Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de mim-nanou75.over-blog.com

Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,

Ephémérides du 4 mars: Voici quelques évènements

 1354 : le roi de Navarre demande pardon au roi de France

Charles dit le Mauvais, roi de Navarre, ayant fait assassiner Charles d’Espagne, connétable de France — le roi Jean avait donné au connétable le comté d’Angoulême, que le roi de Navarre prétendait avoir pour la dot de Jeanne, sa femme, fille du roi Jean —, le roi Jean, dans les premiers transports de sa colère, jura de tirer la vengeance la plus terrible de cette perfidie ; mais il était fort embarrassé comment il punirait un coupable qui était son gendre ; le roi de Navarre était d’ailleurs puissant par lui-même et menaçait de s’unir avec les Anglais. Il fallut donc entrer en accommodement : les conditions furent que le roi de Navarre se rendrait à Paris, pour faire sa réparation ; il exigea des otages, et on n’eut pas honte de lui donner le second fils de France.

Jean II le Bon
Jean II le Bon

Le roi de Navarre ayant ainsi pris toutes ses sûretés, se rendit à Paris, où le roi tint son lit de justice. Ce prince criminel comparut dans l’assemblée du parlement, à laquelle assistèrent les pairs du royaume et plusieurs personnes du conseil. Là, s’adressant au roi, il le pria « de lui pardonner la mort du connétable, soutenant cependant qu’il n’avait fait commettre ce meurtre que pour une cause très légitime dont il offrait d’instruire sa majesté, quand il lui plairait de l’entendre. Il ajouta qu’au reste il n’avait pas prétendu violer, par cette action, le respect dû à la majesté du souverain. »

Après qu’il eut prononcé, d’une voix assurée, cette froide excuse, Jacques de Bourbon, nouveau connétable, l’arrêta par l’ordre du roi, seulement pour la forme, et le conduisit hors de la chambre. Aussitôt les deux reines, Jeanne et Blanche, se jetèrent aux pieds du roi, pour implorer sa clémence en faveur du roi de Navarre, auquel il pardonna ; et aussitôt le connétable et les maréchaux de France allèrent le reprendre, et l’amenèrent devant le roi. Alors le cardinal de Boulogne lui représenta « les grands sujets de mécontentement » qu’il avait donnés au roi, son beau-père et son seigneur. Il l’avertit aussi de ne pas abuser dans la suite de la bonté d’un prince qui l’aimait si tendrement, et qui voulait bien lui accorder sa grâce après un si grand crime. »

Après ces paroles, le roi de Navarre et les deux reines se jetèrent à genoux devant le roi, et le remercièrent du pardon qu’il lui accordait. Le roi les ayant fait relever, le cardinal dit « que le roi prétendait que le pardon fût sans conséquence, et que si jamais il arrivait à qui que ce fût d’attenter à la vie du moindre de ses officiers, il en serait puni selon toute la rigueur des lois, fût-il fils de roi. »

C’est ainsi que finit cette espèce de comédie, où celui qui faisait le personnage de juge, tint une contenance beaucoup plus gênée que le criminel. Il n’en coûta au roi de Navarre que la fondation de quelques messes pour le repos de l’âme du connétable.

1678 : naissance d’Antonio Vivaldi

Naissance d’un prodige musical, Antonio Vivaldi.

Antonio Lucio Vivaldi, né le 4 mars 1678 à Venise et mort le 28 juillet 1741 à Vienne, est un violoniste et compositeur italien. Vivaldi a été l'un des virtuoses du violon les plus admirés de son temps ; il est également reconnu comme l'un des plus importants compositeurs de la période baroque, en tant que principal créateur de concertos de soliste, genre initié par Corelli. Son influence, en Italie comme dans toute l'Europe, a été considérable, et peut se mesurer au fait que Bach a adapté et transcrit plus d'ouvres de Vivaldi que d'aucun autre musicien. Son activité s'est exercée dans les domaines de la musique instrumentale - particulièrement violonistique - et de la musique lyrique ; elle a donné lieu à la production d'un nombre considérable de concertos, sonates, opéras, pièces religieuses : il se targuait de pouvoir composer un concerto plus vite que le copiste ne pouvait le recopier.

