Sergio Centofanti - Cité du Vatican
Par ce chirographe du Saint-Père, les statuts de l'IOR sont
renouvelés ad experimentum pour deux ans. Ce n'est pas la
première fois que la «banque du Vatican» est soumise à une
réforme: de premiers changements avaient eu lieu en 1944,
sous Pie XII, deux ans après la création de l'IOR par ce même
souverain pontife. Saint Jean-Paul II a ensuite approuvé de
nouveaux statuts en 1990, pour mieux adapter la banque
«aux exigences de son temps».
Le but de l'Institut reste inchangé, à savoir «assurer la garde et
l'administration des biens meubles et immeubles transférés ou
confiés à l'Institut par des personnes physiques ou morales et
destinés à des œuvres de religion ou de bienfaisance».
L'une des principales nouveautés est l'introduction d'un
commissaire aux comptes externe, pouvant être une personne
physique ou une société. Il devra vérifier les bilans financiers
conformément aux normes internationales reconnues. Les
organes de l'Institut ne comprennent donc plus les trois auditeurs
internes, dont les mandats ont toujours été renouvelables. Le
commissaire aux comptes est nommé par la Commission
cardinalice sur proposition du Conseil de surintendance.
Il exerce ses fonctions pour une période de trois exercices
financiers consécutifs, renouvelable une seule fois. Chargé du
contrôle légal des comptes, il exprime «son opinion sur les
comptes de l'Institut dans un rapport spécial», «il examine tous l
es livres et documents comptables», «il reçoit de l'Institut et peut
lui demander toute information qui serait utile à son activité de
contrôle».
Les organes de l'IOR passent de cinq à quatre. Il y a d'abord la
Commission des Cardinaux. Elle sera composée de cinq cardinaux
nommés par le Pape pour une période de cinq ans, qui ne peut
être confirmée qu'une seule fois. Avant, leur mandat était
toujours renouvelable.
Conseil de surintendance
Le Conseil de Surintendance sera composé de sept membres
(contre cinq auparavant) nommés pour une période de cinq
ans par la Commission cardinalice, et ne pouvant confirmés
qu'une fois. Le Conseil peut instituer en son sein «des comités
consultatifs spéciaux afin de recevoir un soutien adéquat dans
la prise de décisions sur des questions spécifiques».
Le Président du Conseil de Surintendance, nommé par la
Commission cardinalice, est le représentant légal de l'IOR.
Le Prélat
Le Prélat, nommé pour cinq ans par la Commission cardinalice,
est maintenant confirmé une seule fois. Le nouveau statut
précise en détail sa tâche, qui est de promouvoir la
«dimension éthique» des administrateurs et des employés,
afin que leur travail soit conforme aux principes catholiques
et à la mission de la “banque du Vatican”. Il veillera à
maintenir des échanges constants avec tout le personnel de
l'IOR.
La Direction
Le quatrième organe de l'IOR est le Conseil d'administration.
Le directeur général peut être nommé pour une durée
déterminée (pour une période de cinq ans et ne pouvant
confirmé qu'une seule fois) ou pour une durée indéterminée:
dans tous les cas, il cesse ses fonctions à 70 ans. Auparavant,
pour des raisons exceptionnelles, il pouvait dépasser ce seuil.
Selon les nouveaux statuts, le remplacement d'un membre
peut avoir lieu non seulement en cas de décès, mais aussi
lorsqu'il «devient incapable ou cesse prématurément d'exercer
ses fonctions pour quelque raison que ce soit».
Un paragraphe sur le personnel vient combler une lacune du
statut précédent. «Tous les employés de l'Institut sont tenus
d'avoir un droit exclusif à l'emploi pendant leur période
d'emploi. Ils ne peuvent exercer aucune autre activité de
bureau et/ou de conseil, rémunérée ou gratuite, ni aucune
activité commerciale, ni y participer à quelque titre que ce soit,
à l'intérieur ou à l'extérieur de l'État de la Cité du Vatican».
«Tous les employés doivent se conformer à la charte d'éthique
approuvée par le Conseil de surveillance», peut-on lire également.
Autre nouveauté: l'introduction d'un Secrétaire unique du Conseil,
doté d'une formation juridique adéquate; il est responsable de
l'enregistrement des réunions du conseil d'administration et des
comités, et de la rédaction de leurs procès-verbaux. Des règles
plus strictes sont également mises en place concernant les
procès-verbaux.
L'IOR n'a pas de filiales ou de succursales. Il est rappelé que la
responsabilité de la garde et de l'administration des biens reçus
est régie non seulement par les règles de l'État de la Cité du
Vatican, par le Statut et le Règlement d'application, mais aussi
par les règles du droit canonique. En cas de nécessité avérée,
les réunions du Conseil de surintendance peuvent se tenir par
des moyens de communication tels que la téléconférence.
En juin dernier, la “banque du Vatican” a publié son bilan
de l'année 2018, enregistrant un bénéfice de 17,5 millions
d'euros (contre 31,9 millions en 2017); cette somme est
dévolue au Pape. Ce résultat, bien que nettement inférieur
à celui de l'année précédente, a été atteint «malgré la forte
turbulence des marchés» et «la persistance de taux d'intérêt
encore très bas», précisait alors une note de l'IOR.
Le président de la Commission cardinalice de l'IOR,
le Cardinal Santos Abril y Castelló, expliquait quant à lui
que la banque «s'est récemment trouvé dans une phase
d'ajustement et de clarification qui implique parfois aussi des
sacrifices. Tout cela avec la volonté résolue de créer une
situation pleinement conforme à la pratique d'une direction
éthique indispensable, comme le souhaite le Saint-Père.
De grands progrès ont été réalisés dans cette direction»,
estimait-il. L'IOR a en effet réalisé des investissements
«visant à encourager le développement des pays les plus
pauvres» et a «contribué à la mise en œuvre de nombreuses
activités caritatives et sociales». pouvait-on lire dans la note.
Selon le rapport 2018, la “banque du Vatican” compte 14 953 clients, répartis comme suit: ordres religieux (53%), dicastères de la Curie romaine, bureaux du Saint-Siège, de l'État de la Cité du Vatican et des nonciatures apostoliques (12%), conférences épiscopales, diocèses et paroisses (9%), entités du droit canon (8%), cardinaux, évêques et clergé (8%), employés et retraités du Vatican (8%), autres sujets, dont fondations du droit canon (2%).