26 Septembre 2019
Saints Côme et Damien
Médecins anargyres et martyrs
(† v. 286)
Côme et Damien étaient deux frères, venus d'Arabie en Cilicie. On croit qu'ils étaient frères jumeaux. Leur profession de médecin leur fournit l'occasion d'exercer un véritable apostolat ; car à travers les corps ils savaient voir les âmes, les toucher, les convertir. La grâce divine vint relever leur science par le don des guérisons miraculeuses : de toutes parts, on accourait à eux pour obtenir la délivrance des maux les plus invétérés et les plus incurables. Le résultat ne trompait jamais leur foi et leur confiance, et il ne se passait pas de jour sans qu'ils eussent opéré quelque cure souvent désespérée.
Auprès d'eux, les aveugles recouvraient la vue, les boiteux marchaient droit, les sourds entendaient, les estropiés étaient guéris. Leur puissance s'étendait même au-delà de ce monde visible, et, à leur voix, les démons abandonnaient leurs victimes. Tout cela, ils le faisaient par pure charité, ne recevant jamais aucune rétribution.
À cette gloire devait se joindre celle du martyre. Un jour on les accusa de séduire le peuple et de faire déserter les temples des dieux. Le préfet leur infligea une si longue et si rude flagellation, que les bourreaux n'en pouvaient plus de fatigue ; les deux martyrs bénissaient le Seigneur.
À la vue d'une foule immense, ils furent précipités du haut d'un rocher dans les flots ; mais un ange plana au-dessus des eaux et transporta les martyrs au rivage. Les deux martyrs furent jetés dans une fournaise ardente ; mais ils s'y promenèrent comme sur des fleurs. Après beaucoup d'autres supplices, le préfet leur fit trancher la tête.
Les parents de Cyprien, très superstitieux, le vouèrent au démon dès son enfance; ils le firent élever dans le paganisme; il se livra à l'astrologie judiciaire et à la magie. Avec le secours de ses connaissances, il s'abandonna à toutes sortes de crimes et se déclara ennemi acharné de la religion chrétienne.
Il y avait à Antioche une jeune vierge nommée Justine, non moins distinguée par ses rares qualités que par sa naissance. Ses parents étaient idolâtres; mais elle avait eu le bonheur de connaître Jésus-Christ, et sa conversion fut bientôt suivie de celle de sa famille. Un jeune homme nommé Agladius, païen, conçût pour elle une violente passion, et pria Cyprien de l'aider par les secours de son art. Ce magicien mit tout en oeuvre, sans que rien pût lui réussir. Il consulta le démon, qui lui promit de lui servir d'auxiliaire; mais de nouvelles tentatives ne furent pas plus heureuses; la vierge priait, elle imprimait sur elle le signe du salut, et le démon s'enfuyait confondu. Cyprien, désespérant du succès, dit au démon: "Eh bien! Te voilà vaincu? -- Oui, dit l'esprit infernal, j'ai vu un signe, et j'ai été vaincu. -- Quel est ce signe? reprit Cyprien. -- J'ai vu le signe du Crucifié. -- Le Crucifié est donc plus grand que toi? Fuis loin de moi, imposteur! Tu m'as trompé trop longtemps."
Le démon chercha à étouffer Cyprien, mais il le mit en fuite par l'invocation du Dieu de Justine et par le signe de la Croix. Le jeune Agladius, plein d'admiration au récit que lui fit Cyprien, se convertit lui-même à Jésus-Christ. Emprisonnés par les persécuteurs après avoir été préservés l'un de l'huile bouillante et l'autre des flammes du bûcher, ils eurent la tête tranchée.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
St Paul VI
Pape (262e) de 1963 à 1978
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iovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini, naît le 26 septembre 1897 à Concesio, près de Brescia en Italie ; il est baptisé le 30 septembre. Issu d'une famille catholique, Giovanni Battista est le fils de Giorgio Montini et de Giuditta Alghisi.
Giorgio Montini prend la direction du journal catholique de la ville de Brescia, ‘Il Cittadino di Brescia’. Représentant, dans sa province, du Mouvement catholique (Movimento cattolico), il fonde des ‘cuisines économiques’, un dortoir Saint-Vincent pour accueillir les déshérités, et un "Secrétariat du peuple" destiné à donner des conseils juridiques et administratifs aux paysans et aux ouvriers.
Giuditta Alghisi est originaire de Verolavecchia, un village situé au sud de Brescia. Ayant perdu ses parents très jeune, elle est placée sous l'autorité d'un tuteur et envoyée dans un pensionnat religieux à Milan. Elle épouse Giorgio Montini, le 1er août 1895, quinze jours à peine après sa majorité. Elle meurt en mai 1943 quelques mois après son mari (janvier 1943).
Giovanni Battista a deux frères : l'aîné, Lodovico, devint sénateur, et Francesco, médecin.
Comme le veut la coutume pour les familles bourgeoises de Brescia, il est confié à une nourrice. C'est Clorinda Zanotti, une mère de quatre enfants vivant à Sacca di Nave (près de Concesio), qui s'occupe de lui pendant quatorze mois.
En 1902 il commence sa scolarité au collège Cesare Arici de Brescia, tenu par des jésuites Il fréquente également en parallèle la congrégation ‘Santa Maria della pace’, inspirée par Filippo Néri.
De santé fragile, il est contraint de suspendre sa scolarité au bout de deux ans. Sa mère le fait alors étudier à la maison. L'année suivante (en 1905) il reprend l'école. Ses études, quoique décousues, sont assez brillantes, si bien que ses camarades le surnomment ‘le bûcheur’.
