10 Septembre 2019
Diet Eman est décédé à l’âge de 99 ans. Elle s’était engagée dans la résistance pour « faire la volonté de Dieu ». Ses actions ont sauvé des centaines de juifs.
Diet Eman a grandi dans une famille chrétienne hollandaise. Quand l’Allemagne a envahi la Hollande, elle s’est engagée, au nom de sa foi, dans la résistance. Pour son action en faveur des juifs pendant la seconde guerre mondiale, elle a été reconnue « Juste parmi les Nations » par le Yad Vashem, « héroïne de la Nation » par le roi Willem-Alexander, et a reçu le prix Foi et Liberté. Elle est décédée mardi à l’âge de 99 ans.
Diet raconte Les chrétiens en Hollande en 1941 : « Faut-il aider à sauver les Juifs ? » le questionnement qui a frappé les chrétiens quand l’Allemagne nazie a envahi la Hollande. Elle explique que dans les cercles chrétiens de l’époque, les conversations tournaient autour de l’époque de Jésus et de la domination romaine. La plupart insistait sur le fait que Jésus n’avait jamais encouragé à la révolte. Mais une annonce de la reine de Hollande, alors en fuite en Angleterre, lui a offert une autre possibilité.
« Nous pensions que la reine était notre gouvernement légitime, et nous pensions faire la volonté de Dieu en lui obéissant. C’est pourquoi, plus tard, quand la reine dit aux hollandais de s’opposer aux allemands, nous l’avons fait, bien que nos actions aient couté de nombreuses vies. »
Pour le Yad Vashem, qui l’a nommée Juste parmi les Nations, sa foi fut la base de son engagement.
« Lorsque Diet et son fiancé, Hein Sietsma, ont compris ce qui se passait pour les Juifs, ils ont décidé de mettre leurs croyances en pratique. »
Et ses écrits dans son journal intime le confirment.
« Et je lui dis que lorsque vous êtes chrétien et prétendez que Dieu est tout-puissant, il n’y a pas un seul domaine de la vie à partir duquel vous pouvez éliminer Dieu. »
Alors, quand un de ses collègues juifs est pris pour cible par les nazis, elle décide lui venir en aide. Il est le premier d’une longue liste. Diet et Hein décident de s’engager, quel qu’en soit le prix.
« Mon ami juif Herman, qui travaillait avec moi à la banque de La Haye, a commencé à comprendre que, pour lui, en tant que Juif, la vie ne pouvait plus continuer de la même manière. Il est ainsi devenu le premier juif que nous avons aidé pendant l’occupation. »
Ils fondent un groupe de résistants appelé Hein, du nom du fiancé de Diet, mais également pour l’acronyme qu’il forme, « Helpt Elkander In Nood« , s’entraider dans le besoin. Ils seront 16 à participer à ce mouvement. 8 le paieront de leur vie. Hein lui-même mourra à Dachau en 1944.
Pendant ces années d’action, Diet va diffuser des informations de la BBC, aménager des cachettes pour les juifs, sauver des aviateurs abattus, falsifier des cartes de rationnement et des papiers d’identité. C’est le journal intime écrite par une personne juive cachée par Diet qui la trahira. Même si elle apparaissait sous le pseudonyme de Toos, elle est rapidement ciblée par la police, qui l’arrêtera suite à un contrôle d’identité dans le train.
Envoyée à Vught, elle sera interrogée par la police qui n’arrivera jamais à prouver sa culpabilité. Elle sera relâchée après avoir passé quelques temps dans ce camp aux côtés de Corrie Ten Boom.
Son fiancé Hein va également être arrêté. En convoi dans le train qui le conduit à la frontière allemande, il réussit à écrire une dernière lettre à sa bien-aimée et à la glisser entre les lattes du wagon. Ce courrier, désormais visible sur le site du Yad Vashem, sera retrouvé sur les rails par un ami du père de Diet et lui sera apporté.
