15 Novembre 2019
Vendredi 15 Novembre 2019 : Fête de Saint Albert Le Grand,
Frère Prêcheur, Évêque et Docteur de l'Église (1193-1280).
Frère Prêcheur, Évêque de Ratisbonne, Docteur de l'Église (+ 1280).
Jeune étudiant issu d'une famille noble de Bavière, les premières
années de sa vie nous sont mal connues. Il naquit à Lauingenville
située sur les bords du Danube.Il entra dans l'Ordre des Prêcheurs
ou Dominicains. Très doué pour les études, il ne passe pas inaperçu
et très vite il est chargé d'enseignements tout en poursuivant ses
recherches personnelles.Sa grande préoccupation est de rendre
accessible au monde latin la pensée du philosophe grec Aristote,
redécouvert à travers la tradition arabe de Cordoue.
Il veut l'harmoniser avec la pensée Chrétienne.
Professeur à Paris, il se prend d'amitié avec un de ses étudiants
tout aussi doué que lui : saint Thomas d'Aquin, amitié fidèle et
sans faille.
Lorsqu'Albert se rend à Cologne poursuivre son enseignement,
son disciple Saint Thomas le suit.
Quand son disciple sera accusé d'hérésie, le vieux maître Albert
fera le voyage de Cologne pour prendre sa défense.
Il aurait aimé consacrer toute sa vie à la pensée et à l'enseignement.
Mais il est Religieux, alors par obéissance, il devient Provincial
Dominicain et bientôt Évêque de Ratisbonne (Regensburg).
Deux années suffisent pour qu'on se rende compte que le
dévouement est insuffisant, alors on le rend à ses chères études.
Son savoir est quasi encyclopédique au point qu'on veut en faire
un maître de l'ésotérisme. Mais sa Foi est encore plus grande
que sa théologie et sa philosophie :
"C'est pourquoi on le dit Notre Père, il n'est pas de Prière
douce et familière qui commence d'une manière plus familière et
plus douce", écrit-il dans son commentaire de saint Matthieu.
L'Église l'a proclamé Docteur de l'Église
et patron des scientifiques.
Mémoire de Saint Albert, surnommé le Grand, Évêque
et Docteur de l’Église.
Né en Bavière, entré dans l’Ordre des Prêcheurs,
il enseigna à Paris la philosophie et la théologie oralement
et par ses écrits, ayant parmi ses étudiants
Saint Thomas d’Aquin, et sut magistralement unir la sagesse
des Saints à la science naturelle et humaine.
Ayant dû accepter à contrecœur l’Évêché de Ratisbonne,
mal accueilli par le peuple pour sa manière de vivre pauvre
et sans faste, au bout d’un an il résigna sa charge, préférant
à n’importe quel honneur la Pauvreté de son
Ordre et il mourut pieusement à Cologne, entouré de ses
Frères.
Martyrologe romain
« Seigneur Jésus-Christ, écoutez la voix de notre douleur.
Dans le désert des pénitents,
nous crions vers vous pour n’être pas séduits par de veines
paroles tentatrices sur la noblesse de la famille,
le prestige de l’Ordre, le brillant de la science. »
(Prière de Saint Albert).
Saint Albert Le Grand
Évêque et Docteur de l'Église
(1193-1280)
Albert le Grand naquit aux environs d'Augsbourg de parents riches
. Dès son enfance, il montra dans ses études une rare perspicacité ;
le goût des sciences lui fit abandonner les traditions chevaleresques
de sa famille et le conduisit à l'université de Padoue où il sut tempérer
son ardeur pour l'étude par une vive piété.
À l'âge de trente ans, encore incertain de son avenir, mais inspiré par
la grâce, il alla se jeter aux pieds de la très Sainte Vierge, et crut
entendre la céleste Mère lui dire :
« Quitte le monde et entre dans l'Ordre de Saint-Dominique. »
Dès lors, Albert n'hésita plus, et malgré les résistances de sa famille,
il entra au noviciat des Dominicains. Tels furent bientôt ses progrès
dans la science et la sainteté, qu'il dépassa ses maîtres eux-mêmes.
Muni du titre de Docteur en théologie, il fut envoyé à Cologne, où
sa réputation lui attira pendant longtemps de nombreux et illustres
disciples.
Mais un seul suffirait à sa gloire, c'est Saint Thomas d'Aquin.
Ce jeune Religieux, déjà tout plongé dans les plus hautes études
théologiques, était silencieux parmi les autres au point d'être appelé
par ses condisciples : « le Bœuf muet de Sicile ».
Mais Albert les fit taire en disant : « Les mugissements de ce
bœuf retentiront dans le monde entier. »
De Cologne, Albert fut appelé à l'Université de Paris avec son
cher disciple. C'est là que son génie parut dans tout son éclat
et qu'il composa un grand nombre de ses ouvrages.
