Aleteia : Cela fait de nombreuses années que vous vous battez sur le terrain judiciaire pour la mémoire de votre père, où puisez-vous l’énergie nécessaire pour persévérer ?
Gérard Fesch : Tout a commencé avec les démarches que j’ai entreprises pour retrouver le nom de mon père. Un combat difficile qui a duré plus de dix ans. C’était aussi faire respecter les volontés de mon père, car il le souhaitait {Jacques Fesch avait confié dans une lettre écrite à la veille de sa mort, à propos de son fils Gérard : « Qu’il sache que s’il n’a pu être mon fils par la loi, il l’est selon la chair et son nom est gravé dans mon coeur », NDLR}. Vient désormais la réhabilitation. Car je suis toujours touché par les nombreux témoignages que je ne cesse de recevoir, qui sont très sensibles à ses écrits. Je crois profondément qu’on doit montrer l’autre face de cet homme, sa face lumineuse, pas seulement le meurtrier. Voilà ce qui me porte. C’est une démarche très lourde car le droit français n’autorise pas de formuler une requête en réhabilitation pour un condamné à mort dont la peine a été exécutée. Nous attendons donc la décision des « Sages »…
Où en est le procès de béatification ouvert en son temps par Mgr Lustiger ?
Les deux sujets sont bien entendu totalement distincts, mais ils concourent à faire de mon père un cas tout à fait exceptionnel. Il n’est quand même pas commun qu’un condamné à mort fasse l’objet d’un procès de béatification. Aujourd’hui les pièces nécessaires ont été rassemblées, mais le droit canon stipule bien la nécessité d’un miracle et cette condition n’est pas satisfaite à ce jour.
Qu’attendez-vous de cette procédure ?
J’aime dire que je ne me situe pas sur ce terrain-là, qui est celui de l’Eglise. L’Eglise a assurément de bonnes raisons de s’intéresser à la vie de Jacques Fesch. Je préfère pour ma part défendre ce que l’on appelle le « pardon républicain » que je souhaite obtenir pour mon père.