« Chérie, nous ne nous reverrons pas de sitôt. J’ai le sentiment que cela prendra au moins un an… Même si nous ne nous reverrons plus jamais sur terre, nous ne serons jamais désolés pour ce que nous avons fait et pour les positions que nous avons prises. »
Diet va survivre à la guerre, faire des études d’infirmière au Venezuela puis s’installer au Michigan. Elle s’est mariée, a eu une fille et deux petits-enfants. John Evans, qui a révélé son action dans un documentaire, était à son chevet avec plusieurs autres de ses proches. Tous étaient sûrs qu’elle était « de retour avec l’homme de sa vie », Hein.
M.C.
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Chaque semaine, la rédaction d’Info Chrétienne vous propose un article focus sur la situation des chrétiens dans le monde. Aujourd’hui, l’Afghanistan.
Deux attentats revendiqués par les Talibans ont causé la mort de 26 personnes à Kaboul et en ont blessé plus de 150, la semaine dernière. Dans ce contexte de terreur, Info Chrétienne fait aujourd’hui le point sur la situation des chrétiens en Afghanistan.
Lundi dernier, un tracteur chargé d’explosifs a explosé dans un quartier où se trouvent des agences d’aides et des organisations internationales. 16 personnes sont mortes, 119 blessées. Jeudi, une attaque à la voiture piégée visait un « convoi d’envahisseurs étrangers ». Il a causé la mort de 10 personnes et en a blessé 42 autres. En août, un attentat a été commis par un kamikaze. Bilan de la tragédie, 63 morts, 182 blessés. Tous ces attentats ont été revendiqués par les Talibans et ont eu lieu à Kaboul. Les experts de l’USCIRF dénoncent ces « activités terroristes » et révèlent « l’incapacité du gouvernement à protéger les civils de ces attaques ». Selon l’ONU et les organisation internationales, l’année 2018 a été « l’une des plus sanglantes du conflit afghan ».
L’Afghanistan est peuplé de différents groupes ethniques, principalement les Pachtounes et les Tadjiks. Historiquement, sa population a toujours connu une diversité religieuse, mais depuis la prise du pouvoir par les Talibans en 1992, l’immense majorité des non-musulmans a fui le pays. Aujourd’hui, les minorités religieuses, dont les chrétiens font partie, sont des « cibles particulières de la menace croissante ». Or, selon le dernier rapport de l’USCIRF, le gouvernement n’est pas en mesure de les protéger. Il faut dire qu’il ne contrôlerait dans les faits que 50 à 60% du territoire. Le reste étant sous le contrôle des groupes extrémistes.
« Le pays est toujours le centre des opérations des groupes terroristes internationaux, comme les Talibans, l’État Islamique en Irak et au Levant, et Al-Qaida. »
L’islam est la religion d’État en Afghanistan, mais le Code Pénal interdit toute agression de non-musulman, ainsi que la destruction de leurs lieux de cultes. Cette liberté de pratique religieuse se borne cependant aux « limites de la loi ». Les afghans non-musulmans se doivent de respecter une jurisprudence, dite Sharia Hanafi, qui punit de mort le blasphème. Aucun cas n’aurait cependant été enregistré depuis 2001. Dans ce contexte, malgré cette liberté affichée, les chrétiens quittent les temples et les églises et préfèrent, pour leur sécurité, se rassembler dans des bâtiments neutres. Face à l’incapacité du gouvernement à les protéger, ils sont également encouragés à quitetr le pays.
« Les communautés appellent de plus en plus à quitter le pays, estimant que le gouvernement ne voulait, ni ne pouvait assurer une sécurité adéquate. »
La place des femmes dans la société reste problématique en Afghanistan. Celles-ci sont obligées de se soumettre aux principes islamiques imposés par les groupes extrémistes. Elles ne sont pas en mesure de posséder des biens, d’accéder à l’éducation ou à l’emploi. Les mariages contraints sont de rigueur et les crimes d’honneur toujours d’actualité. De plus, malgré un plan national d’action, les mariages d’enfants restent une réalité douloureuse. Pour certains leaders politiques, faire évoluer la condition féminine, « moderniser les droits des femmes » serait « anti-islamique ».
Les experts n’hésitent pas à parler d’ « échec » en ce qui concerne les tentatives d’appel à la paix avec les Talibans. Et selon eux, les conditions pourraient même empirer.
M.C.
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