21 Octobre 2019
Le 27 octobre prochain, les hindous célébreront l’une de leurs principales fêtes, le Deepavali. Comme tous les ans, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux adresse ses vœux et souligne dans son message, signé par le président du Conseil, le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, que «la religion nous invite fondamentalement “à voir l’autre comme un frère ou une soeur à soutenir et à aimer”» comme c’est écrit dans le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune.
La religion «nous enseigne en outre à respecter l’inviolable dignité et les droits inaliénables d’autrui, sans parti pris injustifié à l’égard de leur religion ou de leur culture», écrit le cardinal Ayuso. «Ce n’est que lorsque les adeptes des religions exigeront d’eux-mêmes une vie conforme à leur éthique religieuse que leur rôle en tant que bâtisseurs de paix et en tant que témoins de notre humanité commune sera rempli» poursuit-il.
La haine éprouvée par certains religieux ne vient que de «sentiments dévoyés, peu généreux ou antipathiques qui bouleversent et perturbent le tissu même de la coexistence harmonieuse dans la société». Dans un contexte difficile, hindous et chrétiens doivent donc poursuivre leurs efforts pour «semer les germes de la fraternité» pour bâtir un monde de fraternité. Source d’inspiration possible, le Mahatma Gandhi, dont on commémore ce mois-ci le 150e anniversaire de la naissance.
À la veille de la Journée internationale de la non-violence instituée par les Nations unies en mémoire du Mahatma Gandhi, né il y a 150 ans en Inde, le Vatican a réuni une cinquantaine de représentants de diverses confessions, des experts du monde académique et l’ambassadeur indien près le Saint-Siège, pour évoquer la mémoire de cet homme qui marqua l’histoire moderne de son pays libéré du joug du colonialisme britannique et qui reste connu pour son engagement pacifiste. Il fut d'ailleurs qualifié ce mardi matin d'«homme de paix» et de «héraut de la non-violence» par Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot.
Lors de son discours d’ouverture, le président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux est revenu sur la notion d’«Ahimsa ou non-violence» telle qu’envisagée par le leader politique, avocat et philosophe indien. Il ne s’agit pas uniquement de «ne pas nuire», mais «d’un acte positif d’amour» qui «ne connait pas de frontières, s’étend à tous, y compris aux personnes malintentionnées ou mauvaises, et même au mal personnifié», explique le prélat qui rapporte les propos de Mahatma Gandhi : «Si l’on aimait que ceux qui nous aiment ce ne serait pas de la non-violence. La non-violence consiste à aimer même ceux qui éprouvent de la haine à notre égard».
Pour Mgr Ayusot, le point central du traité du Mahatma Gandhi repose sur le fait que la non-violence est «un remède qui guérit la maladie de la société, un antidote à la haine et au conflit». Un témoignage de paix et d’harmonie qu’il faut se réapproprier, juge-t-il, au regard de la situation actuelle «de croissante intolérance, haine, conflits tensions et violences dans de nombreuses parties du monde, aussi au nom des religions».
Les religions ont un rôle actif à jouer. Chacune d’entre elles enseigne à ses fidèles «l’éthique universelle d’être bon et de faire le bien, d’éviter le mal et de semer la paix, d’aimer chacun et de ne haïr personne, de respecter la diversité et de promouvoir la fraternité» souligne le président du conseil pontifical. Cet enseignement est selon lui fondamental pour les sédimentations religieuses, éthiques et civiles de l’histoire humaine.
«Là où il y a un véritable amour, il y a certainement l’harmonie et la paix, ses corollaires naturels». Fort de ce constat, Mgr Ayuso s’interroge sur le passé : «Il semble qu’à un moment donné, nous les croyants, nous ayons largement échoué à vivre selon les enseignements de notre foi.»
Mgr Ayuso appelle ainsi les participants à cette rencontre à réfléchir sur l’erreur commise par les religions, et sur les raisons qui ont empêché certains croyants de faire avancer les projets de paix et les possibles perspectives de fraternité humaine et d’harmonie co-existentielle.
Il souhaite que cette journée d’étude soit l’occasion pour tous de «rester ancrés dans les valeurs de la paix ; de soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune» (document d’Abou Dhabi, signé par le Pape et le grand imam d’Al-Azhar).
Le conseil pontifical souhaite que ce moment soit l’occasion d’un moment de partage pour évoquer les expériences passées de chacun, que tous puissent exprimer leurs préoccupations concernant le bien-être de la famille humaine ainsi que leurs aspirations à tracer un parcours qui permette d’avancer sur le chemin de la construction de la paix mondiale et de la cohabitation fraternelle.