18 Juillet 2019
« Nous avons atteint un seuil critique ici. Les gens veulent la liberté religieuse et ils le veulent maintenant. »
Plus de 1000 personnes sont réunies en ce moment à Washington pour le deuxième sommet pour la liberté religieuse. Hommes politiques, représentants d’organisations et survivants de la persécution, issus de 115 pays et de religions différentes, sont présents pour faire progresser la liberté religieuse dans le monde. Pour les experts, il s’agit du plus grand événement jamais organisé dans ce domaine.
C’est le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo qui a convoqué cette conférence internationale et qui a invité « des pays qui souhaitent améliorer la liberté religieuse dans leur propre pays » :
« Tous les peuples du monde doivent être autorisés à pratiquer leur religion ouvertement, dans leur maison, dans leurs lieux de culte, sur la place publique, et croire ce qu’ils veulent croire. »
Pour Sam Brownback, ambassadeur de la liberté religieuse dans le monde, la question est urgente :
« Nous avons atteint un seuil critique ici. Les gens veulent la liberté religieuse et ils la veulent maintenant. »
Le sommet a mis à l’honneur 30 croyants qui ont souffert de persécution religieuse. Chacune de ces victimes a pu témoigner de ce qu’elle a vécu. Parmi elles, 13 chrétiens, dont Andrew Brunson, accueilli avec beaucoup d’enthousiasme étant donné que son cas avait été au centre des préoccupations du premier sommet, l’année dernière. Leurs récits ont été relayés par Christianity Today.
Turquie : Andrew Brunson avait été accusé de « mettre en danger la sécurité nationale » en 2016. La famille résidait alors en Turquie depuis 20 ans où elle s’occupait d’une communauté chrétienne à Izmir. Son procès a eu lieu en 2018. Bien qu’on l’accusait de soutenir des organisations terroristes, il n’a cessé de clamer son innocence. Son cas était au centre d’un litige entre les États-Unis et la Turquie. Il a finalement été libéré en octobre 2018.
Chine : Ouyang Manping, l’épouse du pasteur Su Tifan, est venue représenter son mari. Il est toujours en détention administrative depuis le 9 décembre 2015.
Cuba : Le révérend Mario Félix Lleonart Barroso, actuellement réfugié aux États-Unis avec sa famille, a subi des années de persécution. Il a été arrêté et détenu à de nombreuses reprises à cause de ses activités religieuses. De leur côté, les pasteurs Moises de Prada Esquivel et Alida Leon Baez n’ont pas pu se rendre au sommet. Ils devaient représenter l’Alliance des Églises évangéliques de Cuba, mais ils ont été bloqués à l’aéroport par la sécurité. Il en est de même pour le révérend Alain Toledano Valiente.
Égypte : Demania Kamal Youssef Shehata Hanna a survécu à l’attaque de 3 bus de chrétiens coptes dans la province d’al-Mynia. Les fidèles se rendaient dans un monastère isolé dans le désert. L’attaque avait fait 7 morts et 16 blessés. Hanna avait pu parler aux assaillants.
Érythrée : Helen Berhane a été enfermée dans un conteneur pendant près de 3 ans. Elle est désormais chanteuse de gospel et a écrit un livre, Le chant du rossignol, où elle raconte les conditions de sa détention.
Malaisie : Susanna, l’épouse du pasteur Koh était présente pour le représenter. Il a été « enlevé par des agents de l’État » en 2017. Victime de « disparition forcée par des agents de l’État », il aurait donc été enlevé par la section spéciale de la police pour avoir fait du prosélytisme auprès des musulmans.
Iran : Mojtaba Hosseini dirigeait un mouvement d’églises de maison en Iran quand il a été condamné en 2009, puis emprisonné en 2012. Il a été libéré en 2015.
