Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Heureux vous les pauvres car le Royaume de Dieu est à vous»
(Luc 6, 20): une béatitude qui était le thème de cette édition 2019
du Pèlerinage national de Lourdes. La pauvreté semble s’inscrire
dans “l’ADN” des sanctuaires de Lourdes, où ceux qui l’éprouvent
sous ses diverses formes (physique, sociale, psychologique…) sont
accueillis avec humanité, sous le regard aimant de la Mère de Dieu.
Les pèlerins éprouvés trouvent «une forme de réponse de tendresse»
dans ce sanctuaire marial, comme le rappelle Mgr Luc Ravel.
Pour celui qui a présidé le 146e Pèlerinage national, ces cinq jours
étaient l’occasion d’expliquer plus en détail les trois aspects de la béatitude lucanienne: pauvreté, richesse, joie… Et de les voir incarnées, en particulier
par les centaines de jeunes au service des malades. À travers les gestes de fraternité et de compassion, «on sent que le Royaume de Dieu est tout
proche», témoigne ainsi l’archevêque de Strasbourg. Il est également
touché par la «grande sérénité» qui règne, malgré l’affluence.
«Chacun se respecte, chacun se met au service les uns des autres»,
note-t-il.
Une affluence confirmée par les chiffres: environ 8 000 pèlerins et
hospitaliers ont participé au Pèlerinage national, dont 800 personnes
malades, âgées ou handicapées. Les organisateurs ont constaté cette
année une croissance d’environ 18 % du nombre de pèlerins et de
16 % du nombre de bénévoles. Pour l’expliquer, Mgr Ravel avance
deux hypothèses: d’une part le succès du film documentaire Lourdes
paru en France au mois de mai. D’autre part cette «quête de Dieu»
que l’on voit renaître chez les jeunes, «et qui nous invite à devenir
pèlerin».
Concernant la spiritualité, l’archevêque de Strasbourg observe un
autre phénomène: le retour d’une «religion populaire», c’est-à-dire
d'une «religion qui peut s’adresser à tous», et où «chacun trouve sa
nourriture», quel que soit son âge, son milieu social ou professionnel.
«Ne parlons pas de religion simpliste. Il n’y a pas de syncrétisme,
c’est clair», tient à souligner Mgr Ravel, rappelant aussi l’attachement
du Pape François à cette religion populaire.
«On gagnera beaucoup à revenir non pas à de petits groupes élitistes,
mais à des choses qui peuvent être vécues en même temps par tout
le monde – pèlerinages, marches, célébrations…», et où
«tout le monde trouve sa place», plaide-t-il.
L’archevêque de Strasbourg se réjouit donc que Lourdes et d’autres
sanctuaires montrent par leur vitalité que «nous ne devons pas
abandonner la religion populaire», spécialement en France.