La zone est déserte, loin de la première route carrossable. Il faut marcher plus d’une demi-heure sous un soleil de plomb avant d’apercevoir l’entrée du complexe pénitentiaire d’Ashufera.
Dans le «goulag érythréen»
Au camp d'Ashufera, les prisonniers sont confinés dans… des tunnels! Seules leurs portes sont visibles.
«Il est difficile d’imaginer la chaleur, l’humidité et les conditions de vie à l’intérieur de ces souterrains sombres et certainement mal ventilés»
C'est ce que nous confie un chrétien anonyme qui s'est secrètement approché du camp. Il se demande également: «Les adultes peuvent avoir une certaine force mentale pour les aider à survivre, mais qu’en est-il des enfants? Quel espoir reste-t-il à ces chrétiens? Savent-ils que d’autres prient pour eux au dehors?»
Deux grandes vagues d'arrestations
La première grande arrestation a eu lieu le dimanche 23 juin à la Faith Mission Church of Christ, dans la ville de Keren. C'était la seule église restée ouverte. L’école gérée par l’église a été fermée. Les autorités ont rassemblé 70 chrétiens (35 femmes, 25 hommes et 10 enfants) et les ont emmenés au complexe pénitentiaire d’Ashufera, dans les tunnels.
Le dimanche 18 août, les autorités ont également arrêté 80 chrétiens de Godayef, un quartier d’Asmara proche de l’aéroport.
«Nous continuerons à suivre Jésus!»
Le 16 août, six chrétiens de Keren ont été emmenés devant un «tribunal informel» au centre de commandement militaire d’Asmara, la capitale. Quand le juge leur a demandé de renoncer à leur foi, ils ont répondu avec audace: «Nous ne négocierons pas notre foi et nous continuerons à suivre Jésus», rapporte une source qui reste anonyme pour des raisons de sécurité.
On estime à plus d’un millier le nombre de chrétiens emprisonnés dans des conditions effroyables. Mais, malgré les risques, l’Église garde espoir. Des communautés ont même vu de nouveaux chrétiens se joindre à elles. «Le fait que des chrétiens gardent la foi après de dures années de prison est pour beaucoup une preuve de la fidélité et de l’action de Dieu», explique un responsable d'église.