Prêtre catholique, sa chevelure rousse le fit surnommer il Prete rosso (« Le Prêtre roux »), sobriquet peut-être plus connu à Venise, que son véritable nom. Comme ce fut le cas pour de nombreux compositeurs du XVIIIe siècle, sa musique, de même que son nom, fut vite oubliée après sa mort. Elle ne devait retrouver un certain intérêt auprès des érudits qu'au XIXe siècle, à la faveur de la redécouverte de Jean-Sébastien Bach ; cependant sa véritable reconnaissance a eu lieu pendant la première moitié du XXe siècle, grâce aux travaux d'érudits ou musicologues tels Arnold Schering ou Alberto Gentili, à l'implication de musiciens tels Marc Pincherle, Olga Rudge, Angelo Ephrikian ou Alfredo Casella, à l'enthousiasme d'amateurs éclairés comme Ezra Pound.

Aujourd'hui, certaines de ses ouvres instrumentales, et notamment les quatre concertos connus sous le titre « Les Quatre Saisons » comptent parmi les plus populaires du répertoire classique.

 

 1705 : arrêt qui établit
les deux sols pour livre sur tous
les droits et fermes du roi de France

Voici ce que raconte le duc de Saint-Simon au sujet de cet impôt : « Depuis longtemps le roi (Louis XIV) n’entendait parler que de la misère des peuples. L’impôt proposé l’inquiéta ; sa tristesse devint sensible, et les valets intérieurs s’en aperçurent dans les cabinets, plusieurs jours de suite. Maréchal, premier chirurgien, qui m’a conté cette curieuse anecdote, craignant pour sa santé, se hasarda de lui en parler. Le roi lui avoua qu’il ressentait des peines infinies, qu’il rejeta vaguement sur la situation des affaires.

« Huit ou dix jours après, il reprit son calme accoutumé. Il appela Maréchal, et, seul avec lui, il lui dit que, maintenant qu’il se sentait plus à l’aise, il voulait bien lui dire ce qui l’avait si vivement affecté, et ce qui avait mis fin à ses peines. Alors il lui conta que l’état de ses affaires l’avait forcé à de furieux impôts ; que l’état où elles se trouvaient réduites, le mettait dans la nécessité de les augmenter considérablement ; qu’outre la compassion , le scrupule de prendre les biens de tout le monde, l’avait fort tourmenté ; qu’à la fin il s’en était ouvert au P. leTellier, qui lui avait demandé quelques jours pour y penser. Ce père était revenu avec une consultation, non des pères de sa compagnie, qu’il ne fallait pas compromettre, mais avec une des plus habiles docteurs de Sorbonne, qui décidaient (la Sorbonne n’ayant pas voulu la décider en corps), que tous les biens des Français étaient au roi en propre, et que quand il les prendrait, il ne prendrait que ce qui lui appartenait.

« Le roi avouait que cette décision l’avait mis fort au large, lui avait ôté ses anciens scrupules, et lui avait rendu le calme et la tranquillité qu’il avait perdus. Maréchal fut si étonné à ce récit, qu’il ne put prononcer un seul mot. Heureusement pour lui le roi le quitta dès qu’il le lui eût fait, et Maréchal resta seul, à la même place, ne sachant presque où il en était. Cette anecdote, qu’il me conta quelques jours après, étant encore dans le même effroi, n’a pas besoin de commentaires. » Cet impôt fut célébré, suivant l’usage, par des couplets plus malins que méchants, parmi lesquels ces deux-ci se font remarquer :

Amis, saisissons-nous des pots ;
Buvons à qui nous aime ;
Dans ce siècle affreux des impôts,
Ma frayeur est extrême,
Que, sur nos coups, quelques marauds
Ne lèvent le dixième.

Si ma Philis donne au roi le dixième
De tous les cœurs charmés de ses attraits,
J’ose jurer, par sa beauté suprême,
Que l’ennemi viendra bientôt, lui-même,
A deux genoux nous demander la paix.
Si ma Philis, etc.

 

4 mars 1793 : mort du duc de Penthièvre,
petit-fils de Louis XIV et dont
le destin fut tragique

Louis-Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, né à Rambouillet, le 16 novembre 1725, du comte de Toulouse et de madame de Noailles, était petit-fils de Louis XIV. Après la mort du comte de Toulouse, Louis XV, qui avait pour la comtesse de Toulouse beaucoup de respect et d’attachement, voulut que son fils héritât de toutes les charges de son père : il fut fait grand amiral, grand veneur, et gouverneur de Bretagne.

Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre
Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre

Depuis longtemps le grand amiral ne nommait plus aux emplois, et n’avait aucune autorité dans les armées navales. Il n’est pas douteux que cette charge n’eût été abolie comme celle de connétable et de grand maître de l’artillerie, si l’attachement de Louis XV et de Louis XVI pour le duc de Penthièvre, ne les eût engagés à lui conserver une place à laquelle on avait attaché des revenus considérables.

Le duc de Penthièvre avait épousé, en 1744, mademoiselle de Modène, fille aînée du duc de ce nom, et de Charlotte-Aglaé d’Orléans. La duchesse de Penthièvre étant morte en 1755, dans le printemps de son âge, la comtesse de Toulouse, voyant son fils inconsolable de cette perte, lui conseilla de voyager en Italie. Le prince suivit d’autant plus volontiers ce conseil, que sa piété lui avait inspiré, depuis longtemps, le désir de visiter la capitale du monde chrétien. Avant d’aller à Rome, il se rendit à la cour du duc de Modène, son beau-père.

C’est là qu’il vit, pour la première fois, les deux sœurs de madame de Penthièvre, dont l’une épousa, quelques temps après, le prince de Conti, qui, par son extrême indifférence, la rendit très malheureuse ; l’autre, qui se nommait Mathilde’, était d’une beauté ravissante et ressemblait beaucoup à madame de Penthièvre. Ce fut à cette ressemblance que le duc attribua d’abord le trouble que lui causa la vue de cette aimable princesse, et qu’il eut beaucoup de peine à dissimuler pendant le souper, qu’on servit peu de temps après l’arrivée de ce prince.

Il se trouva très près de la princesse Mathilde, qui, se rappelant une sœur qu’elle avait tendrement aimée , crut devoir attribuer la vive impression que lui avait fait éprouver le duc de Penthièvre au souvenir douloureux de sa sœur : aussi ne parlèrent-ils que d’elle tout le temps du repas, et les pleurs que le récit de ses derniers moments arrachèrent à la princesse Mathilde, prêtaient un nouveau charme à ses attraits ; et cependant le duc de Penthièvre était loin de se rendre compte de ses sentiments pour cette charmante personne.

Plusieurs mois s’écoulèrent sans que le duc et la princesse osassent s’avouer un sentiment qu’ils se reprochaient. Cependant la comtesse de Toulouse écrivait souvent à son fils, et ne concevait pas ce qui pouvait l’arrêter si longtemps à la cour de Modène : le prince était loin de lui en faire la confidence. Enfin, après avoir longtemps balancé, il se détermina à écrire .au duc de Modène une lettre dans laquelle « il lui faisait part du secret de son cœur, qu’il n’avait pas eu le courage de lui déclarer de vive voix. »

Le duc de Modène, étonné de recevoir une lettre de son gendre, l’ouvre avec inquiétude, et n’est pas moins surpris de ce qu’elle contient. Il passe aussitôt chez la duchesse, et lui communique cette lettre. « Ah ! dit la duchesse après l’avoir lue, que Mathilde soit aussi heureuse que sa pauvre sœur. Que pourrions-nous désirer de plus pour elle ? » Aussitôt elle fait dire à sa fille de se rendre dans son appartement. Dès que Mathilde fut entrée, sa mère lui donna la lettre de M. de Penthièvre. A peine en eut-elle lu les premières lignes, qu’elle se jeta aux pieds de son père, qui, la relevant avec tendresse : « Ne craignez pas, lui dit-il, que je m’oppose à ce qui peut faire votre bonheur. La demande du duc nous honore ; mais ma seule inquiétude est que le pape ne s’oppose à ses vues, et alors je serai très affligé de vous voir attachée à un prince qui ne pourrait devenir votre époux. »

Le duc et la duchesse firent ensuite la réponse la plus favorable au duc de Penthièvre. Il ne s’agissait plus que d’obtenir les dispenses nécessaires. Le duc de Penlhièvre, se flattant que le pape ne serait pas plus sévère pour lui que ses prédécesseurs ne l’avaient été pour d’autres princes, part aussitôt pour Rome. Il se rendit à Livourne, où il s’embarqua pour Civita-Vecchia. La traversée fut heureuse. Arrivé à Civita-Vecchia, il se rendit tout de suite à Rome, et descendit au palais de l’ambassadeur de France. Quelques jours après il fut admis à l’honneur de baiser les pieds de Sa Sainteté ; il eut ensuite des conférences particulières avec le pape, qui ne lui donna que des espérances éloignées, en lui disant qu’il consulterait la chambre apostolique.

