10 Février 2020
Le Saint du Jour est une liste quotidienne des Saints gardés dans la mémoire de l'Église. Les histoires des maîtres de la vie chrétienne de tous les temps qui comme des phares radieux orientent notre chemin.
Saint- Siège
Sœur jumelle de saint Benoît, Scholastique fut la première moniale bénédictine. Après avoir conduit une vie de prière, de pauvreté, de charité et obéissance, elle sut obtenir du Seigneur, contre la volonté de son frère, un miracle que seul l’amour plus grand envers Dieu put mériter.
Le défi fut avec Benoît de Nurcie, et à le vaincre fut sa sœur jumelle, Scholastique, consacrée au Seigneur depuis sa tendre enfance. Ayant vécu à l’ombre du frère, père du monachisme occidental, elle fut fidèle interprète de sa Règle.
Scholastique, première moniale bénédictine, ayant vécu, probablement, entre 480 et 543, native de Nurcie, fut élève très docile de Benoît dans l’apprentissage de la sagesse du cœur, à tel point à dépasser son maître, comme le transmet saint Grégoire –le-Grand dans ses Dialogues, unique texte de référence avec peu d’allusions à la vie de cette Sainte, où on raconte en particulier un épisode, qui en révèle la personnalité humaine marquante et la profondeur spirituelle.
Selon ce qui est rapporté, Scholastique, fille d’Eutropio, descendant de l’ancienne famille sénatoriale romaine des Anicii, et de Claudia, morte tout de suite après la naissance des jumeaux, fut envoyée à l’âge de 12 ans à Rome, ensemble avec son frère, tous deux furent profondément perturbés par la vie dissolue qu’on menait dans cette ville. Benoît le premier se retira dans un ermitage alors que Scholastique, restée héritière du patrimoine familial, et manifestant un détachement des biens terrestres, demanda au père de pouvoir se consacrer à la vie religieuse, en entrant d’abord dans un monastère près de Nurcie, puis à Subiaco, en suivant le frère qui avait fondé l’Abbaye de Montecassino. Ici, seulement à sept kilomètres de distance, elle fonda le monastère de Piumarole, où ensemble avec des consœurs suivit la Règle de saint Benoît, donnant ainsi origine au rameau féminin de l’Ordre bénédictin.
Scholastique avait l’habitude de recommander l’observation de la règle du silence, et d’éviter la conversation avec des personnes étrangères au monastère, même s’il s’agit de visiteurs dévots. Elle avait l’habitude de répéter: «Se taire ou parler de Dieu, car quelle chose en ce monde mérite qu’on en parle?» Mais Scholastique aime parler de Dieu surtout avec le frère Benoît, qu’elle rencontre une fois par an. L’endroit de ces entretiens spirituels est une dépendance située à mi-chemin entre les deux monastères.
Grégoire raconte qu’à la dernière de ces rencontres, le 6 février 543, peu de temps avant sa mort, Scholastique demanda au frère de pouvoir prolonger l’entretien jusqu’au lendemain matin, mais Benoît s’y opposa pour ne pas violer la Règle. Scholastique implora alors le Seigneur, en fondant en larmes, de ne pas faire partir le
frère: tout de suite après, une tempête inattendue avec un vent violent contraignit Benoît à rester, et ainsi la sœur et le frère continuèrent à s’entretenir toute la nuit.
Il faut noter que la première réaction de Benoît face à l’averse inattendue fut la contrariété.
«Dieu tout puissant te pardonne, ma sœur. Qu’as-tu fait» et Scholastique répondit: «Tu vois, moi je t’ai supplié, et lui m’a exaucée. A présent tu peux partir; laisse-moi et retourne au monastère». C’est une revanche de la sœur qui ne put déplaire au frère bien-aimé, justement c’est lui qui avait enseigné à s’adresser dans les difficultés à Celui à qui tout est possible. Voilà ce qui est remarquable dans les dons féminins de Scholastique, la douceur, la constance et aussi l’audace pour obtenir ce qu’elle désire ardemment.
