5 Juin 2019
14
Pascal et sacré Canaille
Une nouvelle matinée radieuse est à nouveau prometteuse. Le soleil joue à travers les persiennes. Ses rayons effleurent les joues du jeune homme. Sacré-Canaille dans son panier neuf a mal dormi. La crainte de ne pas rester avec Pascal le tenaille. La veille les jeunes gens sont rentrés assez tôt suite aux adoptions, mais également en raison de leur fatigue.
Le malheur de Pascal, l’hôtel n’accepte pas les animaux, comme il l’avait craint, même pour une nuit. Pascal bénit David, car sans son intervention, ils seraient tous les deux dans la rue avec leurs bagages. « Que la France est difficile » soupire-t-il. Sacré-Canaille tremble, il craint d’être à nouveau abandonné. Il a compris, que le problème de son nouveau maître vient de lui. Quelle est la bêtise a-t-il faite ?
La nuit a été difficile pour tous les deux. Pascal se remémore sa journée d’hier avec David. Ce nouvel ami l’a une nouvelle fois impressionné. « Ce gosse de riches prend la défense des gens qu’il rencontre. Je n’en reviens pas ! S’il avait été de la région, il aurait su qui est David Basileus. « Si je l’avais su, je ne l’aurais jamais laissé entrer dans ma vie. Quelle erreur j’aurais fait ! » Pense-t-il. Sacré-Canaille l’observe surpris. Pascal replonge dans ses pensées. « Il y a une telle différence de genre et de classe entre nous !, vais-je pouvoir m’adapter ? » Il a tellement d’a priori en ce qui concerne la bourgeoisie. « En plus un gamin de la Haute ! »
Il réalise que ses idées toutes faites sont fausses en ce qui concerne son ami David. Il a eu confiance, sans connaître son rang social. Il est à la fois surpris et émerveillé. Comme tous ceux qui approchent David, il est subjugué ! Il n’en revient pas. Il réalise l’immense chance d’avoir David pour ami. Désormais, il ne quittera pas son ami. Dans son esprit, il décide « si cela est nécessaire, je suis prêt à mourir pour lui ». Il a la certitude, que jamais il ne trouvera un ami comme lui.
Il revoit sa soirée de la veille au retour de leur détente au lac, à la suite du repas chez Doc. Ils étaient fatigués, malgré cela ils étaient détendus, conscients d’avoir fait quelque chose d’importance. Ils sont fiers d’avoir sauvé quelques animaux avec leur ami.
La veille, David a été bien inspiré, il a eu la bonne idée d’accompagner Pascal. Sans l’intervention efficace de son ami il ne serait pas dans son lit à l’hôtel.
Le concierge de l’hôtel refusait l’entrée de Sacré-Canaille ! Les chiens sont interdits dans l’établissement! Lui avait-il été signifié.
À ce moment, David ayant entendu l’injonction du gérant, entre dans la danse. Il négocie et obtient un arrangement. Pascal et son chien pourront dormir et manger dans la chambre. En cas de nécessité, il peut sortir Sacré-Canaille par l’escalier de service. Ce que Pascal n’a pas vu, David a payé quatre-vingts euros pour la nuit !
Lorsque David les quitte, un repas léger leur est servi sur une table roulante, ils sont surpris, car ils n’avaient rien commandé. Ils se sentent prisonniers. Après le repas, Pascal ôte ses chaussures et s’allonge tout habillé. Les mains croisées sous sa tête,
il fait le résumé de sa journée. Décontracté, il commence sa prière du soir silencieusement. Il s’endort avant d’avoir terminé son « Notre Père ».
Il est si épuisé, son sommeil est si lourd, qu’aucun rêve ne vint hanter sa nuit, tout au moins il n’en a aucun souvenir. Mais au réveil, la réalité est présente.
⦁ Pascal quitte l’hôtel
Il est sept heures, Sacré Canaille, malgré sa nuit d’insomnie, saute joyeusement, sur le lit de Pascal. Il s’invente de lui faire la toilette du visage à grand coup de langue. Pascal se lève d’un bond, en riant, va à son cabinet de toilette et se douche. Seulement, s’était compter sans ce sacré chien ! Sacré-Canaille le suit, et il profite de la douche de son maître ! Évidemment, celui-ci s’ébroue et arrose toute la salle d’eau ! Si bien que Pascal mi-figue mi-raisin fini par rire de son nouveau compagnon ! Ce qui n’était pas prévu, Canaille a trouvé la solution pour ne pas sortir. Il se soulage dans la douche, bien en face de la grille d’évacuation ! Alors pour ne pas avoir de problème, Pascal nettoie en disant :
⦁ Oh ! ben çà alors ! ben çà alors! oh! ben çà alors !
