12 Octobre 2019
|
||||||||||
|
Libération
Immigration : le gouvernement a-t-il donné des faux chiffres dans un document aux députés ?
Cédric Mathiot Il y a 3 heures
Un document, rédigé par l'exécutif et adressé aux parlementaires pour préparer le débat sur l'immigration, comporte des erreurs factuelles.
Le twittos pointe notamment les données concernant. Celles-ci figurent dans le tableau 6. Il s’agit du taux de réponses positives aux demandes d’asile. Le document donne les valeurs suivantes : 29% en France, contre 22% en Allemagne et 12% en Italie. A la différence de certains autres chiffres cités précédents, il est non sourcé.
La comparaison des taux d’acceptation des demandes d’asile (toutes nationalités confondues), laissant à penser que la France est laxiste en la matière, est fausse.
Ainsi, le taux de reconnaissance en Allemagne n’était pas de 22% en 2018, comme indiqué dans le tableau. Il est de 42%, selon les données d’Eurostat. Et donc nettement supérieur à celui de la France (28%, selon Eurostat). Concernant l’Italie, le taux de reconnaissance est bien de 11%, selon les statistiques européennes… mais uniquement si on se limite à l’octroi du statut de réfugiés et à la protection subsidiaire. Si on tient compte de l’octroi de la protection pour motif humanitaire (un statut correspondant à des règles nationales), on atteint les 32%, selon Eurostat. Là encore, un taux de réponse supérieur à celui de l’Hexagone.
Interrogé sur la provenance des chiffres présents dans le document, le ministère de l’Intérieur nous a expliqué qu’il s’agissait de «données issues des rapports Easo (European Asylum Support Office)». Pourtant, le dernier rapport annuel montre (p.56) les mêmes chiffres que ceux, cités plus haut, émanant d’Eurostat.
Le chiffre concernant le taux de reconnaissance des demandeurs afghans en Allemagne (18% selon le document, soit très en dessous du taux français, que le document estime à 70%) est également inexact. Là encore, le gouvernement ne tient compte pour la statistique allemande que de l’octroi du statut de réfugiés et de l’octroi de la protection subsidiaire, mais pas d'une autre forme de protection spécifiquement allemande (interdiction d'éloignement), qui fait partie des réponses positives aux demandes. Au total, en se fiant aux chiffres on arrive à un taux de réponse positive en première instance d’environ 40%. Contre 65% environ pour la France (selon les chiffres de l’Ofpra).
Si les chiffres sont faux, il est en revanche exact que les taux de reconnaissance pour des demandeurs d’une même nationalité varient parfois significativement selon les pays.
Plus globalement, et à rebours de ce que suggère le document gouvernemental, la France se range dans les pays ayant de forts taux de refus. Dans une note sur le sujet à propos des données de 2018, Eurostat écrit ainsi : «Parmi les Etats membres de l’Union, en 2018, la part la plus élevée de décisions positives en première instance par rapport au nombre total de décisions de première instance a été enregistrée en Irlande (85%) et au Luxembourg (72%). A l’inverse, la France, l’Estonie, l’Espagne, la Lettonie, la Pologne et la Tchéquie ont enregistré des taux de refus en première instance compris entre 72% (France) et 89% (Tchéquie).»
Attention toutefois : si les données du document gouvernemental sont trompeuses, il faut se méfier de tirer des conclusions trop hâtives de l’indicateur. Les écarts dans le taux de réponses toutes nationalités confondues traduisent aussi les structures différentes des demandeurs d’asile selon les pays. Ainsi, la France accueille par exemple de plus en plus de demandeurs albanais ou géorgiens, provenant de pays dits «sûrs», et qui auront donc un taux de reconnaissance très bas. Ce qui tirera la moyenne globale vers le bas.
Le twittos s’interroge aussi sur les chiffres du document comparant l’aide financière octroyée aux demandeurs d’asile.
