Ci-dessous l'extrait de Christus Vivit commenté par Julian Paparella : «Jésus-Christ toujours jeune»
22. Jésus est « jeune parmi les jeunes afin d’être un exemple pour les jeunes et les consacrer au Seigneur ». C’est pourquoi le Synode a affirmé que « la jeunesse est une période originale et stimulante de la vie, que Jésus lui-même a vécue, en la sanctifiant ». Que nous dit l’Evangile concernant la jeunesse de Jésus ?
La jeunesse de Jésus
23. Le Seigneur « rendit l'esprit » (Mt 27, 50) sur une croix, alors qu’il avait un peu plus de trente ans (cf. Lc 3, 23). Il est important de prendre conscience du fait que Jésus était un jeune. Il a donné sa vie à un âge considéré aujourd’hui comme l’âge d’un jeune adulte. Il a commencé sa mission publique dans la plénitude de sa jeunesse, et ainsi, « une grande lumière » (Mt 4, 16) s’est manifestée, surtout quand il a donné sa vie jusqu’à la fin. Cette fin n’a pas été improvisée, mais toute sa jeunesse a été une précieuse préparation, à chacun de ses moments, car « tout dans la vie de Jésus est signe de son mystère » et « toute la vie du Christ est mystère de Rédemption ».
24. L’Evangile ne parle pas des premières années de la vie de Jésus, mais nous raconte certains événements de son adolescence et de sa jeunesse. Matthieu situe cette période de la jeunesse du Seigneur entre deux événements : le retour de sa famille à Nazareth, après le temps de l’exil, et son baptême dans le Jourdain où a commencé sa mission publique. Les dernières images de l’enfant Jésus sont celles d’un petit réfugié en Égypte (cf. Mt 2, 14-15) et ensuite celle d’un rapatrié à Nazareth (cf. Mt 2, 19-23). Les premières images de Jésus, jeune adulte, sont celles qui nous le présentent dans la foule près des bords du Jourdain, pour se faire baptiser par son cousin Jean-Baptiste, comme l’un parmi tant d’autres de son peuple (cf. Mt 3, 13-17).
25. Ce baptême n’était pas comme le nôtre, qui nous introduit dans la vie de la grâce, mais il a été une consécration avant le début de la grande mission de sa vie. L’Evangile dit que son baptême a été source de la joie et de la satisfaction du Père : « Tu es mon fils [bien-aimé] » (Lc 3, 22). Ensuite, Jésus est apparu rempli de l’Esprit Saint et a été conduit par l’Esprit au désert. Il était ainsi préparé pour sortir prêcher et faire des prodiges, pour libérer et guérir (cf. Lc 4, 1-14). Tout jeune est ainsi invité, lorsqu’il se sent appelé à accomplir une mission sur cette terre, à reconnaître en lui-même ces mêmes paroles que Dieu le Père lui dit : “Tu es mon fils bien-aimé”.
26. Parmi ces récits, il y en a un qui montre Jésus en pleine adolescence. C’est lorsqu’il retourne avec ses parents à Nazareth, après qu’ils l’aient perdu et retrouvé au Temple (cf. Lc 2, 41-51). Il est dit qu’il leur “était soumis” (cf. Lc 2, 51), car il ne reniait pas sa famille. Ensuite, Luc ajoute que Jésus « croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 52). C’est-à-dire qu’il était en train de se préparer et que, en cette période, il approfondissait sa relation avec le Père et avec les autres. Saint Jean-Paul II explique qu’il ne grandissait pas seulement physiquement mais qu’il « y eut aussi une croissance spirituelle de Jésus » car « la plénitude de grâce en Jésus était relative à l’âge : il y avait toujours plénitude, mais une plénitude qui croissait avec l’âge ».
27. Par ces données des Evangiles, nous pouvons dire qu’à l’étape de sa jeunesse, Jésus s’est “formé”, il s’est préparé pour réaliser le projet que le Père avait pour lui. Il a orienté son adolescence et sa jeunesse vers cette mission suprême.
28. Durant l’adolescence et la jeunesse, sa relation avec le Père était celle du Fils bien-aimé ; attiré par le Père, il grandissait en s’occupant de ses affaires : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 49). Toutefois, il ne faut pas penser que Jésus était un adolescent solitaire ou un jeune enfermé sur lui-même. Sa relation avec les gens était celle d’un jeune qui partageait toute la vie d’une famille bien intégrée dans le peuple. Il a appris le travail de son père et l’a ensuite remplacé comme charpentier. C’est pourquoi on l’appelle une fois dans l’Evangile « le fils du charpentier » (Mt 13,55), et une autre fois simplement « le charpentier » (Mc 6,3). Ce détail montre qu’il était un jeune homme ordinaire de son peuple, qui entretenait des relations normales. Personne ne le considérait comme un jeune étrange ou séparé des autres. C’est précisément pourquoi, lorsque Jésus a commencé à prêcher, les gens ne s’expliquaient pas d’où il tirait cette sagesse : « N'est-il pas le fils de Joseph, celui-là ? » (Lc 4, 22).