S’écrit-il stupéfait et amusé. Sacré-Canaille fier de lui, vient voir son maître et lui fait la fête. C’est à ce moment qu’un garçon d’étage frappe à la porte. La petite boule fait volte-face, et aboie. Pascal se déplace pour ouvrir, Sacré- Canaille le devance, la queue balance de gauche à droite et vice versa, passe devant ses jambes. Pascal trébuche, se rattrape en s’agrippant à la poignée de la porte. Sacré-Canaille est tout penaud et malheureux, devant l’expression du chien Pascal rit. Le problème, le chien avait senti l’odeur d’un super petit déjeuner ! La veille il s’était régalé. Le garçon d’étage en entrant interroge.
⦁ Vous nous quittez ce matin d’après le régisseur ?
⦁ Oui !
Répond sèchement Pascal. Il ajoute vivement.
⦁ Nous devions prendre le petit déjeuner sur le trottoir de la terrasse !
S’esclaffe-t-il étonné.
⦁ Le régisseur m’a accordé à titre exceptionnel, de vous servir dans la chambre.
Devant la tête éberluée de Pascal et la joie de Sacré Canaille, le garçon d’étage avec un soupir embarrassé, ajoute en confidence
⦁ Dommage que les chiens ne sont pas admis, je les aime tellement ! et ils me le rendent bien !
Lui dit le jeune homme de service en soupirant.
⦁ Si la direction parlait comme vous, vous ne perdriez pas trois nuitées. Ceci dit c’est leur choix !
Réagit gentiment Pascal en soupirant lui aussi. Le petit déjeuner terminé, il retrouve sa joie naturelle. En se levant de table, il déclare.
⦁ Mon cher ami, ce n’est pas le tout il faut faire les bagages mon petit Sacré-Canaille.
Devant l’expression étonnée, les oreilles dressées de son compagnon il lui explique :
⦁ Oui, Sacré -Canaille, tu es un petit Canaillou, mais nous devons partir ce matin, David nous attend probablement en bas.
Lui explique Pascal en le caressant. Les bagages fermés, Pascal vérifie s’il n’a rien oublié. Quand…, soudain on frappe à la porte. Sacré-Canaille va joyeusement à la porte, saute sur la poignée, et avec ses deux petites pattes avant tourne la poignée, en un coup de rein, la porte s’ouvre au visiteur ! C’est David ! Tous deux sont interloqués ! Ils n’en reviennent pas !
⦁ Hé bien effectivement le calme n’est pas son fort !
S’exclame David en riant.
⦁ Il a dû avoir un entraînement pour un cirque ce n’est pas possible autrement!
Remarque Pascal. Le rire des deux compères résonne dans la chambre.
⦁ La journée commence bien !
Constate David gaiement.
⦁ Ce n’est rien, attend de voir la suite ! que je te raconte... Je ne te dis pas !
Dans la foulée tous trois quittent la chambre en riant doucement. Ils ont oublié de sortir par l’escalier de service.
⦁ Zut, c’est trop tard, nous sommes dans l’ascenseur !
⦁ Bonne journée messieurs
Leur lance l’hôtesse d’accueil. Pascal s’approche de la jeune femme et demande
⦁ Donnez-moi la note Mademoiselle
⦁ Tout de suite Monsieur Telavi
Pascal sort sa carte bancaire paie vite fait et rejoint David. Lorsqu’ils arrivent sur le trottoir, Sacré-Canaille cherche la voiture d’hier, la Bipper Tepee vert métallisé.
Seulement il ne la voit pas. Il est décontenancé. David a une nouvelle fois changé de voiture. Maintenant c’est une Kangoo blanche ! David explique :
⦁ Je prends la Rosita pour sortir, pour le reste du temps, je me sers selon mes besoins de celle-ci ou la beeper. La Kangoo est plus appropriée pour mes déplacements divers que ce soit à la ville ou à la campagne. La beeper Tepee, c’est exclusivement pour mon Asso et le transport de petits animaux malades. Elle sert d’ambulance animalière également, si urgence. J’ai la possibilité d’y accrocher un Van lorsque c’est nécessaire. Elle se transforme également pour le transport de passager, comme hier.
