Tout le monde est gagnant à faire davantage qu’emprunter le chemin le plus simple pour aimer son prochain. Champ d’amélioration ou culpabilité ? Les occasions manquées sont en réalité ce que l’on décide d’en faire. Fr. Michael Rennier, chroniqueur de l’édition anglaise de Aleteia, en a fait l’expérience.
Il y a un certain confort à remettre quelque chose à plus tard, car on a l’impression de se tirer d’affaire sans ressentir de culpabilité. Quelqu’un d’autre nourrira les pauvres, quelqu’un d’autre se portera volontaire à l’église, quelqu’un d’autre téléphonera à cet ami qui a tant besoin de parler. Et bien sûr, pour les personnes dans le besoin, il existe toutes sortes d’organisations et de programmes gouvernementaux efficaces et dotés de ressources qu’une seule personne ne possède pas. Il est évidemment important de soutenir ces organisations inestimables et il ne s’agit pas ici de prétendre les remplacer, toutefois on doit garder à l’esprit que le simple fait de faire don à un organisme de bienfaisance ou de payer nos impôts ne signifie pas qu’on fait preuve d’une véritable compassion. Savoir qu’une ambulance arrive sur les lieux d’un accident ne veut pas dire qu’on a aucune obligation personnelle envers nos semblables.
Il y a environ un an, je suis devenu aumônier de conférence de Saint-Vincent-de-Paul dans diverses paroisses proches de la mienne. Saint Vincent ne m’était pas très familier et la spiritualité vincentienne qui porte son nom ne faisait pas partie de mon éducation théologique. Je me suis plongé dans les écrits et les principes qui sous-tendent la sainteté de cet homme remarquable. Ordonné prêtre en 1600, saint Vincent a vécu en France.
Il a été capturé et asservi pendant une courte période par des pirates, avant de s’installer à Paris où il a travaillé avec des catholiques fortunés pour créer des sociétés de bienfaisance informelles qui consistait à visiter personnellement les pauvres. Il était conscient que faire des visites en personne en apportant de la nourriture était beaucoup plus difficile que de donner de l’argent pour créer une nouvelle soupe populaire. « Vous verrez que la charité est un lourd fardeau à porter, plus lourd qu’une marmite de soupe, assurait-il. Mais vous garderez votre bonté et votre sourire. Donner de la soupe et du pain n’est pas suffisant. » En d’autres termes, les pauvres méritent non seulement notre pain, mais aussi notre amour. Leur offrir des aliments sans compassion revient à les trahir.