Il est écrit dans la prophétie d’Isaïe :
« Il anéantira la mort pour l’éternité et
l’Éternel D.ieu effacera les larmes de
tous les visages. »1 Dans le Maamar
qu’il consacra à ce verset2, le Rabbi
Maharach écrivit à ce propos que la
mort disparaîtra parce que D.ieu
accomplira alors la prophétie de
Zacharie
« Je ferais disparaître de la Terre
l’esprit d’impureté. »3
Il est généralement expliqué que le péché de l’Arbre de la
Connaissance du Bien et du Mal est à l’origine de
l’existence de la mort. La relation entre la mort et ce
péché provient du fait que ce dernier a entraîné
l’association du Bien et du Mal.4 Certes, le Mal existait
avant cette faute, mais il était alors totalement dissocié du
Bien. Les textes mystiques enseignent à ce propos que le
Mal résidait initialement en deçà des « mondes de la
sainteté »5 et que, dès lors que le péché fut commis,
le Bien et le Mal ne furent plus distincts au sein de
l’univers : le Mal fut pénétré de Bien et le Bien de Mal,
de sorte qu’il n’est pas de Bien sans Mal ni de Mal sans
Bien.
La Torah relate que Adam fut renvoyé du Jardin d’Eden,
« de peur qu’il étende sa main et cueille aussi du fruit de
l’Arbre de Vie ; il en mangerait, et vivrait à jamais… »6
Or, il avait été créé à l’origine pour vivre éternellement
et l’Arbre de la Connaissance lui avait été défendu pour
éviter qu’il ne meure (comme il est écrit « mais l’Arbre de
la Connaissance du Bien et du Mal, tu n’en mangeras
point ; car, du jour où tu en mangeras, tu devras
mourir. »7). Si le projet divin initial était qu’Adam soit
immortel, pourquoi fallait-il, dès lors, éviter qu’il mange
du fruit de l’Arbre de Vie et qu’il retrouve ainsi son
immortalité ?
L’Admour Hazakène répond à cela que, dans la mesure
où le Mal avait pénétré (« s’était mélangé à ») l’homme
suite au péché de l’Arbre de la Connaissance, il fallait
empêcher que l’homme soit immortel pour éviter que
le Mal devienne également éternel. Ainsi, la mort découla
de ce péché afin que le Mal ne possède pas d’existence
éternelle.
En réalité, l’apparition de la mort suite au péché de l’Arbre
de la Connaissance ne vint pas réprimer ce péché, mais
en fut la conséquence directe. En effet, la vitalité ne peut
être issue que de la sainteté ; en revanche, le mal et
l’impureté qui lui sont opposés, sont la substance de la mort.
Ainsi, dès lors que le Mal – la mort spirituelle – pénétra chez
l’homme, la mort physique apparut. Tel est ainsi le sens du
verset « La mort sera engloutie pour l’éternité » :
dans la mesure ou le mal
– la mort spirituelle
– disparaîtra,
la mort physique disparaîtra avec elle.8
Sefer HaMaamarim Melukat, vol. 2, p. 277
Isaïe 25,8.
Sefer HaMaamarim 5628 (1868), p. 40.
Zacharie 13,2.
Cf. Torah Or Béréchit p. 5c et suiv. et autres.
Likoutei Torah du Arizal, parachat Béréchit "Ounevaer maalat Adam Harichone" et autres.
Genèse 3,22.
Genèse 2,17.
Extrait d'un Maamar que le Rabbi de Loubavitch prononça à l'occasion de la fin du Kadiche pour sa mère, la rabbanit 'Hanna Schneerson de mémoire bénie, en 1965, et qu'il donna à publier à l'occasion des Chlochim de son épouse, la rabbanit 'Haya Mouchka de mémoire bénie, en 1988.