut-être Claudine imagine-t-il. Mais ce n’est pas pour demain, il est conscient de cette réalité. Il réalise que Claudine est habituée à un certain confort, pas dans le luxe comme David, mais loin d’être comme chez ses parents.
Chez sa mère, Claudine a sa salle de bain attenant à sa chambre. Lui avait-elle dit. Chez ses parents, la salle de bain était pour toute la famille. Ici, il est comme un colocataire, sauf que le colocataire en question est le propriétaire. Qu’il n’a pas à faire la cuisine, pour la plupart du temps.
« Le proprio » est aussi son ami est l’employeur. Son salaire se sont les repas confectionnés par la femme de ménage. Le loyer s’est les dessins publicitaires, qu’il devra effectuer, pour soutenir toutes les activités de David. Pascal en a conclu, qu’il est une sorte d’homme de compagnie pour David.
⦁ Bah ! David est un type formidable. Il doit-être facile de vivre à ses côtés.
Lâche-t-il tout haut
⦁ Voilà que je me mets à parler tout seul encore une fois !
Remarque-t-il en secouant la tête doucement le sourire aux lèvres, amusé et crispé à la fois. Il va d’un sentiment à l’autre sans parvenir à définir ce qui lui arrive.
Cependant, le vague à l’âme le reprend. Il s’inquiète car sa petite vie est complètement chamboulée. Il commence lundi et il n’a pas encore préparé ses affaires pour se présenter le premier jour.
C’est à ce moment que Sacré-Canaille et Isis choisissent pour faire la fête dans la future chambre. Ils se coursent, tantôt Sacré-Canaille contre Isis, puis Isis contre Sacré-Canaille. En réalité ce jeu allait déterminer qui serait le chef des deux ! Pascal ne savait ce qu’il fallait faire ! Il décide de ne pas intervenir. La suite lui a donné raison.
C’est déjà jeudi, il lui faut au moins reconnaître les lieux. Il va en parler à David, pendant le repas. Cela ne doit pas trop poser de question, car il lui a semblé que David les emmenait à Honfleur uniquement parce qu’il le leur avait promis. C’est probablement une gêne à son programme. Il prévient Claudine
⦁ Claudine tu t’es bien reposée, avec Calvino ?
⦁ Oui, je l’emmène avec nous cet après-midi. Si tu savais comme il est adorable. Il ne me quitte pas ! Moi qui croyais qu’un chat c’était un indépendant ! Il faudra que je demande à David des conseils ! car là c’est trop !
⦁ Certainement, qu’il sera ravi de te conseiller cet après-midi. Cependant je crois qu’il vaut mieux reporter Honfleur à demain matin. Je me suis installé et je dois reconnaître les lieux pour mon emploi.
⦁ Alors on ne se voit pas aujourd’hui ?
⦁ Oh, que si ma douce, mais le programme diffère. Je t’attends au 25 cours Clémenceau à quatorze heures.
Après un court instant de silence, il reprend son idée avec douceur
⦁ David et moi, à midi se sera le premier repas dans l’appartement. Du fait de mon déménagement le programme est certainement changé. Nous passerons notre après-midi tous les deux avec Calvino et Sacré-Canaille. Puisque tu connais bien Rouen, après avoir fait le repérage du rendez-vous chez mon employeur, nous irons où tu veux. C’est toi qui feras notre programme…
Un bruit de clefs se fait entendre. Il ajoute
⦁ Quelqu’un entre ce doit-être David, je te laisse. Bise, à tout à l’heure.
⦁ Oui Pascal, à tout à l’heure. Bisous
Répète-elle. Seulement ce n’est pas David. Pascal en voyant une femme rondelette, avec son tablier blanc, lui demande :
⦁ Bonjour madame, vous êtes Bernadette je suppose ?
⦁ Oui, et vous Pascal. Je vois qu’Isis et Sacré Canaille s’entendent bien !
Répond-elle souriante. Pascal s’étonne. Comment connaît-elle Sacré-Canaille. Il allait poser la question, mais au moment de l’interroger, il se ravise. David a dû laisser des consignes à Bernadette.
Bernadette à un sourire malicieux. Avec ces rondeurs, Pascal pense qu’elle est trop grosse, et pourtant il l’a trouvée agréable. Elle a une quarantaine d’années, rousse les cheveux longs attachés en une sorte de chignon. Si elle avait une coiffe normande blanche crochetée, elle ressemblerait aux cartes postales folkloriques ! « Que de gens roux ici ! » observe-t-il. Bernadette se dirige directement à la cuisine, laissant Pascal dans ses réflexions.
C’est alors qu’il ouvre les magazines et catalogues que David lui a laissé sur le guéridon de la chambre. Il comprend le message de David. Il entre dans la chambre promise et prend toutes les mesures nécessaires pour permettre un aménagement à sa personnalité. Il pense demander l’avis de Claudine.
De retour au salon, il recherche la table de dessin et le bureau qui lui convient sur les catalogues. Il ne regarde pas le prix, puisqu’ils n’y sont pas, seul un numéro de référence apparaît. David a gardé l’annexe des prix. Il se contente de cocher trois ensembles de bureau et table à dessin, ainsi David pourra choisir ce qui convient à son budget. Pense-t-il. Mais sont-ils de prix différent ? Il l’ignore. Les prix de la métropole diffèrent souvent pour tous les produits. Il ne voit pas l’heure passer. Bernadette passe la tête par la porte et annonce de sa voix claire et discrète :
⦁ Le repas est servi, Monsieur David vous attend !
⦁ Je ne l’ai pas entendu entrer !