Au bout de quelques semaines, le cardinal Pozzobonelli lui apporta la décision du consistoire, conçue en ces termes : « Les mariages entre beaux-frères et belles-sœurs étant absolument contraires à l’esprit de l’Eglise, on ne peut en accorder la dispense que dans le cas où il faut absolument réparer un scandale public ; sinon, on ne peut permettre ces sortes de mariages. » Le duc de Penthièvre fut atterré par cette décision ; mais le cardinal tâcha d’en adoucir l’amertume, avec cette adresse qui caractérise sa nation.

« Rien de si facile, monseigneur, lui disait-il, que de concilier votre attachement pour la princesse avec les opinions du pape. Dieu me garde de vous conseiller d’offenser sa justice, pour obtenir ensuite le droit de réparer votre faute ; mais n’est-il donc pas possible, en prévenant la princesse, qu’elle consente à se trouver enfermée seule avec vous dans son cabinet ? Le duc de Modène viendrait vous y surprendre, et il écrirait au Saint-Siège, qu’il n’y a d’autre moyen de réparer cet outrage, qu’en permettant que vous épousiez mademoiselle Mathilde. — C’est un mensonge d’action, répondit le duc, et votre éminence pourrait-elle me le conseiller ? —Tout le monde saura bien, monseigneur, que ce n’est que pour obtenir des dispenses que vous avez pris ce moyen. — Mais, si un seul être soupçonne que nous ayons été coupables, je flétris pour jamais la réputation de la princesse. — Je vous le répète, monseigneur ; cette marche est si connue, qu’il n’y a personne, même le pape, qui ne sache que c’est un jeu. — Et voilà ce qui m’effraie en matière religieuse ; je réfléchirai, et ferai part à votre éminence de ce que je déciderai. »

Le cardinal dit encore beaucoup de choses au prince pour le déterminer, et le quitta, bien persuadé que son attachement pour sa belle-sœur prévaudrait sur sa délicatesse. Le duc de Penthièvre, livré aux plus cruelles anxiétés, instruisit aussitôt la princesse Mathilde du refus qu’il venait d’essuyer, et de l’expédient que lui avait suggéré le cardinal Pozzobonelli. Il terminait ainsi sa lettre :

« Je vous rends l’arbitre de ma destinée ; vivre sans vous est un malheur que je ne puis supporter ; mais devoir ce bien suprême à l’idée que j’ai pu ternir l’éclat de votre vertu, me paraît bien cruel. » D’ailleurs, ne sommes-nous pas destinés à donner l’exemple aux autres hommes ? Et que dira la mère de famille qui surprendra sa fille, ainsi que l’on veut nous faire surprendre, lorsqu’elle voudra lui faire des reproches ?

« Je vous aime, n’en doutez pas ; mais votre honneur m’est plus cher que la vie. S’il ne s’agissait que de sacrifier ce qui me reste de jours pour en passer un seul avec le titre glorieux de votre époux, je n’aurais pas besoin de demander conseil à ma chère Mathilde : mon choix serait bientôt fait, mais ici la religion, l’honneur, le devoir que notre rang nous impose, tout se trouve compromis, si nous acceptons d’être heureux par une feinte indigne de nos caractères. Ah ! je n’ai pas besoin de savoir quelle sera la réponse de Mathilde ; une voix secrète crie au fond de mon cœur, que je n’ai plus de bonheur à espérer.

« Cependant, madame, j’attendrai votre réponse pour partir d’ici. Je n’ai pas la force de me condamner moi-même à l’affreux malheur de ne vous revoir jamais ; mais rien ne détruira l’amour et le respect avec lesquels je suis, etc. »

Réponse de la princesse Mathilde au duc de Penthièvre :

« Mieux vaudrait mourir que de vivre déshonorée. Le soupçon est plus qu’il ne faut pour n’oser lever les yeux ; et je n’achèterais pas un grand bien sans doute, aux dépens de celui qui m’est plus cher que la vie. Ainsi, je passerai mes jours à pleurer celui où je vous ai vu, et resterai pour toujours votre sœur et amie. »

Quand le prince eut lu cette lettre : « Je m’y attendais, dit-il ; je n’en suis pas moins malheureux, mais je l’ai mérité. » Il donna aussitôt des ordres pour son départ, et il s’embarqua pour Gênes, afin d’éviter, dans son retour, le pays où il avait connu la belle et vertueuse Mathilde.