Plus tard l'obéissance le ramène en Allemagne comme
Provincial de son Ordre ; il dit adieu, à sa cellule, à ses livres, à
ses nombreux disciples, et voyage sans argent, toujours à pied,
à travers un immense territoire pour visiter les nombreux
Monastères soumis à sa juridiction.
Il était âgé de soixante-sept ans quand il dut se soumettre à l'ordre
formel du Pape et accepter, en des circonstances difficiles, le siège
Épiscopal de Ratisbonne ; là, son zèle infatigable ne fut récompensé
que par de dures épreuves où se perfectionna sa vertu.
Rendu à la paix dans un Couvent de son Ordre, il lui fallut bientôt,
à l'âge de soixante-dix ans, reprendre ses courses apostoliques.
Enfin il put rentrer définitivement dans la retraite pour se préparer
à la mort.
On s'étonne que, parmi tant de travaux, de voyages et d'œuvres
de zèle, Albert ait pu trouver le temps d'écrire sur les sciences,
la philosophie et la théologie des ouvrages qui ne forment pas
moins de vingt et un volumes in-folio, et on peut se demander
ce qui a le plus excellé en lui du savant, du saint ou de l'apôtre.
Il mourut âgé de quatre-vingt-sept ans, le 15 Novembre 1280 ;
son corps fut enterré à Cologne dans l'église des Dominicains.
Il lui a fallu attendre jusqu'au 16 Décembre 1931 les honneurs
de la Canonisation et l'extension de son culte à l'Église universelle.
En proclamant sa sainteté, le Pape Pie XI y ajouta le titre
si glorieux et si bien mérité de Docteur de l'Église.
Saint Albert le Grand
Chers frères et sœurs,
L'un des plus grands maîtres de la théologie médiévale est
saint Albert le Grand. Le titre de « grand » (magnus), avec
lequel il est passé à l'histoire, indique l'étendue et la profondeur
de sa doctrine, qu'il associa à la sainteté de sa vie.
Mais ses contemporains déjà n'hésitaient pas à lui attribuer
des titres d'excellence; l'un de ses disciples, Ulrich de
Strasbourg, le définit comme « merveille et miracle de notre
temps ».
Il naquit en Allemagne au début du XIIIe siècle, et tout jeune
encore, il se rendit en Italie, à Padoue, siège de l'une des plus
célèbres universités du moyen-âge.
Il se consacra à l'étude de ce que l'on appelle les « arts libéraux »
: grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie,
astronomie et musique, c'est-à-dire de la culture générale,
manifestant cet intérêt typique pour les sciences naturelles,
qui devait bientôt devenir le domaine de prédilection de sa
spécialisation.
Au cours de son séjour à Padoue, il fréquenta l'église des
Dominicains, auxquels il s'unit par la suite avec la profession
des vœux religieux.
Les sources hagiographiques font comprendre qu'Albert a
pris cette décision progressivement. Le rapport intense avec
Dieu, l'exemple de sainteté des frères Dominicains, l'écoute
des sermons du Bienheureux Jourdain de Saxe, successeur
de saint Dominique à la tête de l'Ordre des prêcheurs,
furent les facteurs décisifs qui l'aidèrent à surmonter tout doute,
vainquant également les résistances familiales.
Souvent, dans les années de notre jeunesse, Dieu nous parle
et nous indique le projet de notre vie. Comme pour Albert,
pour nous tous aussi, la Prière personnelle nourrie par la Parole
du Seigneur, l'assiduité aux Sacrements et la direction spirituelle
donnée par des hommes éclairés sont les moyens pour
découvrir et suivre la voix de Dieu. Il reçut l'habit religieux
des mains du Bienheureux Jourdain de Saxe.
Après son Ordination Sacerdotale, ses supérieurs le destinèrent
à l'enseignement dans divers centres d'études théologiques liés
aux couvents des Pères Dominicains.
Ses brillantes qualités intellectuelles lui permirent de perfectionner
l'étude de la théologie à l'Université la plus célèbre de l'époque,
celle de Paris. Albert entreprit alors l'activité extraordinaire d'écrivain,
qu'il devait poursuivre toute sa vie.
Des tâches prestigieuses lui furent confiées. En 1248,
il fut chargé d'ouvrir une université de théologie à Cologne,
l'un des chefs-lieux les plus importants d'Allemagne,
où il vécut à plusieurs reprises, et qui devint sa ville d'adoption.
Saint Albert le Grand et Saint Thomas d'Aquin.