⦁ Ton garage doit être immense ?!
⦁ Tu vas voir, il est juste ce qui m’est nécessaire.
Répond évasivement David. Puis il ajoute après un bref silence !
⦁ Mets tes bagages à l’arrière, Sacré-Canaille va garder la voiture.
Commande David et propose :
⦁ Tu bois quelque chose sur la terrasse avant de partir ?
⦁ Oui un jus d’orange.
⦁ Alors un jus d’orange et un express, nous sommes pressés.
Lance David au serveur.
⦁ Bien Monsieur !
Effectivement, pendant ce temps, Sacré-Canaille garde les bagages de Pascal dans la voiture. Sacré-Canaille remplit scrupuleusement sa mission. Personne ne peut toucher la voiture. Il attend sagement ses copains. Lorsqu’ils arrivent, David tend une friandise spécial chien à Pascal.
⦁ Donne-le-lui.
Ordonne David, en montrant Sacré-Canaille. Celui-ci en les voyants arrivés, saute et tourne sur lui-même sur le siège avant. David lui explique, quand il fait quelque chose de bien, que tu lui as commandé, il faut le récompenser soit en lui donnant une friandise, soit tu joues avec lui avec son jouet préféré.
⦁ Merci du conseil David.
En montant dans la voiture, Pascal, inquiet interroge :
⦁ Tu crois que Bernadette appréciera ma présence ?
⦁ Ne t’inquiète pas pour elle, elle en a vu d’autres.
Le rassure David en riant. Pascal est tranquillisé pour l’instant, mais reste préoccupé. David lui propose.
⦁ Tu veux un bonbon ?
Pascal se détend et répond
⦁ Oui.
David lui dit
⦁ Dans la boite à gants, il y a toujours des bonbons dans la petite bonbonnière. Prends en un.
En s’installant au volant de la Kangoo, David lui annonce :
⦁ Je dois aller voir à la Fac, s’ils ont besoin de moi.
⦁ Je te croyais en vacances !
S’étonne Pascal.
⦁ Oui, mais ils ont souvent besoin de volontaires parmi les étudiants de dernière année.
⦁ Tu n’as pourtant pas besoin d’argent !
⦁ Ce n’est pas pour l’argent, c’est pour acquérir de la pratique. Pendant les vacances d’été, il y a peu de volontaire, même dans ceux qui sont dans le besoin. Ils préfèrent travailler sur les plages du sud de la France. Car ainsi, ils ont des vacances tout en travaillant, ils ont le gîte et le couvert. Ils ne pourraient pas voyager, sans cette solution.
⦁ Ce n’est pas normal !
S’insurge Pascal
⦁ Bien sûr, mais que veux-tu c’est comme ça ! Tu sais…ce que je gagne à l’université, je le donne à l’Asso. Comme cela je me sens deux fois utile.
⦁ Ouah ! c’est merveilleux !
S’esclaffe Pascal enjoué. David lui annonce le programme du jour.
⦁ Je te dépose chez nous. Tu visiteras l’appartement, et tu t’installeras. Pendant ce temps, je serai à l’association pour voir l’action à mener pour le refuge d’hier. J’irai voir le planning des remplacements à l’école vétérinaires. Ainsi tu auras le temps de mettre en place tes affaires…
« Et prendre tes marques. » pense David.
Ils arrivent devant une grande porte de parking, après avoir dépassé un immeuble cossu, avec de supers balcons sur le Cour Clémenceau. David ouvre le porche avec sa télécommande, accrochée au tableau de bord du véhicule. L’estomac de Pascal se noue une nouvelle fois. « Ce n’est pas possible ! Je vais vivre là ? » Pense-t-il. La voiture entame la descente. Ils sont dans une large allée. Ils descendent, roulent, tournent, sur deux étages pour atteindre l’étage avec deux box. Enfin, au second box, ils s’arrêtent, il porte le numéro vingt-sept. David reprend sa télécommande ouvre la porte. Une autre surprise attend Pascal. Comme le lui avait dit son ami, il y a la Rosita, la Bipper Tepee, un Van et…un camping-car plus quatre places vide ! David gare sa Kangoo à côté de son coupé bleu. Pascal interroge :
⦁ Pourquoi ces places vides ?
S'interroge Pascal.