Les soins qu’il prit lui-même de l’éducation de son fils, le prince de Lamballe, ne furent pas heureux. On sait comment ce jeune prince périt, à la fleur de son âge, d’une mort affreuse, suite de ses débauches nocturnes avec le duc de Chartres, depuis duc d’Orléans, dont l’atroce cupidité travaillait, dans ces orgies perfides, à éteindre en lui le principe de la vie, afin que mademoiselle de Penthièvre, sa sœur, qu’il voulait épouser, demeurât seule héritière de l’immense fortune du duc de Penthièvre.

Avant, et surtout pendant la Révolution, ce prince se tint constamment éloigné des affaires politiques. Cet éloignement, et cinquante ans de vertus, le préservèrent personnellement des outrages révolutionnaires. Après avoir perdu son épouse et son fils, par une mort prématurée, il était réservé à des épreuves encore plus terribles. Qu’on se figure la douleur et la consternation de ce malheureux père, lorsqu’il apprit la mort épouvantable de la princesse de Lamballe. L’auguste vieillard ne put résister à ce dernier coup ; il mourut cinq mois après, au château de Vernon, entre les bras de sa fille.

4 mars 1832 : mort de l’égyptologue
Jean-François Champollion
(D’après « Nouvelle biographie générale depuis les temps
les plus reculés jusqu’à nos jours » (Tome 9), paru en 1855)
Premier à déchiffrer les hiéroglyphes, père de l’égyptologie, Champollion fit dire à Chateaubriand que « ses découvertes auront la durée des monuments immortels qu’elles nous ont fait connaître »

Célèbre orientaliste français, Jean-François Champollion naquit le 23 décembre 1790, à Figeac, dans le Lot. Élève de son frère, il montra dès son enfance les plus heureuses et les plus précoces dispositions pour l’étude des langues grecque et latine et pour le dessin ; il copiait, en guise de récréation, les alphabets hébreu, syriaque, éthiopien, et s’adonnait à l’étude de l’hébreu, ainsi qu’à celle des médailles, dont la bibliothèque de son frère renfermait les principaux ouvrages. On attribua même le défaut dans la position de son œil gauche à ses lectures pendant la nuit à la lumière d’une lampe mal placée pour l’éclairer.

Les inspecteurs généraux des études ayant été frappés de son aptitude et de son savoir, il fut nommé élève du gouvernement au Lycée, institution que le premier consul venait d’établir, et il sut faire marcher de front l’étude approfondie de l’hébreu, du chaldéen, du syriaque, de l’éthiopien et surtout de l’arabe. Il traduisit plusieurs parties de la Bible ; il fit aussi un extrait méthodique des géographes arabes ; enfin, voulant se faire auteur, il composa Sur les Géants de la Bible un mémoire pour démontrer que leurs noms, ramenés à l’étymologie hébraïque, étaient ceux des phénomènes naturels personnifiés et mis en scène. En 1806, cette dissertation fut envoyée à Millin, qui engagea le jeune orientaliste à venir à Paris. Plus tard on trouva dans les papiers de l’auteur la copie de ce mémoire, sur laquelle il avait écrit de sa main : ma première bêtise.

Jean-François Champollion. Gravure parue dans L'Égypte de Gaston Maspero (1881)
Jean-François Champollion. Gravure parue dans L’Égypte de Gaston Maspero (1881)

On s’occupait alors beaucoup de l’Égypte. Fréret, l’abbé Barthélemy et autres savants avaient dit que la langue copte était l’ancienne langue des Égyptiens. Le jeune lycéen pensa que les noms antiques des provinces et des villes de l’Égypte devaient appartenir à cette langue ; qu’en recueillant ceux qui se trouvent dans les auteurs grecs et latins, en dépouillant d’autres noms de leur enveloppe arabe et hébraïque et les appliquant aux localités, on pourrait reconstruire ainsi la géographie de l’Égypte pendant le règne des Pharaons ; il recueillit les matériaux nécessaires, arrêta le plan de l’ouvrage, dont il rédigea l’introduction, et il y exposa l’objet de ses recherches, qu’il résuma dans une carte dressée et dessinée de sa main. Cette introduction fut lue, le 1er septembre 1807, à l’Académie de Grenoble par l’auteur, alors âgé de seize ans.

