Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
“Élevons la voix pour l’Amazonie”, ainsi s’intitule le message signé par les cinq
principaux responsables du CELAM – Mgr Miguel Cabrejos Vidarte (Pérou,
président du CELAM), le cardinal Odilo P. Scherer (Brésil), le cardinal Leopoldo
J. Brenes (Nicaragua), Mgr Rogelio Cabrera Lopez (Mexique) et Mgr Juan
Carlos Cardenas (Colombie).
Informés des «terribles incendies qui brûlent de larges portions de la flore et
de la faune en Alaska, au Groenland, en Sibérie, aux îles Canaries, et particulièrement en Amazonie», les prélats veulent exprimer leur
«préoccupation face à la gravité de cette tragédie qui n’a pas seulement
un impact local, ni même régional, mais des proportions planétaires».
Ils demandent ensuite aux gouvernements des pays situés sur le territoire de
la forêt amazonienne, en particulier «le Brésil et la Bolivie», ainsi qu’aux
«Nations Unies et à la communauté internationale de prendre des mesures
sérieuses pour sauver le poumon de la planète. Ce qui se passe en Amazonie
n’est pas une affaire seulement locale, mais de portée mondiale», insistent-ils.
«Si l’Amazonie souffre, le monde souffre», résument les évêques.
Ils évoquent également le prochain Synode sur l’Amazonie, qui suscite de «l’espérance». Une espérance toutefois «ternie par la douleur
provoquée par cette tragédie naturelle». «À nos frères les peuples
indigènes qui habitent ce territoire bien-aimé, nous exprimons toute
notre proximité et nous unissons notre voix à la leur, pour crier au
monde [en demandant] la solidarité et une prompte attention, afin
d’arrêter cette dévastation», peut-on lire.
En conclusion de leur message, les prélats latino-américains rappellent
les mots du Pape François, prononcés lors de l’homélie de la messe
solennelle d’inauguration de son pontificat: «Je voudrais demander,
s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité
dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes
et à toutes les femmes de bonne volonté: nous sommes “gardiens”
de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de
l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de
destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde !».
Les incendies qui touchent la forêt amazonienne depuis début juillet sont
d’une ampleur exceptionnelle. Les feux ont gagné en intensité ces derniers
jours, notamment au Brésil, qui possède 60% de la surface du “poumon
vert” de la planète. Pour l’heure, il n'est pas possible d'évaluer l'étendue
des dégâts. Plusieurs régions sont concernées, comme l'État de Rondonia,
celui d'Amazonas, de Roraima ou encore l'État du Mato Grosso. Le 19 août
dernier, la ville de Sao Paulo s'est même retrouvée dans le noir, en plein
jour, en partie en raison des fumées.
Le phénomène des incendies enregistre une croissance inquiétante au
Brésil: selon des chiffres de l'Institut national de recherche spatiale (INPE),
depuis janvier 2019, 72 843 départs de feu ont été enregistrés dans le
pays, contre 39 759 en 2018, soit une augmentation de 83%. La
progression de la déforestation et une importante sécheresse
expliqueraient en grande partie cette hausse.
En Amérique du Sud, le Brésil est le pays le plus touché par les feux de
forêt en 2019, suivi par le Venezuela (26 453) et la Bolivie (16 101),
d’après les chiffres donnés par BFM TV.