Seulement dans sa surprise, il ne s’est pas rendu-compte qu’il avait parlé à voix basse. David a entendu malgré tout, et il lui explique :
⦁ Mes parents et moi sommes propriétaire de l’immeuble. Nous, nous réservons ce qui nous est nécessaire. J’en serai le proprio dans dix ans, si les espoirs qu’ils ont mis en moi, sont atteints. Pour l’instant je suis leur locataire privilégié.
Le pauvre Pascal voudrait être ailleurs, un trou de souris serait le bienvenu à cet instant. Il est si oppressé, qu’il n’entend que par brides les explications de David. Et David,… tout décontracté continue son exposé :
⦁ L’une des places est pour la voiture de Bernadette. Les deux autres sont pour mes amis, lorsqu’ils viennent dormir ou faire la fête. Quand tu achèteras ta voiture tu pourras la garer à côté de celle de Bernadette.
⦁ Merci David.
La gorge de Pascal se noue une nouvelle fois. Il pense. Où suis-je tombé. Dans quelle galère me suis-je mis ? C’est tout simplement incroyable ! Il voudrait fuir ! Mais où aller ? Il a un chien maintenant ! Enfin, il faut faire avec ! pense-t-il en soupirant.
Sacré-Canaille perçoit le trouble de son maître, il est à nouveau craintif.
Ils descendent du véhicule, prennent les bagages, les déposent sur le chariot près de la porte de sortie. À côté de l’entré des voitures une petites porte s’ouvre également avec la télé commande du téléphone cette fois ! La porte ouverte, ils sont sur un palier et là…il y a deux ascenseurs un plus petit que l’autre. Chacun s’ouvre par code. Pascal est dans ses petits souliers. La voix de David le fait sursauter.
⦁ Celui de gauche va directement dans les cuisines des appartements, il ne s’arrête pas au rez-de-chaussée. Celui de droite va sur tous les paliers, à côté des portes d’entrées. En raison des bagages nous prenons celui de gauche. Bernadette va bientôt arriver avec ses courses.
Pascal suit comme un zombi. Il parvient à se remettre et interroge.
⦁ Comment font les livreurs, si l’ascenseur ne s’arrête pas au rez-de-chaussée ?
⦁ Ils le prennent, mais par l’entrée de service. La porte du fond s’ouvre simplement. Mais ils ne peuvent accéder au parking, il faut une clé spécial pour atteindre le sous-sol.
David observe Pascal, il devient soucieux et même inquiet. Pascal va-t-il s’adapté ? Se serait-il trompé ? Pourtant il chasse cette idée. Il est plus facile de s’habituer au confort, que l’inverse. Pense-t-il pour se rassurer.
⦁ Montons, je suis au deuxième étage, nous sommes seuls sur le palier, bien qu’il y ait deux portes. L’une est l’entrée officielle, l’autre est l’entrée de service pour Bernadette lorsque, elle reçoit les livraisons spécifiques, lettre recommandée, fleurs, et autres…
Pascal a ce sentiment oppressant qu’il avait à la propriété des parents de David. L’ascenseur est spacieux avec une glace au fond. David lui tape sur l’épaule amicalement et réitère, en voyant Pascal dans les nuages.
⦁ Je te rappelle, je te dépose, je te montre l’appartement, ta chambre provisoire ainsi que celle où tu vivras. Pendant ce temps, je serai à l’association comme je te l’ai dit tout à l’heure, suivi de la Fac. Ainsi, tu auras le temps de t’installer avant le repas.
La porte de l’ascenseur s’ouvre. La cuisine les accueille. Stupéfaction de Pascal et de Sacré-Canaille, la gorge de Pascal se serre à nouveau. Celle-ci est grande et au carré, avec quatre portes fermées. Tous les placards et tiroirs sont en métal inox, seul la cuisinière n’est pas dans un placard. Elle aussi est grande dans le même alliage que les placards. Seul la table et les rideaux occultant sont de couleurs bleus.
⦁ Dépose tes bagages dans le hall de l’entrée, je vais te faire visiter.
Pascal suit David, il est comme sur un nuage. Après avoir déposé toutes ses valises, ils sortent sur le palier.
Les portes sont en chêne massif et sculptées pour la principale. Un rhododendron à droite, et un épicéa à gauche cachant la petite porte de service. Un lierre enroule une colonne unie, et tente de s’inviter sur le vitrail. Pascal est subjugué, il oublie ses craintes. L’artiste qui dort en lui s’éveille à la vue du palier.