Il doit suspendre à nouveau ses études en 1910, toujours pour des raisons de santé. Ses parents décident alors de le retirer définitivement du collège et de lui faire donner des cours particuliers, afin qu'il puisse présenter l'examen de fin d'études secondaires en candidat libre.
Dès le collège, il rejoint l'association Manzoni, du nom de l'auteur italien Alessandro Manzoni, qui rassemblait des élèves et des étudiants catholiques. En 1913, il présente un examen d'études secondaires au lycée d'État de Chiari puis passe son bac en juin 1916. Il entre au séminaire à la rentrée suivante.
Après une retraite spirituelle qu'il doit interrompre à cause de la chaleur, Montini est ordonné prêtre le 29 mai 1920. Une dérogation avait dû lui être accordée du fait de son âge, le Code de droit canonique disposant alors que le candidat devait avoir vingt-quatre ans révolus.
Il célèbre sa première messe le lendemain dans le sanctuaire de Santa Maria delle Grazie.
L'état de santé de Don Montini ne lui permettant pas de lui voir confier la charge d'une paroisse, son évêque Mgr Gaggia décide de l'envoyer à Rome, où il arrive le 10 novembre 1920, pour compléter ses études. Il y étudie dans deux universités : à la Grégorienne (chez les jésuites) et à la Sapienza (Université d'État, laïque).
Dès 1921 il fait ses premiers pas au Vatican où il fait une carrière ecclésiastique brillante et rapide. Montini se lie d’amitié avec les grandes personnalités intellectuelles du temps : Jean Guitton, Maurice Zundel, Jacques Maritain… Par ailleurs il affiche des positions antifascistes au moment de la signature des accords du Latran. Au moment de la guerre, Montini condamne nazisme et fascisme et protège les juifs et les réfugiés. Après la guerre, il fait preuve d’audace en politique intérieure italienne comme au niveau de l’Église. Le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958), classique, l’éloigne de Rome en le faisant archevêque de Milan. À la mort de Pie XII, saint Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli, 1958-1963) est élu pape. Il crée aussitôt Montini cardinal et ouvre le concile Vatican II.
L’élection de Montini, le 21 juin 1963, est marquée du sceau de l’évidence : les cardinaux savent qu’il poursuivra le concile, il connaît les rouages romains et possède une expérience pastorale… Celui qui choisit le nom de Paul – l’apôtre des païens – est surtout le premier pape moderne qui ne s’arc-boute pas face au progrès, à la diversité des cultures et des religions, à la mondialisation qui ne dit pas encore son nom. Ce pape s’adresse non seulement aux catholiques, mais plus largement encore aux chrétiens, aux croyants, aux hommes de bonne volonté.
Il donne quatre priorités qui définissent tout le sens de son pontificat :
définir la nature de l’Église et le rôle des évêques ;
rénover l’Église ;
favoriser l’unité des chrétiens par l’échange et le pardon ;
relancer le dialogue avec le monde contemporain.
Pendant et après le Concile, Paul VI multiplie des voyages à grande portée symbolique et pastorale. Il se rend en pèlerinage à Jérusalem, où il rencontre de nombreuses personnalités, dont le patriarche Athénagoras qu’il verra à plusieurs reprises. Aux Etats-Unis, il prononce à l’ONU son fameux « plus jamais la guerre ». En Amérique latine, il encourage l’Église à prendre position en faveur des plus pauvres. Son encyclique ‘Populorum progressio’ paraît à ce moment.
Enfin, dans le domaine interreligieux, Paul VI noue des contacts avec des responsables comme le Dalai Lama et d’autres personnalités du monde bouddhiste et musulman. Dans deux domaines cependant, il garde une ligne intransigeante : celui du célibat des prêtres et celui de la régulation des naissances avec l’encyclique ‘Humanae vitae’ (1968).
En 1969 il se rend au Conseil œcuménique des Églises, en Suisse. Enfin il écrit l’exhortation apostolique ‘Evangelii nuntiandi’ qui annonce déjà le style propre de St Jean-Paul II.
Âgé de 80 ans et souffrant d'arthrose, Paul VI vit ses derniers jours presque toujours allongé.
Il est victime d'une crise cardiaque en fin d'après-midi le 6 août 1978 dans la résidence d'été de Castel Gandolfo et meurt quatre heures plus tard, à 21h00, le jour de la Transfiguration du Christ.
Il est inhumé le 12 août 1978 et enterré, selon ses souhaits, dans les grottes du Vatican après une cérémonie d'un extrême dépouillement, qui a lieu sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre.
Paul VI a été béatifié dans la matinée du 19 octobre 2014, à l'occasion de la messe solennelle de clôture du ‘Synode extraordinaire sur la famille’. La cérémonie a été présidée par le pape François (Jorge Mario Bergoglio), en présence du pape émérite Benoît XVI (Joseph Aloisius Ratzinger, 2005-2013) et de nombreux cardinaux et évêques, présents à l'occasion du Synode.
La béatification a été célébrée devant 70 000 fidèles venus des cinq continents. Au cours de la cérémonie, est présentée aux fidèles une relique de Paul VI : un vêtement taché de sang lorsque le pontife échappa à une tentative d’assassinat en 1970.
Il a été canonisé le 14 octobre 2018 par le pape François.
La commémoration liturgique de saint Paul VI a été fixée au 26 septembre, jour anniversaire de sa naissance.