Sur la recommandation du préfet, Fourier, qui avait fait partie de l’expédition d’Égypte, entretenait le jeune Champollion dans l’étude de ce merveilleux pays. Son frère le conduisit à Paris, où Fourcroy l’accueillit favorablement. Mis alors en rapport avec les savants et littérateurs tels que Millin, Langlès, Silvestre de Sacy, Chezy, Van Praet, amis de son frère, il profita de leurs conseils, et consacra toutes les journées à l’étude et aux leçons du Collège de France, de l’école des langues orientales ou au milieu des manuscrits de la Bibliothèque impériale, enrichie alors des manuscrits coptes provenant de la congrégation de la Propagande de Rome.

La langue copte était l’objet principal de ses études. A cette époque il reçut de Londres la gravure de l’inscription hiéroglyphique de Rosette. Son examen le convainquit qu’au moyen de la langue copte on devait parvenir à lire les inscriptions hiéroglyphiques. Il se créa donc une grammaire copte, qui fut l’objet de ses soins persévérants, ainsi que le Dictionnaire copte, qu’il augmenta jusqu’à ses derniers moments.

Après s’être perfectionné dans la connaissance de l’arabe, du persan et du sanscrit pour comparer les idiomes asiatiques entre eux, il commença en 1808 à pénétrer dans le secret de l’écriture hiéroglyphique, et en comparant les signes d’un papyrus démotique avec ceux de l’inscription de Rosette, il découvrit les vingt-cinq lettres égyptiennes mentionnées par Plutarque. Dès lors il prit l’habitude d’écrire avec ces caractères démotiques ses notes personnelles et familières, ou même à transcrire des textes coptes, et à en composer comme exercice de cette langue, qu’il cherchait à se rendre de plus en plus familière. C’est même sur une de ces compositions coptes écrites en caractères antiques qu’un savant académicien s’est trompé en la publiant comme un texte égyptien de l’époque des Antonins.

En 1809, à la création de l’université impériale, Champollion fut nommé professeur d’histoire à la faculté des lettres de Grenoble, et c’est du haut d’une chaire de province que furent mises en circulation les nouveautés que les plus curieuses recherches et les plus importantes découvertes de l’Europe savante et des voyageurs contemporains avaient acquises à la science, le tout appuyé de textes orientaux traduits pour la première fois.

En 1811 il publia ses Observations sur le catalogue des manuscrits coptes du musée Borgia (ouvrage posthume de Zoega). Il y fit remarquer un fragment contenant une série de Recettes contre les maladies de la peau, dont l’huile et le charbon sont la base curative. Pour imprimer l’ouvrage sur la géographie primitive de l’Égypte, des caractères coptes et grecs furent achetés à Paris et portés à Grenoble, et en mai 1811 trente exemplaires de l’Introduction suivie du Tableau géographique tout entier, en furent détachés. Ce prodrome, qui fit une grande sensation à Paris, ainsi que les articles détachés, Memphis et Thèbes, furent une prise de possession des recherches de Champollion.

Jacques-Joseph Champollion, frère aîné de Jean-François. Gravure parue dans Les Deux Champollion. Leur vie et leurs oeuvres (1887)
Jacques-Joseph Champollion, frère aîné de Jean-François.
Gravure parue dans Les Deux Champollion. Leur vie et leurs oeuvres (1887)

L’ouvrage parut dès 1814 ; son titre annonçait un travail général sur toutes les institutions égyptiennes, géographie, religion, langue, écriture, histoire de l’Égypte sous les Pharaons ; mais les deux volumes publiés ne contenaient que la Description géographique. Les matériaux pour les autres parties étaient amassés soigneusement ; les documents nouveaux, tirés des ruines de l’Égypte, étaient commentés, et l’auteur osa dire alors : « Cette étude suivie fortifie chaque jour davantage l’espérance flatteuse, illusoire peut-être, qu’on retrouvera enfin sur ces tableaux où l’Égypte n’a peint que des objets matériels, les sons de la langue et les expressions de la pensée. »

Fontanes, grand-maître de l’université, écrivit alors à l’auteur : « Vos savants travaux feraient oublier votre âge si l’on n’aimait à se le rappeler pour leur trouver encore un nouveau prix. » Sa notice sur les odes gnostiques coptes, attribuées à Salomon, suivit de près ce grand ouvrage présenté et dédié au roi. Par suite des troubles politiques d’alor (1815), Champollion dut se retirer avec son frère à Figeac, et c’est là qu’il refit son Dictionnaire copte et qu’il commença la transcription de sa Grammaire copte.

