Ankara compte renvoyer prochainement 20 jihadistes allemands en République fédérale. Le directeur de la communication du président turc Recep Tayyip Erdogan a fait cette annonce dans les colonnes du quotidien Tagesspiegel de lundi. « Nous avons besoin d’une pleine coopération et d’un partenariat actif avec nos alliés dans la lutte contre le terrorisme », justifie Fahrettin Altun. Il s’agit de quatre combattants capturés par l’armée turque dans le nord de la Syrie et de seize membres présumés de Daech, depuis plusieurs mois en centre de rétention en Turquie.
La menace brandie aux pays d’Europe de l’ouest réticents à reprendre leurs ressortissants ayant rejoint Daech se fait plus concrète. « Nous ne sommes pas un hôtel », a prévenu au cours du week-end le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu. Environ 1200 combattants étrangers sont détenus en Turquie.
Lundi, Berlin a cherché à noyer le poisson. Le ministère de l’Intérieur s’est borné à rappeler l’importance de « procédures organisées » et la nécessité d’évaluer la dangerosité des ex-jihadistes.
Que le président Erdogan veuille commencer par l’Allemagne n’est qu’une demi-surprise. Les relations entre les deux pays sont particulièrement difficiles depuis le putsch manqué de 2016 en Turquie. Berlin se plaint de la dérive autoritaire du régime et de l’influence exercée auprès de son importante communauté turque. En retour, Ankara estime que l’Allemagne, qui accueille des dissidents, protège des « terroristes » kurdes ou du mouvement Gülen.
Le retour des jihadistes peut aussi être un instrument de négociation : signifier à Berlin de cesser de mettre, comme dernièrement, son nez en Syrie, de fermer les yeux sur les arrestations de Germano-Turcs ou encore de débloquer de l’argent via l’UE pour l’accueil des 3,6 millions de réfugiés syriens hébergés en Turquie. L’ouverture des frontières vers l’Europe est l’autre moyen de pression privilégié du président Erdogan face à Angela Merkel.