Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
Plus de 100 morts et 6 000 blessés en une semaine de manifestations, c’est le sanglant bilan des violences en Irak. Un mouvement de manifestations contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics, débuté le 1er octobre, avec le rassemblement de plus d’un millier de manifestants à Bagdad et dans plusieurs villes du Sud.
Née d'appels sur les réseaux sociaux, cette première contestation d'envergure depuis la mise en place du gouvernement d'Adel Abdel Mahdi, il y a près d'un an, n'émane d'aucune organisation politique ou religieuse. Alors que les premiers rassemblements avaient été dispersés avec des canons à eau et des balles en caoutchouc, très vite les forces de l’ordre ont finalement fait usage de leur arme à feu sur les manifestants, plongeant le mouvement dans la violence. Dans la capitale irakienne, les autorités ont décidé de refermer la Zone verte, siège des hautes institutions du pays et l’ambassade américaine. «Le gouvernement est en état de panique», explique Adel Bakawan, directeur du Centre de Sociologie de l’Irak et chercheur associé à l’institut Français des Relations Internationales (IFRI), «car il pense qu’un complot est en train de se préparer, qu’il y a un coup d’État en cours, il passe donc par la répression totale et radicale contre les manifestants».