Ils reviennent dans le hall de l’appartement, une autre surprise l’attend. Un chat tout nu, sans poil les accueille. Sacré-Canaille et Isis se reconnaissent. C’est la fête.
⦁ Alors Isis, tu t’habitues? voici ton nouveau compagnon. Ainsi en notre absence tu ne seras plus seule.
⦁ Tu crois qu’ils vont s’habituer ensemble ?
S’inquiète Pascal.
⦁ Ils arrivent du même refuge, et presque en même temps. Ils n’auront pas trop de difficultés à s’accepter. Etant donné de ce que j’ai vu de Sacré-Canaille, je crois que l’on ne doit pas trop s’inquiéter.
Effectivement pendant la visite de l’appartement, les deux adoptés ont suivi leur maître respectif. Un grand salon beige avec un canapé ivoire et noir en cuir, un grand cygne en verre fait office de table basse et de minibar. Une bibliothèque en verre fait office de mur de séparation avec la salle à manger. Près de la cuisine se trouve la salle à manger. Elle est sobre mais elle aussi est grande dans la sobriété luxueuse, que celle des parents. David lui explique, toutes les habitudes de la maison. Pascal semble être sur un nuage. Cependant, une chose le ramène à la réalité et le surprend, lorsque David passe devant une porte discrète.
⦁ Qu’est-ce?
⦁ Les invités se servent de ce cabinet de toilettes, pour se rafraîchir où leur commodité.
Le renseigne David.
⦁ Ce n’est pas les même que nous ?
⦁ Bien sûr que non. Chacun à son privé. Nous arrivons aux chambres d’amis. Celle-ci est pour un couple avec bébé. Celle-là est pour un célibataire. Maintenant voici celle que tu occuperas pendant quelques temps. Elle est prévue pour un couple sans enfant. Ainsi tu pourras recevoir Claudine.
Lui annonce-t-il malicieusement.
⦁ Elle est magnifique cette chambre! Mais toi, où dors-tu ?
⦁ Ma porte est face à la tienne. C’est un petit appart privé. C'est-à-dire mon bureau, un petit coin salon et au fond c’est ma chambre.
En découvrant la pièce qui lui servira de chambre, l’étonnement de Pascal continue, il a le souffle coupé. Cette chambre spacieuse aux tentures et dessus de lit rayé orange et marron, n’a pas d’armoire, lui semble-t-il. Il n’y a seulement des panneaux avec glaces, comme dans la célèbre galerie des glaces à Versailles!
C’est à ce moment-là que nos deux petits larrons choisissent pour se mettre en scène. Sacré-Canaille semble connaître les miroirs, il se met à faire des singeries en tout genre. Il commence par faire des mimiques. Il imite les hommes devant leur glace ! Assis sur son derrière, il se dresse et voilà qu’avec ses pattes, il tire sur ses yeux, puis c’est les lèvres de sa gueule qu’il étire, d’abord celle du dessus, puis les deux. Isis le voyant, a d’abord du mépris, puis elle hésite et commence par faire un sourire en montrant ces dents blanches. Puis il essaie les mêmes mimiques.
David n’a jamais vu ça ! Pascal et David s’assoient sur le lit en éclatant de rire. Ils en ont des larmes aux yeux.
⦁ Je crois que nous n’avons pas à nous en faire hi !hi !!
⦁ Tu as bien raison Hal !ha !
⦁ Où puis-je ranger mes affaires ?
Interroge le malheureux Pascal.
⦁ Tu vois tous ces ronds dans les glaces, ce sont des boutons de portes ou tiroirs. Appuie dessus et la porte ou le tiroir s’ouvre.
⦁ Çà alors ! Ce n’est pas banal !
⦁ Maintenant nous allons voir la chambre que tu auras bientôt et qu’il te faudra aménager à ton gout.
Pascal n’est pas au bout de ses surprises. Sa chambre définitive est à côté de la cuisine. Elle a trois portes avec poignée. La pièce est vide. Un placard mural est en bois brut, imagine Pascal. Seulement, ce sont les commodités, comme l’avait prévenu son ami. « Bouhou ! La pauvre femme de ménage ! » David reprend la parole
⦁ je cherchais un ami pour loger dans cet appartement avec moi. Je n’aime pas la solitude complète. J’aime une présence, sans en être prisonnier. Pour que cet ami se sente chez lui, j’ai prévu cette pièce vide. C’est pourquoi tu mettras ton mobilier, et ta déco. Ainsi tu seras chez toi. Tu as deux possibilités de sortie. Une par la porte de service, l’autre donne sur le hall sans être obligé de passer dans l’appartement.