Irak : Thabet Habib Yousif est un prêtre chaldéen de Karamles. Il a subi la persécution de l’État Islamique, mais a préféré resté dur place pour s’assurer que les fidèles de sa communauté soient tous en sécurité. Lors de la libération de Karamles, il s’est immédiatement rendu sur place pour reconstruire la ville.
Nigéria : Esther est reste captive de Boko Haram pendant plus de 3 ans. Elle a été le témoin de la mort de nombreuses personnes et a été victime de violence sexuelle mais elle a réussi à s’échapper avec l’aide de l’armée nigériane. Mais de retour chez elle, enceinte, elle est marginalisée. Sa fille est « un enfant de Boko Haram ». C’est un médecin chrétien qui l’a aidé à renouer le contact avec sa famille.
Corée du Nord : Ill Yong Joo a vécu son enfance en Corée du Nord. Il écoutait alors une radio chrétienne, ce qui a encouragé sa famille à fuir. Ce voyage à travers l’Asie du Sud-Est a duré 5 mois. Son père est désormais missionnaire en Corée du Sud.
Sri Lanka : Matt Linsey est le père de 2 victimes de la série d’attentats qui a eu lieu au Sri Lanka à Pâques. Revendiquées par l’État Islamique, ces attaques avaient causé la mort de plus de 250 personnes.
Soudan : Meriam Yahia Ibrahim a été accusée d’apostasie et d’adultère en 2014 car elle avait épousé un chrétien. Bien que sa mère soit chrétienne, son père était musulman. Elle a refusé de renier sa foi et a été condamnée à la peine capitale. Elle a été arrêtée alors qu’elle tentait de quitter le pays. Depuis sa libération, elle vit aux États-Unis.
Vietnam : le pasteur Ga a subi plusieurs détentions et plus de 40 interrogatoires de police. Il a été torturé. Il est désormais réfugié avec sa famille aux États-Unis.
À leurs côtés, des victimes de persécution issus d’autres religions ont témoigné également, comme le docteur Farid Ahmad, survivant de l’attentat de Christchurch, Jeffrey Myers, rabbin de la synagogue de Pittsburgh, où 11 personnes ont été tuées lors d’une fusillade en octobre dernier.
M.C.
Au Pakistan, l’histoire semble se répéter inlassablement. À nouveau, deux jeunes chrétiens, Noman Asghar et Sunny Mushtaq, viennent d’être accusés de blasphèmes. Ils auraient reçu des dessins blasphématoires à l’égard du prophète Mahomet, sur leurs téléphones portables via Whatsapp.
Selon Bruce Allen, directeur exécutif international de Forgotten Missionaries International, c’est un musulman qui leur a envoyé ces croquis. S’ils sont reconnus de blasphème, ils risquent la peine de mort.
Il tient à rappeler la « naïveté » de certains chrétiens pakistanais qui ne soupçonnent pas le mal :
« De nombreux chrétiens sont simplement naïfs au sujet des intentions perverses de leurs voisins. Ils ne soupçonnent pas que quelque chose de la sorte se produise. Par exemple, on reproche souvent aux chrétiens d’utiliser des pages du Coran comme combustible pour leur feu. Ils mettraient le feu à des pages du Coran pour faire bouillir de l’eau, par exemple. Ce qui est, je trouve, tellement ironique… La grande majorité des chrétiens au Pakistan sont illettrés. Ils ne possèdent même pas de livres, encore moins un Coran. Ils n’auront pas le Coran sous la main pour en extraire des pages. »
Bruce Allen précise que le soutien des chrétiens de la communauté internationale est fondamental pour ces victimes :
« Lorsqu’ils entendent dire que nous prions, lorsque nous transmettons les messages écrits sur la page Facebook de Mission Network News ou d’autres commentaires, ils réalisent que, wow, le corps de Christ est fort dans le monde entier. C’est vraiment très encourageant pour eux. »
M.C.
Source : Mission News Network
Crédit Image : Asianet-Pakistan / Shutterstock.com