Trois jours après cette rencontre, d’après le récit de Grégoire, Benoît eut la nouvelle de la mort de sa sœur dans un songe divin: il vit l’âme de sa sœur monter au ciel sous la forme d’une colombe blanche. Il voulut donc l’ensevelir dans la tombe qu’il avait préparée pour lui et où il sera aussi enterré, peu de temps après. «Comme leur esprit était toujours uni en Dieu, de la même manière leurs corps furent réunis dans la même tombe».
A ces trois martyrs est souvent associé saint Irénée, lui aussi martyr des persécutions de Dioclétien, entre la fin du III et le début du IV siècle. Enterrées dans des anciens cimetières le long de la via Labicana, leurs dépouilles furent transférées dans la basilique sainte Praxède par Pascal I.
Bx Alojzije Stepinac
Cardinal archevêque, martyr
Alojzije Stepinac, Aloys Viktor Stepinac en français, naît le 8 mai 1898 à Brezarić, près de Zagreb, en Croatie. Il était le cinquième des huit enfants d'un gros propriétaire foncier de la région de Zagreb.
En 1909, il va à Zagreb pour étudier au lycée (gimnazija) d’où il sort diplômé en 1916. Juste avant son dix-huitième anniversaire, il fut appelé comme conscrit dans l'armée austro-hongroise, entraîné, puis envoyé pour servir sur le front italien pendant la Première Guerre mondiale. Il fut blessé à la jambe en 1918 ; il retourna chez lui au printemps de 1919.
En 1924 il partit pour Rome afin de commencer des études en vue de la prêtrise ; il suivit sa formation au Collegium Germanicum de Rome, et à la Grégorienne dirigée par les Jésuites. Il fut ordonné prêtre le 26 octobre 1930.
Stepinac devint curé de paroisse à Zagreb en 1931 ; il fut nommé coadjuteur de Zagreb en 1934 ; en 1937 succéda à Mgr Anton Bauer comme archevêque de Zagreb, devenant un des plus jeunes archevêques dans l'histoire de l'Église catholique, et ce bien qu'il n'eût pas l'âge de 40 ans requis par le droit canonique.
Alojzije Stepinac fut archevêque de Zagreb pendant toute la Seconde Guerre mondiale, dans l'État Indépendant de Croatie (1941-1945). Lors de la mise en place du régime des Oustachis, Mgr Stepinac se montra favorable au démantèlement du Royaume de Yougoslavie et à l'établissement d'un État croate indépendant. Il félicita la création de cet État et appela officiellement l'Église catholique à prier pour le bien-être du nouvel État ainsi que pour que le Seigneur emplisse Ante Pavelić d’un esprit de sagesse pour le profit de la Nation. Il rencontra rapidement Pavelić et d'autres responsables Oustachis, dont certains à de multiples occasions.
Le 28 mars 1941, Mgr Stepinac déclara, dans une note au sujet des premières tentatives de la Yougoslavie pour unir les Croates et les Serbes que : « En fin de compte, les Croates et les Serbes sont de deux mondes différents : Pôle nord et Pôle sud, ils ne seront jamais capables d'être ensemble à moins d'un miracle divin. Le Schisme d’Orient est la plus grande malédiction en Europe, presque encore plus grande que le protestantisme. Ici il n'y a pas de morale, de principes, de vérité, de justice ou d'honnêteté ».
Ultérieurement, Mgr Stepinac commença à appeler les responsables gouvernementaux à arrêter la persécution des juifs et des autres peuples. Il en parla avec la direction des Oustachis après qu'il fut connu qu'ils étaient responsables des camps de concentration de Jasenovac et de Gradiška. Il utilisa également la chaire des églises pour condamner publiquement le génocide à l'encontre des minorités ethniques qui étaient poursuivies.
Il déclara lors d'une homélie, le 24 octobre 1942 : « Tous les hommes et toutes les races sont des enfants de Dieu ; tous sans distinction. Ceux qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit de dire Notre Père qui êtes aux cieux. Pour cette raison, l'Église catholique a toujours condamné, et condamne toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de nationalité. Il n'est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs parce qu'ils sont supposés être de race inférieure ». Dès 1936 et pendant toute la guerre, il permit à des Juifs de s'enfuir.
Mgr Stepinac dénonce la persécution des Serbes par le gouvernement oustachi dans une lettre de protestation datée du 24 mars 1945.