En France, l’aide est de 6,80 euros par jour pour un demandeur logé dans un centre (avec nourriture fournie). Soit 204 euros.
Au Royaume-Uni, les demandeurs d’asile se voient proposer un hébergement, ainsi qu’une aide hebdomadaire de 37,75 livres. Soit environ 170 euros par mois. L’aide française est donc 20% plus élevée, pas 43% comme le dit le document.
En Allemagne, l’aide est de 135 euros par mois, pour un célibataire logé dans un centre, où il sera nourri (comme en France), mais aussi doté de vêtements et produits sanitaires. La différence est de 51%.
En Suède, l’aide est de 2,5 euros par jour pour un demandeur logés dans un centre (avec nourriture fournie) soit 75 euros mensuels. L’aide française est 172% au dessus.
En bref, si les statistiques fournies vont dans le sens de la démonstration gouvernementale (même si l’écart avec le Royaume-Uni est moindre que ce que suggère le document) les données ne sont pas conformes aux chiffres publics.
Interrogé sur l’origine des montants cités, le ministère de l’Intérieur ne donne pas de sources précise, expliquant que les informations «résultent des échanges de données organisées au niveau européen entre experts, qui permettent de connaître les pratiques des différents Etats membres, même s’il faut garder en tête que les systèmes sont très différents les uns des autres et que la comparaison est un exercice par nature imparfait».
Le dernier tableau discutable concerne l’évolution de la demande d’asile. Si les chiffres sont exacts, la présentation est contestable. Le tableau numéro 3 présente ainsi l’évolution de la demande d’asile dans plusieurs pays européens. «L’augmentation de la demande d’asile en France constitue une particularité au sein de l’UE, lit-on. Certes, des augmentations sont constatées dans quelques pays en 2018, mais la tendance générale est à la baisse.» Sur les neuf pays, le document affiche 6 flèches vertes (en baisse) contre 3 flèches rouges (en hausse).
Pourtant, l’augmentation de la demande en 2018 n’est pas constatée que «dans quelques pays», comme le dit le document. Elle l’est en fait dans la grosse majorité des pays représentés sur le document (qui sont les neuf principaux pays en termes de demande d’asile). Ce sont ainsi 6 des neuf nations qui ont vu les demandes augmenter en 2018 (France, Espagne, Grèce, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique).
Si on élargit à la totalité des pays membres de l’UE, on observe que la demande d’asile a augmenté dans environ la moitié des pays entre 2017 et 2018.
Enfin, si on regarde sur un temps plus long, la France ne se distingue pas vraiment non plus de la moyenne de ses voisins. Le document envoyé aux députés affirme que la demande d’asile dans l’Hexagone «a doublé en cinq ans». C’est presque vrai, puisque le nombre de demandeurs a quasiment doublé en six ans, passant de 61 440 en 2012 à 120 425 en 2018. Soit une hausse de 96%. Mais c’est conforme à ce qu’on observe au niveau européen. En effet, si on met de côté la France, le nombre de demandeurs d’asile dans l’UE est passé entre 2012 et 2018 de 273 850 à 525 635. Soit une hausse de 92%.
La singularité de la France tient davantage au fait que la courbe y est plus lisse. A la différence de nombreux autres pays européens, la France n’a pas connu de pic de demande d’asile qu’ont constaté plusieurs pays en 2015 et 2016, au plus fort de la crise migratoire.
L'EXPRESS
Nice : le premier adjoint au maire condamné pour prise illégale d'intérêts
Les poursuites engagées par le parquet de Nice font suite à une plainte de l'association Anticor, concernant cinq subventions litigieuses accordées entre 2012 et 2015.
50 000 euros d'amende, dont la moitié avec suris : le premier adjoint (LR) au maire de Nice, Philippe Pradal, a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Nice pour prise illégale d'intérêts concernant des subventions versées à des associations dans lesquelles il a été membre ou administrateur, a indiqué son avocat.
