Seigneur, parle-moi par tes paraboles ! Révèle-moi les « choses cachées depuis la fondation du monde » (Mt 13, 35) ! Montre-moi surtout le fond caché de mon cœur, les racines du mal qui m’empêchent de me donner totalement à toi ! Je ne veux vivre que pour toi, Seigneur !
Seigneur, donne-moi la patience nécessaire pour travailler avec toi, jour après jour, au salut du monde !
1. Cette parabole de l’ivraie est la troisième des sept paraboles du Royaume que l’Évangile de saint Matthieu me rapporte. Dans la parabole du semeur, je voyais déjà quelques obstacles au travail de la grâce de Dieu en moi : le bord du chemin, le sol rocailleux et les épines sont les attitudes inadéquates qui empêchent la Parole de Dieu de germer dans mon âme. Mais si le grain tombe sur la bonne terre, alors il peut porter beaucoup de fruits. C’est justement de cette bonne terre dont parle aujourd’hui la parabole de l’ivraie. Même si je reçois la parole de Dieu avec une bonne attitude, même si je montre un désir sincère de me convertir, même si je m’engage à suivre la volonté de Dieu, tout n’est pas réglé pour autant. Dans cette bonne terre, le bon grain peut être mêlé à de l’ivraie.
Les foules qui écoutaient Jésus savaient bien ce qu’était l’ivraie : une plante envahissante, semblable au blé, dont un peu de farine mêlée à celle du blé pouvait empêcher la fermentation de la pâte. Il était d’autant plus difficile de s’en débarrasser qu’on s’apercevait trop tard de sa présence, lorsque l’herbe devenait un épi. Il était alors très risqué de l’arracher car on pouvait aussi abîmer le blé. Mon âme est comme ce champ de blé où l’ivraie est mêlée au bon grain : malgré des années de vie de prière et la ferme résolution de vivre pour Dieu, combien de défauts et d’attitudes égoïstes ! Combien d’empreintes du démon ! Combien de péchés ! Comme saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas . » (Rm 7, 19). Que dois-je faire ?
2. La fin de la parabole m’indique la route à suivre. Le Seigneur m’invite à la patience : « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. » Dieu laisse toujours une deuxième chance. Il ne foudroie pas le pécheur à la première incartade, il lui laisse toujours l’occasion de revenir vers lui. Malgré toute cette ivraie dans mon âme, il me laisse vivre, il me donne chaque jour des occasions de grandir dans ma foi, de faire de bonnes actions, de laisser ainsi les épis de blé fructifier et se gorger de grains. Le pape François répète souvent que le temps est plus important que l’espace, qu’il faut préférer lancer des processus à long terme plutôt que de vouloir des résultats immédiats (Cf. Evangelii gaudium, 222-225).
Le jour de la moisson, quand je me trouverai face à face avec le Christ, c’est alors que tout le mal qui est en moi sera enlevé et brûlé, tandis que le bien sera récolté et amassé. D’ici là, je ne dois pas me fixer sur mes défauts, mais sur les bonnes actions que je peux ajouter chaque jour à mon actif. Et surtout, une chose doit être claire : le doute sur la pureté de mes intentions ne doit pas m’empêcher de continuer à accomplir le bien. C’est ce que dit le saint moine du Liban, saint Charbel : « Rendez le bien pour le mal, mais ne prenez pas l’amour comme prétexte pour vous dérober à l’affrontement du mal. Le laboureur ne s’arrête pas devant les pierres comme prétexte pour cesser de labourer. N’ayez pas peur, le mal se détruit lui-même . » (Extrait d’une homélie de saint Charbel).
Seigneur, que chaque jour qui me reste à vivre sur terre me voie lutter volontairement à tes côtés pour vaincre le mal par le bien ! À ma mort, reçois-moi dans la paix !
Aujourd’hui, je ne me lamenterai pas sur ma faiblesse, mais je me concentrerai sur le bien que j’aurai fait, en demandant à l’Esprit Saint sa consolation.