Après la Seconde guerre mondiale, le nouveau gouvernement de la Yougoslavie exerça des pressions sur l'Église catholique en Croatie. Mgr Stepinac fut arrêté le 17 mai 1945 puis relâché le 3 juin suivant. Le 4 juin, il rencontra Tito mais n'accepta pas les demandes du nouveau régime qui attendait que l'Église accepte ouvertement le Gouvernement communiste et la séparation de Rome pour créer une "Église catholique nationale serbo-croate". Il publia une lettre, le 20 octobre 1945, dans laquelle il affirma que 273 membres du clergé catholique avaient été tués depuis la prise du pouvoir par les Partisans, que 169 avaient été emprisonnés et que 89 autres étaient "manquants" et présumés morts.
En septembre 1946, les autorités yougoslaves mirent Mgr Stepinac en accusation pour plusieurs chefs : collaboration avec le Nazis, relations avec le régime nationaliste-fasciste des Oustachis d’Ante Pavelić, participation de chapelains catholiques croates dans l'armée de l'État indépendant de Croatie, conversion forcée d’orthodoxes serbes au catholicisme, défiance envers le gouvernement yougoslave.
Il fut arrêté le 18 septembre 1946 et son procès commença le 30 du même mois. La manière dont le procès fut conduit fut critiquée par l’Église catholique romaine et Mgr Stepinac affirma qu'il s'agissait d'un « procès-spectacle ».
Au cours d'un discours de trente-huit minutes, le 3 octobre, qui vint clore quatre jours de débats, l'accusé affirma « être en accord avec sa conscience au regard des toutes les accusations » dont il faisait l'objet et qu'il n'avait pas l'intention de se défendre ou de faire appel d'une condamnation. Il déclara, par ailleurs, qu'il n'avait « jamais pris part à des activités anti-gouvernementales ou terroristes contre l'État ou contre les Serbes ». Il dénonça la nationalisation des biens de l'Église ; il se plaignit, également, des politiques telles l'athéisme, le matérialisme et le communisme en général. Les catholiques de Croatie considérèrent que le procès avait été entièrement terni par les témoignages extorqués, les faux témoignages et les faux documents. La défense soumit trente-cinq témoins en faveur de Stepinac mais vingt-sept furent rejetés et certains furent même emprisonnés afin de ne pas réapparaître à l'audience.
Le 11 octobre 1946, le tribunal déclara Stepinac coupable de haute trahison et de crimes de guerre ; il fut condamné à une longue peine d'emprisonnement (initialement seize ans d'emprisonnement et de travaux forcés).
Alojzije Stepinac travailla pendant cinq ans dans la prison de Lepoglava avant que la peine ne soit commuée en assignation à domicile à Krašić, du fait de la forte pression du Saint-Siège et en tant que mesure de réconciliation prise par le gouvernement de Tito. Il fut transféré à son domicile le 5 décembre 1951.
Le 29 novembre 1952, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) annonça la liste des cardinaux nouvellement nommés qui incluait Stepinac. Cette décision amena le Gouvernement de Tito à rompre les relations diplomatiques avec le Saint-Siège le 17 décembre 1952.
En 1953 il fut diagnostiqué que Stepinac avait une polycythémie, une maladie rare du sang. Sept ans plus tard, le 10 février 1960, il mourut en martyr, ex ærumnis carceris, « à cause des souffrances extrêmes de la prison ». Il pardonna et pria jusqu’au bout pour ses ennemis.
Le Parlement croate condamna symboliquement le procès et la décision du tribunal de 1946.
Alojzije Stepinac a été béatifié le 3 octobre 1998 par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), lors de son pèlerinage au célèbre sanctuaire de Marija Bistrica au cours du voyage apostolique en Croatie.
Le corps incorrompu de « ce pasteur exemplaire, qui n’a jamais faibli dans la défense des plus fragiles et dans son attachement au siège de Pierre », est conservé et vénéré dans la cathédrale de Zagreb.
Bse Eusebia Palomino Yenes
Fille de Marie Auxiliatrice
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usebia Palomino Yenes naît le 15 décembre 1899 à Cantalpino, dans la province de Salamanque (Espagne) dans une famille très pauvre.
