Bénis, Seigneur, cet instant que je vais passer avec toi.
Accorde-moi la grâce de la prière pour que, offert dans l’effort ou l’aisance, cet instant soit entièrement tourné vers toi.
1. « Je vous donnerai ce qui est juste. »
Dieu ne nous promet rien d’autre que cela. Il ne nous est pas promis une quantité, ce n’est pas un code pénal ou un contrat de travail qui nous a été révélé, mais l’Évangile. Une bonne nouvelle : Dieu fait justice. L’espérance de la vie éternelle est cette justice rendue à chacun selon son mérite. Un jugement rendu par celui qui nous connaît au plus profond de notre âme (Cf. Ps 138) ! Comment dès lors pourrions-nous la quantifier, prétendre la connaître, et même la comprendre complètement ? C’est d’abord un acte de foi que d’y croire au quotidien et de s’abandonner à elle en ce qui nous concerne et en ce qui concerne les autres.
2. « Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? »
Il est difficile de renoncer à prononcer notre jugement sur les autres, ce qui leur revient. La justice de Dieu n’est pas de ce monde, faut-il en vouloir à Dieu de l’inégalité de certaines situations ? La dureté de ce monde provient du péché originel, pas de la passivité ou de l’absence de Dieu en ce monde. Mais cet Évangile insiste surtout sur la difficulté à nous réjouir pour notre prochain quand sa situation semble crier la misère de la nôtre. Que savons-nous de leur douleur quand nous pleurons sur la nôtre ? Les premiers ouvriers parlent de leur fatigue, mais ils n’imaginent pas l’angoisse et la fatigue de ceux qui ont attendu sous le même soleil toute la journée dans la crainte de ne rien rapporter pour leur famille. Dieu seul sait les drames intimes ou les héroïsmes intérieurs que personne n’applaudira. Essayons de regarder les autres dans cette idée.
3. « Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »
C’est une phrase usée et répétée. Souvent on l’applique au rang social que nous occupons. Pourtant, dans cette situation, il ne s’agit pas vraiment de rang de considération, mais de rang d’embauche... d’ancienneté, de mérite. Il s’agit d’un décompte des heures, du temps donné au maître. N’est-ce pas ainsi que nous nous positionnons par rapport à Dieu ? Pourtant il n’y a pas de points de retraite à accumuler. Dieu nous regarde. Tout simplement. Et avec cette science qui est la sienne, il connaît l’intensité de notre recherche, de notre volonté, de notre foi. Il faut accepter que cela ne se compte pas, que cela ne relève pas de nos stratégies humaines. Dieu ne compte pas, il sait. Et c’est un immense soulagement de se dire qu’un jour quelqu’un saura tout de ces peines, de ces difficultés, de ces recherches épuisantes et insignifiantes aux yeux des autres. C’est un immense soulagement quand nous voyons nos efforts jamais reconnus, quand nous ne comprenons pas que le mal commis soit parfois si bien récompensé. Dieu sait. Mais c’est aussi un rappel à la clémence lorsque nous méprisons le fautif. La foi des autres comme la nôtre n’est pas à vendre ou à estimer ni à négocier. Ce que Dieu nous a promis, c’est la justice. Notre acte de foi consiste à nous abandonner à elle.
Dépouillé des réalités matérielles de la foi, je veux me présenter, Seigneur, devant toi, tout simplement comme ton enfant, ici et maintenant. Tu nous a créés, et nous sommes à toi. Viens soulager nos misères, nos colères, de ton regard qui sait tout. Ces innocences blessées nous rapprochent de ta propre souffrance, qu’elles puissent aussi nous rendre plus justes, avec ton regard, vis-à-vis de nos pairs.
Je pense à une situation où je me sens insulté, une situation qui me met en colère à cause d’une injustice. En posant un acte de foi, je la remets à Dieu et il saura m’en montrer la voie de sublimation si je le lui demande.
Je prie pour les personnes contre qui j’ai de la rancune dans cette situation. Je te prie, Seigneur, de me donner la consolation que ces personnes me refusent. Délasse mon amertume, apprends- moi à pardonner et assouplis leur cœur.