De Paris, il emmena avec lui à Cologne un élève
exceptionnel, Thomas d'Aquin. Le seul mérite d'avoir été l
e maître de Saint Thomas d'Aquin suffirait pour que l'on
nourrisse une profonde admiration pour Saint Albert.
Entre ces deux grands théologiens s'instaura un rapport
d'estime et d'amitié réciproque, des attitudes humaines
qui contribuent beaucoup au développement de la science.
En 1254, Albert fut élu Provincial de la « Provincia Teutoniae »
– teutonique – des Pères Dominicains, qui comprenait
des communautés présentes dans un vaste territoire
du centre et du nord de l'Europe.
Il se distingua par le zèle avec lequel il exerça ce ministère
, en visitant les communautés et en rappelant constamment
les confrères à la fidélité, aux enseignements et aux exemples
de saint Dominique.
Ses qualités n'échappèrent pas au Pape de l'époque,
Alexandre IV, qui voulut Albert pendant un certain temps à ses
côtés à Anagni
– où les Papes se rendaient fréquemment –
à Rome même et à Viterbe, pour bénéficier de ses
conseils théologiques.
Ce même souverain Pontife le nomma Évêque de
Ratisbonne, un grand et célèbre diocèse, qui traversait
toutefois une période difficile.
De 1260 à 1262, Albert accomplit ce ministère avec un
dévouement inlassable, réussissant à apporter la paix
et la concorde dans la ville, à réorganiser les paroisses
et les couvents, et à donner une nouvelle impulsion aux
activités caritatives.
Dans les années 1263-1264, Albert prêcha en Allemagne
et en Bohême, envoyé par le Pape Urbain IV, pour retourner
ensuite à Cologne et reprendre sa mission d'enseignant,
de chercheur et d'écrivain.
Etant un homme de Prière, de science et de Charité,
il jouissait d'une grande autorité dans ses interventions,
à l'occasion de divers événements concernant l'Eglise et
la société de l'époque: ce fut surtout un homme de
réconciliation et de paix à Cologne, où l'Archevêque était
entré en opposition farouche avec les institutions de la ville;
il se prodigua au cours du déroulement du II Concile de Lyon,
en 1274, convoqué par le Pape Grégoire X pour favoriser
l'union avec les Grecs, après la séparation du grand schisme
d'Orient de 1054; il éclaircit la pensée de Thomas d'Aquin,
qui avait rencontré des objections et même fait l'objet de
condamnations totalement injustifiées.
Il mourut dans la cellule de son couvent de la
Sainte-Croix à Cologne en 1280, et il fut très vite vénéré
par ses confrères.
L'Église le proposa au culte des fidèles avec sa Béatification,
en 1622, et avec sa Canonisation, en 1931,
lorsque le pape Pie XI le proclama Docteur de l'Eglise.
Il s'agissait d'une reconnaissance sans aucun doute appropriée
à ce grand homme de Dieu et éminent savant non seulement
dans le domaine des vérités de la Foi, mais dans de très nombreux
autres domaines du savoir; en effet, en regardant le titre de ses
très nombreuses œuvres, on se rend compte que sa culture a
quelque chose de prodigieux, et que ses intérêts encyclopédiques.
le conduisirent à s'occuper non seulement de philosophie et de
théologie, comme d'autres contemporains, mais également de
toute autre discipline alors connue, de la physique à la chimie,
de l'astronomie à la minéralogie, de la botanique à la zoologie.
Les méthodes scientifiques utilisées par Saint Albert le Grand
ne sont assurément pas celles qui devaient s'affirmer au cours
des siècles suivants. Sa méthode consistait simplement dans
l'observation, dans la description et dans la classification des
phénomènes étudiés, mais ainsi, il a ouvert la porte pour les
travaux à venir.
Il a encore beaucoup à nous enseigner. Saint Albert montre
surtout qu'entre la Foi et la science il n'y a pas d'opposition,
malgré certains épisodes d'incompréhension que l'on a
enregistrés au cours de l'histoire.
Un homme de Foi et de Prière comme Saint Albert le Grand,
peut cultiver sereinement l'étude des sciences naturelles et
progresser dans la connaissance du micro et du macrocosme,
découvrant les lois propres de la matière, car tout cela concourt
à abreuver sa soif et à nourrir son Amour de Dieu.
La Bible nous parle de la création comme du premier langage à
travers lequel Dieu – qui est intelligence suprême – nous révèle
quelque chose de lui.
Le Livre de la Sagesse, par exemple, affirme que les
phénomènes de la nature, dotés de grandeur et de beauté,
sont comme les œuvres d'un artiste, à travers lesquelles,
par analogie, nous pouvons connaître
l'Auteur de la création (cf. Sg 13, 5).
Avec une comparaison classique au Moyen-âge et à la
Renaissance, on peut comparer le monde naturel à un
livre écrit par Dieu, que nous lisons selon les diverses
approches de la science (cf.