A douze ans elle partit à Salamanque avec sa grande sœur pour y travailler comme bonne d'enfants. Là, les Filles de Marie Auxiliatrice lui demandèrent d'apporter son aide à la communauté. Elle nourrissait le souhait secret de se consacrer entièrement au Seigneur.
Le 5 août 1924, elle commença son noviciat, alternant étude, prière et travail au service de la communauté.
Elle prononça ses vœux religieux en 1924, puis fut envoyée dans la maison de Valverde del Camino, petite ville à l'extrême sud-ouest de l'Espagne.
Les petites filles du patronage furent rapidement captivées par sa foi simple. Les deux pôles de sa spiritualité furent l'Amour miséricordieux du Christ, révélé à sainte Faustine Kowalska, et la « vrai dévotion mariale » de saint Louis Grignon de Montfort.
Au début des années 30, au moment des troubles de la guerre civile, elle s'offrit au Seigneur comme victime pour le salut de l'Espagne.
En août 1932, elle tomba gravement malade, et des visions sanglantes des événements qui déchiraient l'Espagne aggravèrent encore ses maux physiques. Le médecin était désemparé devant sa maladie, dont il ne comprenait pas les causes. Cela n'entama pas la force morale de la bienheureuse ni sa lucidité.
Elle mourut dans la nuit du 9 au 10 février 1935.
Eusebia Palomino Yenes a été béatifiée à Rome - Chapelle Papale - le 25 avril 2004 par Saint Jean Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Avec elle furent béatifiés le prêtre August Czartoryski; trois religieuses: Laura Montoya, María Guadalupe García Zavala, Nemesia Valle, une laïque, Alexandrina Maria da Costa.
Martyrologe Romain : Saint José Luis Sanchez del Rio ; fervent apôtre au milieu des enfants de son village. Malgré sa jeunesse, il est accepté en 1927 dans les rangs des cristeros où il continue son apostolat et meurt martyr, n’ayant pas encore 15 ans (1913-1928).
José Luis Sánchez del Río a été canonisé le 16 octobre 2016, avec 6 autres Bienheureux, par le Saint Père François (Jorge Mario Bergoglio, 2013-) :
- José Gabriel del Rosario Brochero (1840-1914), prêtre argentin, surnommé le « curé gaucho » ;
- Lodovico Pavoni (1784-1849), prêtre et fondateur des ‘Fils de Marie Immaculée’ ;
- Alfonso Maria Fusco (1839-1910), prêtre et fondateur des ‘Sœurs de Saint Jean-Baptiste’ ;
- Manuel Gonzalez y García (1877-1940), évêque espagnol, fondateur des ‘Missionnaires Eucharistiques de Nazareth’, surnommé « l’Apôtre des tabernacles abandonnés » ;
- Salomon Leclercq, frère des écoles chrétiennes, mort en martyr de la Révolution française en 1792 ;
- Élisabeth de la Trinité (Élisabeth Catez), carmélite, morte en 1906 à l’âge de 26 ans.
Décret du 3 avril 2014, en italien, relatif aux vertus héroïques de la servante de Dieu Maria Maddalena de Jésus Sacrement (Maria Giuseppina Teresa Marcucci 1888 - 1960), religieuse italienne de la Congrégation de la Passion.
Née Marie-Joséphine le 24 avril 1888 près de Lucques, fondatrice de deux monastères en Espagne et cofondatrice de trois autres.
Elle prend le nom de Maddalena di Gesù (Marie-Madeleine de Jésus dans le Saint Sacrement) le 27 juin 1907 jour de son entrée chez les Passionistes.
Grande mystique, elle a en particulier œuvré pour la connaissance de Sainte Gemma Galgani et le développement de son sanctuaire à Lucques.
Son autobiographie 'Apôtre de l'amour' est décrite comme 'l'ouvrage le plus élevé qui ait jamais été écrit à propos de l'amour de Dieu pour ses créatures'
Elle est morte le 10 février 1960 à Madrid.
En italien:
- Mère Madeleine Marcucci, l'apôtre de la sainteté
- Introduction de l'édition italienne de l'autobiographie de Maria Maddalena Marcucci