Seigneur Jésus, pendant ce moment de prière, je voudrais faire une radiographie de mon cœur. Je voudrais identifier mes préoccupations les plus dominantes et mes désirs les plus profonds. Et si je remarque qu’ils m’éloignent de toi, je t’en prie, prends mon cœur et transforme-le ! Entraîne-moi vers toi !
Seigneur Jésus, fais grandir mon amour pour toi !
1. Dans la parabole du festin nuptial, Jésus veut montrer aux pharisiens ce qui est vraiment important. Le but de la vie, la seule chose qui puisse satisfaire ma soif de bonheur, c’est le ciel, la vie éternelle, l’union définitive avec Dieu. C’est un bonheur tellement infini que je suis incapable de me l’imaginer. J’ai besoin de passer par des images. Ici, le Christ décrit le ciel sous la forme d’un banquet de noces, une image déjà utilisée par les prophètes, qui évoque la fête la plus belle à laquelle on puisse assister. Ce qu’il veut me dire, c’est que même mes rêves les plus fous ne sont rien par rapport au bonheur immense que le Père a prévu pour moi.
La parabole du festin nuptial présente successivement trois obstacles, trois attitudes qui peuvent m’empêcher de prendre part à ce bonheur sans fin. Nous allons les examiner un par un.
Le premier obstacle, ce sont le champ et le commerce, c’est-à-dire les biens matériels sur lesquels je concentre toute mon attention. Si je ne pense qu’à augmenter le chiffre de mon compte en banque, à gravir les échelons de la réussite professionnelle ou à m’acheter les nouveautés qui viennent de sortir, alors on aurait beau m’inviter à la vie éternelle, cela ne m’intéresserait pas. Si je vis à court terme, si je passe de satisfaction en satisfaction, je ne peux qu’être indifférent à la voix qui m’appelle au vrai bonheur. Je n’ai pas le temps de m’arrêter et d’écouter le léger murmure qui, du fond de mon cœur, me rappelle que je suis fait pour autre chose que les petits bonheurs médiocres de ce monde.
2. Le deuxième obstacle, c’est la peur. Cette peur se manifeste quand j’entends l’invitation divine à la vie éternelle, mais je la considère comme une invasion. La voix de Dieu dérange mes plans, je considère son festin comme un concurrent, quelque chose qui s’oppose à mon propre bonheur. Ma peur d’être dérangé peut me pousser à la violence, à empoigner les envoyés qui me parlent du ciel, à les maltraiter et à les tuer.
Que faut-il faire dans ce cas ? La parabole parle de la « colère » du roi, qui envoie ses troupes mettre à feu et à sang les villes de ses ennemis. La colère de Dieu, c’est son irritation devant les obstacles qui barrent la route de son amour. C’est l’amour de Dieu qui veut me combler de bonheur et qui rencontre mon refus catégorique. C’est l’attitude de Dieu quand il me voit refuser son festin délicieux pour me nourrir de la boue du caniveau. La colère de Dieu n’a qu’un but, arracher les murailles, les écrans et les rideaux que j’ai posés pour m’isoler de lui.
3. Le troisième obstacle, c’est le vêtement. De toutes les personnes qui entrent dans la salle du banquet, la seule qui soit jetée dehors est celle qui n’avait pas le vêtement de noce. Que signifie ce vêtement ? Et comment se fait-il que, parmi tous les pauvres rencontrés aux croisées des chemins, cet homme soit le seul à en être dépourvu ? Si tous les autres ont un vêtement de noce, c’est probablement qu’ils l’ont reçu du roi lui-même. On a dû leur en offrir un au moment d’entrer dans la salle. Dans ce cas, l’invité sans vêtement de noce l’a sans doute refusé en entrant, peut-être parce qu’il se croyait suffisamment bien habillé.
Et moi ? Est-ce que je me considère suffisamment bien habillé pour ne pas avoir besoin du vêtement que le Seigneur veut me donner ? Est-ce je que je me considère suffisamment parfait, suffisamment juste, pour ne pas avoir besoin de la perfection dont le Seigneur veut me vêtir ? Mais mes propres efforts seront toujours insuffisants. Ma conscience finira toujours par me condamner. La seule façon de devenir parfait est de laisser le Christ vivre en moi. Le seul habit qui me permette de participer au festin de noce, c’est Jésus-Christ lui-même, dont je dois me vêtir. Le P. Victor Sion rappelle que « nous avons sans cesse la tentation de penser qu’il faut d’abord nous rendre beaux et ensuite essayer de nous présenter à Dieu. Or, la vraie beauté, celle du ‘Cœur de son Fils’, nous l’avons. C’est cela que le Père regarde en nous voyant venir avec nos guenilles sur le dos . » (La grâce de l’instant présent, P. Victor Sion, ocd, édition des Béatitudes, 2018) Si je me revêts du Christ, si je m’abandonne à lui, alors le Père ne voit plus les guenilles de ma misère, il ne voit que son Fils Jésus en moi, et il ne peut pas faire autrement que m’accueillir auprès de lui.
Seigneur Jésus, tu vois combien je suis loin de toi ! Parfois indifférent, parfois méfiant, parfois imbu de moi-même, je néglige de m’abandonner à toi. Je néglige de croire en cet homme nouveau qui vit au fond de moi depuis le jour de mon baptême, et je m’accroche au vieil homme qui reste à la surface. Je t’en prie, pardonne-moi de ne pas vivre la filiation divine, pardonne-moi de ne pas être le petit enfant que je suis devant notre Père du ciel ! Pardonne-moi de ne pas croire en ton amour infini pour moi !
Aujourd’hui, je déciderai de la date de ma prochaine retraite spirituelle durant laquelle je pourrai enlever les obstacles qui me séparent de Dieu.