Discours aux participants à l'Assemblée plénière de
l'Académie pontificale des sciences, 31 octobre 2008).
En effet, combien de scientifiques, dans le sillage de
Saint Albert le Grand, ont mené leurs recherches inspirés
par l'émerveillement et la gratitude face au monde qui,
à leurs yeux de chercheurs et de croyants, apparaissait
et apparaît comme l'œuvre bonne d'un Créateur sage et aimant!
L'étude scientifique se transforme alors en un hymne
de louange. C'est ce qu'avait bien compris un grand
astrophysicien de notre époque, Enrico Medi, et qui écrivait:
« Oh, vous mystérieuses galaxies...,
je vous vois, je vous calcule, je vous entends, je vous étudie,
je vous découvre, je vous pénètre et je vous recueille.
De vous, je prends la lumière et j'en fais de la science,
je prends le mouvement et j'en fais de la sagesse,
je prends le miroitement des couleurs et j'en fais de la poésie;
je vous prends vous, étoiles, entre mes mains, et tremblant
dans l'unité de mon être, je vous élève au-dessus de
vous-mêmes, et en Prière je vous présente au Créateur,
que seulement à travers moi, vous étoiles,
vous pouvez adorer » (Le opere. Inno alla creazione).
Saint Albert le Grand nous rappelle qu'entre science et Foi
une amitié existe et que les hommes de science peuvent
parcourir à travers leur vocation à l'étude de la nature,
un authentique et fascinant parcours de sainteté.
Son extraordinaire ouverture d'esprit se révèle également
dans une opération culturelle qu'il entreprit avec succès:
l'accueil et la mise en valeur de la pensée d'Aristote.
A l'époque de saint Albert, en effet, la connaissance de
beaucoup d'œuvres de ce grand philosophe grec ayant
vécu au quatrième siècle avant Jésus Christ, en particulier
dans le domaine de l'éthique et de la métaphysique, était
en effet en train de se répandre.
Celles-ci démontraient la force de la raison,
elles expliquaient avec lucidité et clarté le sens et la
structure de la réalité, son intelligibilité, la valeur et la fin
des actions humaines.
Saint Albert le Grand a ouvert la porte à la réception
complète de la philosophie d'Aristote dans la philosophie
et la théologie médiévales, une réception élaborée ensuite
de manière définitive par Saint Thomas.
Cette réception d'une philosophie, disons, païenne
pré-chrétienne, fut une authentique révolution culturelle
pour cette époque.
Pourtant, beaucoup de penseurs Chrétiens craignaient
la philosophie d'Aristote, la philosophie non chrétienne,
surtout parce que celle-ci, présentée par ses
commentateurs arabes, avait été interprétée de manière
à apparaître, au moins sur certains points,
comme tout à fait inconciliable avec la Foi Chrétienne.
Il se posait donc un dilemme: Foi et raison sont-elles ou non
en conflit l'une avec l'autre?
C'est là que réside l'un des grands mérites de saint Albert
: avec une rigueur scientifique il étudia les œuvres d'Aristote,
convaincu que tout ce qui est vraiment rationnel est compatible
avec la Foi révélée dans les Saintes Ecritures.
En d'autres termes, Saint Albert le Grand a ainsi contribué
à la formation d'une philosophie autonome, distincte de la
théologie et unie à elle uniquement par l'unité de la vérité.
Ainsi est apparue au XIIIe siècle une distinction claire entre
ces deux savoirs, philosophie et théologie qui, en dialogue
entre eux, coopèrent de manière harmonieuse à la découverte
de la vocation authentique de l'homme, assoiffé de vérité et
de béatitude: et c'est surtout la théologie, définie par saint
Albert comme une « science affective », qui indique à l'homme
son appel à la Joie éternelle, une Joie qui jaillit de la pleine
adhésion à la Vérité.
Saint Albert le Grand fut capable de communiquer ces
concepts de manière simple et compréhensible.
Authentique fils de saint Dominique, il prêchait volontiers
au peuple de Dieu, qui était conquis par sa parole et par
l'exemple de sa vie.
Chers frères et sœurs, prions le Seigneur pour que ne
viennent jamais à manquer dans la sainte Eglise de
doctes théologiens, pieux et savants comme
saint Albert le Grand et pour que ce dernier aide chacun
de nous à faire sienne la « formule de la sainteté »
qu'il adopta dans sa vie:
« Vouloir tout ce que je veux pour la Gloire de Dieu,
comme Dieu veut pour sa Gloire tout ce qu'Il veut »,
soit se conformer toujours à la Volonté de Dieu
pour vouloir et faire tout, seulement et toujours pour Sa Gloire.