29. Le fait est que « Jésus n’a pas grandi non plus dans une relation fermée et exclusive avec Marie et Joseph, mais se déplaçait volontiers dans la famille élargie incluant parents et amis ». Nous comprenons ainsi pourquoi, revenant de pèlerinage à Jérusalem, ses parents avaient l’esprit tranquille en pensant que le garçon de douze ans (cf. Lc 2, 42) marchait librement avec les autres, même s’ils ne l’avaient pas vu de toute la journée : « Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin » (Lc 2, 44). Certainement – pensaient-ils – Jésus était là, allant et venant parmi les gens, plaisantant avec les autres jeunes de son âge, écoutant les récits des adultes et partageant les joies et les tristesses de la caravane. Le terme grec utilisé par Luc pour désigner la caravane des pèlerins – synodia – indique précisément cette communauté en marche dont la Sainte Famille fait partie. Grâce à la confiance de ses parents, Jésus se déplace librement et apprend à marcher avec tous les autres.
Sa jeunesse nous éclaire
30. Ces aspects de la vie de Jésus peuvent inspirer tout jeune qui grandit et se prépare pour réaliser sa mission. Cela implique qu’il faut mûrir dans la relation avec le Père, conscient d’être membre de la famille et du peuple, se disposer à être comblé de l’Esprit et à être conduit pour réaliser la mission que Dieu confie, sa propre vocation. Rien de cela ne devrait être ignoré dans la pastorale des jeunes, pour qu’on ne crée pas des projets qui isolent les jeunes de la famille et du monde, ou qui les transforment en une minorité sélectionnée et préservée de toute contagion. Nous avons plutôt besoin de projets qui les fortifient, les accompagnent et les lancent vers la rencontre avec les autres, vers le service généreux, vers la mission.
31. Vous les jeunes, Jésus ne vous éclaire pas de loin ou du dehors, mais dans votre jeunesse même qu’il partage avec vous. Il est très important de contempler le Jésus jeune que nous montrent les Evangiles, car il a été vraiment l’un de vous, et en lui on peut reconnaître beaucoup de caractéristiques des cœurs jeunes. Nous le voyons, par exemple, à travers les caractéristiques suivantes : « Jésus a eu une confiance inconditionnelle dans le Père, il a pris soin de l’amitié avec ses disciples et, même dans les moments de crise, il y est resté fidèle. Il a manifesté une profonde compassion à l’égard des plus faibles, spécialement des pauvres, des malades, des pécheurs et des exclus. Il a eu le courage d’affronter les autorités religieuses et politiques de son temps; il a fait l’expérience d’être incompris et rejeté ; il a éprouvé la peur de la souffrance et connu la fragilité dans la Passion ; il a tourné son regard vers l’avenir, en se remettant entre les mains sûres du Père et en se confiant à la force de l’Esprit. En Jésus, tous les jeunes peuvent se retrouver ».
32. Par ailleurs, Jésus est ressuscité et il veut nous faire participer à la nouveauté de sa résurrection. Il est la vraie jeunesse d’un monde vieilli, et il est aussi la jeunesse d’un univers qui attend, « en travail d'enfantement » (Rm 8, 22), d’être revêtu de sa lumière et de sa vie. Près de lui, nous pouvons boire à la vraie source qui garde vivants nos rêves, nos projets, nos grands idéaux, et qui nous lance dans l’annonce de la vie qui vaut la peine. Dans deux curieux détails de l’Evangile de Marc, on peut remarquer l’appel à la vraie jeunesse des ressuscités. D’une part, dans la passion du Seigneur, apparaît un jeune peureux qui a essayé de suivre Jésus mais qui a fui nu (cf. Mc 14, 51-52), un jeune qui n’a pas eu la force de tout risquer pour suivre le Seigneur. En revanche, près du tombeau vide, nous voyons un jeune « vêtu d'une robe blanche » (Mc 16, 5) qui invitait à se départir de la peur et qui annonçait la joie de la résurrection (cf. Mc 16, 6-7).
33. Le Seigneur nous appelle à allumer des étoiles dans la nuit d’autres jeunes, il nous invite à regarder les vrais astres, ces signes si variés qu’il nous donne pour que nous ne restions pas figés, mais imitions le semeur qui les regardait pour pouvoir labourer son champ. Dieu allume pour nous des étoiles pour que nous continuions à marcher : « Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses : les appelle-t-il, elles répondent : Nous voici ! » (Ba 3, 34-35). Mais le Christ lui-même est pour nous la grande lumière d’espérance et la boussole dans notre nuit, car il est « l'étoile radieuse du matin » (Ap 22, 16).