Alors que le parquet avait requis une peine de cinq mois de prison avec sursis à l'encontre de l'élu, le tribunal a opté pour cette amende, sans inscription au casier judiciaire et "a fortiori sans inéligibilité", a précisé son avocat Me Gérard Baudoux, qui indique étudier avec son client la possibilité de faire appel de cette décision, une possibilité offerte dans un délai de dix jours.
Les poursuites engagées par le parquet de Nice suite à une plainte de l'association Anticor, concernent cinq subventions litigieuses accordées entre 2012 et 2015. La justice lui a notamment reproché sa présence dans la salle du conseil municipal lors du vote des subventions, quand bien même il s'était abstenu de les voter. Il lui est aussi reproché d'avoir présidé la commission des finances qui avait préparé le conseil municipal. Là aussi, il n'avait pas voté. Dans deux autres cas, des subventions ont été votées à des associations dont le propre père de Philippe Pradal était membre.
"Monsieur Pradal a été relaxé pour cette dernière subvention car il a été démontré qu'il ignorait que son père était le trésorier de l'association concernée", précise Me Baudoux, qui insiste sur le fait que son client n'a été reconnu coupable "que sur la forme", c'est-à-dire sur sa présence lors du vote.
Dans une réaction adressée à l'AFP, Christian Estrosi, le maire (LR) de Nice, prend la défense de son adjoint, "un homme intègre, loyal, travailleur et engagé depuis toujours afin de défendre la cause des plus démunis". "Il a toute ma confiance", ajoute le maire, qui dénonce le jugement du tribunal de Nice, lequel constitue selon lui "une dérive vers un soupçon de culpabilité des élus dans leur ensemble".
20Minutes
ACTIVISTE La police a interpellé 16 personnes dont l’actrice « pour avoir manifesté illégalement »
—
L’actrice et militante pacifiste américaine Jane Fonda a été menottée et interpellée vendredi devant le Congrès américain où elle manifestait dans le calme pour appeler à lutter contre le changement climatique.
Agée de 81 ans, l’actrice vêtue d’un manteau rouge vif est clairement visible sur les marches du Capitole, siège du Congrès, lorsque la police s’approche d’un petit groupe de manifestants, sur une vidéo publiée sur sa page Facebook.
Dans le calme et les slogans pour la défense de l’environnement, l’actrice se présente, son tour venu, devant un agent qui la menotte puis l’escorte ensuite hors du parvis. La police du Capitole « a interpellé 16 individus pour avoir manifesté illégalement » devant le Capitole, a indiqué une porte-parole à l’AFP.
« Nous serons là tous les vendredis à 11 heures, qu’il pleuve, fasse beau, neige, en pleine tempête ou quoi que ce soit », avait déclaré Jane Fonda plus tôt dans un parc proche du Capitole. Puis l’actrice avait expliqué qu’elle se rendait au Capitole, où le droit de manifester est restreint à certaines zones délimitées, afin d’y faire acte de « désobéissance civique ».
Le petit groupe y est resté pendant environ dix minutes avant d’être interpellé. « Il s’agit d’une crise provoquée par les humains », avait plus tôt dénoncé Jane Fonda. « La planète est en feu », ont crié des manifestants.
L’actrice oscarisée est connue pour ses engagements politiques depuis l’époque de la contre-culture dans les années 1960, des mobilisations contre la guerre du Vietnam aux combats féministes, en passant par son soutien aux Black Panthers et au mouvement noir américain pour les droits civiques. Son militantisme lui a d’ailleurs valu d’être surveillée par la NSA de 1967 à 1973. Jane Fonda a co-fondé l’ONG féministe Women’s Media Center et s’est montrée très critique du gouvernement Bush dans les années 2000. Elle milite aujourd’hui pour la paix – et notamment la résolution du conflit israélo-palestinien – et pour l’environnement. Elle avait d’ailleurs tenu des propos très critiques envers le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
https://www.facebook.com/firedrillfriday/videos/704904500013488/