S’étonne Pascal
⦁ Alors mon ami vous rêviez ?
Lui dit David avec un sourire bienveillant en accueillant Pascal dans la salle à manger.
⦁ On peut dire cela je compulsais les catalogues.
⦁ Ha ! Tu as trouvé ce qui te convient ?
⦁ Oui, j’ai coché trois ensembles de bureau et table à dessin. Comme cela tu prendras selon ton budget. Car je n’ai aucune idée du prix en métropole.
⦁ Ok ! tu me le donneras après le repas.
⦁ Merci David. Au fait j’ai bien réfléchi si cela ne te dérange pas, Claudine et moi nous voudrions être un peu seuls et faire un repérage pour lundi prochain.
⦁ Petit cachotier ! Ha ! ha !
Fait-il le sourire complice. Pascal est décontenancé.
⦁ Bon ce n’est pas grave je vais faire ma tournée sur Sotteville-Lès-Rouen avec Linda. Elle a son après-midi de libre, et ses parents ne sont pas au courant. Au lieu d’être avec nous, nous serons tous les deux, et vous également.
⦁ En définitif cela t’arrange !
Remarque Pascal, heureux d’avoir su comprendre David.
⦁ En quelque sorte !
Rétorque gaiement David.
⦁ Super ! cela va être une soirée d’amour.
Suggère Pascal taquin.
⦁ Heu ! plutôt platonique.
Répond David.
⦁ Nous n’en sommes qu’aux prémices. Comme toi et Claudine, il me semble, à moins que pour toi ce soit plus avancer !
David cette fois se met à rire franchement. Pascal est décontenancé. Voyant la gêne de son ami, il lui tape sur l’épaule amicalement et lui dit gentiment tout en entourant les épaules de Pascal.
⦁ Ne sois pas vexé, il m’arrive de me lâcher, il ne faut pas en prendre ombrage. Je n’ai pas envie de te blesser.
Bernadette entre pour faire le service. Le repas est rapide, sans un mot. Pour Pascal c’est son apprentissage des bonnes manières.
Enfin le repas se termine. Le café est pris au salon, sur le dos du cygne en cristal. David s’enferme rapidement dans son bureau, les catalogues de Pascal en main. Il lui dit :
⦁ À ce soir vingt heures trente pour le repas. Bernadette sera désormais à notre service toute la journée. Elle partira à vingt et une heure. Seulement le samedi et le dimanche nous sommes seuls, ainsi que le mercredi après-midi.
À l’oreille de Pascal il chuchote
⦁ Bernadette est employée par mes parents, elle est chargée de faire un rapport si elle voit des choses pas convenables. Mais ne t’inquiète pas, Bernadette est aussi ma complice pour beaucoup de choses.
Il continu à haute voix
⦁ Alors à ce soir à vingt heures trente pour le repas.
David et Pascal sont guillerets car chacun est libre cet après-midi. Pascal quitte le premier l’appartement, il va rejoindre Claudine sur le trottoir. Il a hâte de voir le programme que Claudine lui a concocté.
⦁ L’après-midi en amoureux
Pascal attend fébrile sa chère Claudine devant la porte d’entrée de son nouvel habitat. Sur le trottoir, un vent doux et brulant lui chante en le caressant, la mélodie de Cupidon. C’est leur premier après-midi ensemble.et… Ah ! Enfin ! Elle arrive ! pense-t-il. Elle est presque à l’heure ! Remarque le jeune homme. Il se garde bien de le lui dire, trop heureux qu’elle soit là…
⦁ Bonjour Pascal.
Lance –t-elle heureuse.
⦁ Bonjour mon amie, avant de partir, je serais honoré si tu acceptes de visiter la chambre que David a mise à ma disposition.
Claudine ravie et surtout curieuse. Elle accepte et suit sans crainte cet homme au charme avéré. Elle n’émet aucune surprise en entrant dans le hall d’entrée. En passant Maria les voit passer, elle a ce sourire complice des gardiennes d’immeuble. Pascal lui fait un petit signe amical.
⦁ Maria, je vous présente Claudine. La personne dont vous a parlé Monsieur Basileus.
⦁ Bonjour, Mademoiselle. Merci Monsieur Telavi de m’avoir présentée cette charmante personne.
Arrivés dans l’appartement, ils le traversent, à l’approche des chambres, Isis se dresse, Sacré-Canaille leur fait une fête à la Sacré-Canaille. La joie remplit l’appartement. Claudine est ravie en voyant la chambre ainsi que le salon. En entendant ce vacarme, Bernadette sort de la cuisine, Pascal présente Claudine. Les deux femmes sympathisent. Le jeune homme en est transporté de bonheur. À l’oreille de Claudine il s’enquit :
⦁ Quel est notre programme mon cœur, après le parcours pour lundi ?
⦁ C’est une surprise, mon ami. Ne soit pas trop impatient.
Lui souffle-t-elle malicieusement à l’oreille.
⦁ Ok !
Lui répond-t-il en l’embrassant fougueusement. Maintenant il a hâte de voir le programme que lui a concocté sa Claudine. Pensif, David les observe. Les effusions d’Isis et de Sacré-Canaille terminées, le jeune couple évolue dans l’appartement discrètement. Une demi-heure après, Claudine et Pascal reviennent au salon, David les attend silencieux. Il leur propose une boisson fraîche.
⦁ Un petit rafraîchissement avec des glaçons ?
⦁ Oui David
Répond Pascal rassuré
⦁ Merci David de permettre à Pascal de s’établir chez toi.
⦁ De rien Claudine.
Répond David. Pascal est ragaillardi. Il avait craint avoir blessé cet ami si généreux.