⦁ Et la troisième ?
⦁ Sur la cuisine.
Au regard interrogatif de Pascal, Il précise
⦁ La cuisine a une porte directe dans la salle à manger, une porte pour aller à celle de l’ascenseur de service, et bien sûr celle du couloir interne. Ainsi tu peux faire ta cuisine, si tu invites tes amis, et même y manger les Week-end si tu le veux en mon absence. Je suis un Weekend sur deux chez mes parents.
Précise-t-il.
⦁ C’est formidable ! Merci David !
Réplique Pascal soudain décompressé. David lui rappelle en lui tendant une carte publicitaire.
⦁ N’oublies pas, tu passeras à l’Asso pour t’inspirer une bonne pub. Je te fais livrer une table à dessin et un bureau. Voici le catalogue pour choisir ce que tu as besoin. Puis un exemplaire du journal des jeunes de Maxéville. C’est cela ton loyer. Suis-moi, une visite rapide de l’immeuble s’impose.
David semble mystérieux à Pascal. Pourtant il n’en est rien. Ils prennent à nouveau l’ascenseur. Celui-ci est moins spacieux. Il est recouvert d’une moquette, façon velours or, avec une glace au fond comme précédemment. La porte s’ouvre, sur un hall de marbre rose sculpté, et de glaces aux murs, comme sur le palier de David. Les jeunes gens se dirigent vers la loge. David frappe à la porte, elle s’ouvre et…
⦁ Madame Maria je vous présente Pascal Telavi et son chien Sacré-Canaille. Ils vont vivre avec moi et sa petite amie sera souvent là.
Se tournant vers Pascal, il lui dit :
⦁ Tu prendras le courrier tous les matins le tien et le mien. C’est notre chère Maria qui a la charge de réceptionner et distribuer le courrier.
⦁ Bien Monsieur Basileus.
Ponctue la gardienne d’immeuble.
⦁ Enchanté de faire votre connaissance Maria.
Bredouille Pascal. Maria sourit et répond.
⦁ Bienvenue dans notre immeuble monsieur Telavi.
⦁ Maintenant je te montre l’entrée et te donne le code. Note le bien dans la tête. Voici le double des clefs de l’appartement.
⦁ Maintenant je te laisse t’installer. Je file pour régler mes affaires. à mon retour, on déjeune ensemble. Bernadette aura fait notre repas. Tu la verras lorsque, elle viendra nous servir, et je te la présenterai.
⦁ Merci David
⦁ Arrête de me dire Merci David ! Au fait tu as rendez-vous avec Claudine ?
⦁ Oui,
⦁ Ça marche bien tous les deux !
Dit-il le sourire aux lèvres. Pascal intervient pour rappeler.
⦁ Vous avez prévu quelques choses pour cet après-midi je crois …
Devant l’expression de surprise de David, Pascal ouvre la bouche quand soudain, David dit.
⦁ Ah, oui ! nous devions aller à Honfleur !
Se souvient David en se tapant le front il répète.
⦁ Ah oui ! c’est vrai. Ok c’est la fête. Alors à tout à l’heure, et donne mon adresse à Claudine, qui est désormais la tienne.
Il s’arrête, cherche dans sa poche intérieure de sa veste. Sort une carte et lui dit :
⦁ Voici ma carte de visite. Si tu as besoin tu me téléphones ou envoie-moi un sms.
La joie est dans le cœur des deux jeunes gens. La carte de visite dans la poche, Pascal remonte seul dans l’ascenseur. Cette fois, il réagit et voit enfin la vraie beauté du palier. La grande plante verte sur le coin de la porte à côté de l’escalier est un rhododendron et la plante plus petite entre les deux portes un épicéa. La petite porte mène au service, c’est-à-dire à la cuisine de Bernadette. Elle est près des vitraux aux dessins de style cubique. Enfin seul… Il apprécie le charme de cette bâtisse d’après-guerre. Contrairement à ce qu’il imaginait en arrivant, il s’habitue rapidement à cette nouvelle vie. Il est vrai, il est seul. Leurs solitudes les unies. Comme David il pense : il est plus facile de s’habituer d’un habitat ordinaire, vers un de luxe que le contraire. Le palier est du même marbre rose que dans le hall.