Priscille Pavec – Cité du Vatican
La déclaration de Rome sur le processus de paix au Soudan du Sud a été signée le 12 janvier par un représentant du gouvernement sud-soudanais ainsi que par les chefs de six partis d’opposition, rassemblés en une Alliance des mouvements d’opposition au Soudan du Sud (SSOMA), qui n’avaient pas adhéré à l’accord de paix pris en septembre 2018 à Adis Abeba. En dix paragraphes, ils reconnaissent les souffrances que traverse aujourd’hui le peuple sud-soudanais ainsi que les efforts accomplis par la communauté internationale pour aider le Soudan du Sud à sortir du conflit. Toutes les parties en présence s’engagent solennellement à cesser les hostilités (cette mesure prenant effet le 15 janvier à minuit), à laisser les organisations humanitaires locales et internationales venir en aide à la population et à poursuivre le dialogue entamé sous l’arbitrage de la communauté Sant’Egidio.
Lors de la signature de l’accord d’Adis Abeba, le président Salva Kiir et son principal opposant, Riek Machar, s’étaient engagés à former un gouvernement d’union nationale avant le 12 mai 2019.
N’ayant pu y parvenir, cette date butoir avait été repoussée au 12 novembre. Elle a cependant de nouveau été reportée de cent jours au début du mois de novembre. Plusieurs désaccords demeurent. Ils concernent notamment la formation d’une armée unifiée et les frontières des États régionaux au Soudan du Sud. Les différentes factions parviendront-elles à résoudre ces différents avant le 22 février? «Difficile à prévoir», selon Mauro Garofalo, responsable des relations internationales de la communauté Sant’Egidio. «Qu’un gouvernement soit formé ou non, le plus important est d’inclure tous ceux qui n’avaient pas signé [l’accord d’Adis Abeba]». La communauté Sant’Egidio organisera, d’ici deux semaines, une nouvelle rencontre pour discuter de l’application concrète de cet engagement pris à Rome. Toutes les voix y seront entendues.
Lors d’une conférence de presse organisée au siège de la communauté Sant’Egidio le 13 janvier, Pa’gan Amum Okiech, chef politique de l’opposition, a déclaré avoir signé La déclaration de Rome sur le processus de paix au Soudan du Sud car elle prévoit que les protagonistes affronteront ensemble «les racines des problèmes qui ont mené le pays à la guerre», tel que la corruption. Selon lui, la nation doit se reconstruire sur les bases solides que sont le respect de la loi et de la citoyenneté. En compagnie de Barnaba Marial Benjamin, représentant le gouvernement, il a rappelé que de même que «Rome ne fut pas bâtie en un jour», construire la paix au Soudan du Sud prend du temps. Tous deux ont cependant affirmé leur résolution de donner aux générations futures un pays où règnent la paix et l’harmonie.
Pa’gan Amum Okiech et Barnaba Marial Benjamin ont également adressé leurs plus vifs remerciements au Pape François pour l’attention qu’il porte au Soudan du Sud. Ils ont rappelé la retraite spirituelle organisée au Vatican au mois d’avril 2019 ainsi que le geste très fort du Saint-Père, qui s’était agenouillé devant Salva Kiir et Riek Machar, les suppliant de se réconcilier. Mauro Garofalo estime que «cette rencontre à Rome, c’est une belle réponse aux mots et aux gestes du Pape François».
En adressant ses vœux au corps diplomatique le 9 janvier, le Saint-Père a, par ailleurs, réaffirmé sa volonté de se rendre au Soudan du Sud cette année.