Après cet hommage, le Pape a exprimé son admiration et sa gratitude aux deux lauréats du prix Ratzinger 2019, le philosophe canadien Charles Taylor et le père jésuite Paul Béré, originaire du Burkina Faso, qui ont apporté «une contribution remarquable» à l’Église engagée dans un «dialogue actif» avec les cultures changeantes du monde, ce qui constitue «un devoir pour la théologie, une condition nécessaire pour la vitalité de la foi chrétienne et la mission d’évangélisation de l’église».
Le professeur Taylor a travaillé avec «esprit et cœur» à comprendre, notamment, le phénomène de la sécularisation. Le Pape salue la profondeur de ses analyses sur «le développement de la culture occidentale, les mouvements de l'esprit humain au fil du temps, en identifiant les caractéristiques de la modernité», permettant de lire «sans superficialité» les raisons des changements qui ont eu lieu dans la pratique religieuse et de chercher «sans fatalisme» de nouvelles manières de vivre et d'exprimer aujourd’hui les dimensions transcendantes de l'âme humaine, «les dimensions spirituelles dans lesquelles l'Esprit Saint continue à travailler même quand, à première vue, on ne le remarque pas».
Inculturation africaine du message chrétien
Premier Africain à recevoir le Prix Ratzinger, le jésuite burkinabé Paul Béré est un érudit de l'Écriture Sainte. Le Pape est «heureux» d’exprimer son appréciation et son encouragement à tous ceux qui se sont engagés pour l'inculturation de la foi en Afrique. Si dans les premiers siècles du christianisme, l'Afrique du Nord a donné des figures gigantesques à l'Eglise, comme Tertullien, Cyprien, Augustin, le Pape note que «la diffusion de l'Islam et des siècles de colonialisme ont empêché une véritable inculturation africaine du message chrétien jusqu'à la seconde moitié du siècle dernier». La théologie africaine contemporaine est donc encore jeune, poursuit-il, mais semble dynamique et pleine de promesses, ce dont témoigne le père Béré qui travaille sur l'interprétation des textes de l'Ancien Testament dans un contexte de culture «orale», en s'appuyant sur l'expérience des cultures africaines. Le jésuite enseigne actuellement au sein de l’Institut biblique pontifical, et il est consulteur auprès des Conseils pontificaux pour la Culture et pour la Promotion de l’Unité des chrétiens.
Deux lauréats qui viennent de deux continents et de deux milieux culturels tout à fait différents, mais dont le travail s’attache, pour l’un et l’autre, à chercher et trouver le chemin vers Dieu, et la rencontre avec le Christ. Se référant à l’exhortation de Paul VI Evangelii Nuntiandi, le Pape réaffirme que «l'accès aux dimensions de l'humanité en quête de rédemption doit être recherché dans toutes les directions, avec créativité, avec imagination ; il doit s'exprimer avec les langues appropriées dans tous les domaines et espaces dans lesquels l'humanité vit ses peines, ses joies, ses espoirs».