Chaque mot, selon les trois dialectes, y est rangé sous la racine mise à sa place alphabétique, laquelle est suivie de ses dérivés, de ses composés et de nombreux exemples corroborés par d’exactes citations ; il fit une seconde rédaction de ce Dictionnaire qui reçut ensuite de fréquentes additions faites à Paris, à Turin, à Rome et en Égypte.

De retour à Grenoble en 1818 ainsi que sont frère, celui-ci comme bibliothécaire et Champollion comme professeur d’histoire et de géographie, il donna ses observations sur les fragments coptes en dialecte baschmourique publiés par Engelbreth à Copenhague ; il y émettait sur l’origine et la constitution de ce dialecte une opinion dans laquelle il a toujours persisté.

Peu de temps après il revint à Paris, apportant la collection des tableaux de signes égyptiens qu’il avait fait lithographier à Grenoble. Dans l’Introduction il démontre que les signes hiératiques du système égyptien ne sont qu’une tachygraphie ou forme abrégée des signes hiéroglyphiques ou signes-portraits, que ces caractères tachygraphiques conservaient la même valeur que les signes dont ils étaient l’abrégé, et que leur nombre et leur valeur étaient semblables dans les deux systèmes. « C’était déjà, dit Silvestre de Sacy, un bon coup de pioche dans le filon égyptien », en entendant la lecture que fit Champollion à l’Académie de son mémoire Sur l’écriture hiératique, qui fut suivi d’un travail semblable Sur l’écriture démotique.

C’est le 17 septembre 1822 que Champollion lut à l’Académie des inscriptions son célèbre mémoire publié sous le titre de Lettre à M. Dacier où il prouva, par un recueil de cartouches extraits des monuments égyptiens, qu’il y lisait incontestablement les noms de Ptolémée, Alexandre, Bérénice, Arsinoé, Cléopâtre, etc., ainsi que le mot autocrator, et l’alphabet des hiéroglyphes était découvert. Le roi Louis XVIII, informé de cette découverte le soir même, envoya quelques jours après à l’auteur une tabatière avec le chiffre royal en diamants.

Lorsque l’Angleterre éleva quelques controverses, non pas sur la certitude de la découverte de Champollion le jeune, mais sur sa priorité, le savant français fit l’examen impartial de ces prétentions, et deux puissants esprits, Silvestre de Sacy et Arago prononcèrent sur le litige, et décidèrent que la manière de procéder adoptée par Champollion était essentiellement différente des conjectures du docteur Thomas Young, s’égarant dans une fausse direction, et que la découverte de la véritable route appartenait au savant français.

Dans une suite de mémoires lus à l’Institut (avril, mai et juin 1823), Champollion exposa successivement les trois éléments du système graphique des Égyptiens, figuratif, idéographique et alphabétique, la constitution individuelle de leurs signes, et les lois de leurs combinaisons. Ces mémoires réunis formèrent le grand ouvrage publié aux frais de l’État en 1824 sous le titre de Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, dédié au roi.

Table extraite du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens de Jean-François Champollion (1824)
Table extraite du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens
de Jean-François Champollion (1824)

En 1824, avec la protection du roi de France, Champollion arrivait à Turin pour examiner la magnifique collection du consul français Drovetti, acquise par le roi de Sardaigne, et aussitôt il annonçait la découverte du célèbre papyrus royal ou chronologique. De retour en France après un voyage à Rome, de Blacas, zélé protecteur des lettres et des sciences, le chargea de faire un rapport sur la collection d’antiquités égyptiennes déposée à Livourne par le consul d’Angleterre Henri Salt ; et sur ce rapport l’acquisition en fut faite par le Musée de Paris.

Après avoir procédé à l’embarquement des divers objets qui la composaient, Champollion retourna à Rome y continuer ses études, et c’est alors qu’il publia, en 1824 : Première et seconde lettre au duc de Blacas, relatives au musée égyptien de Turin ; ouvrage dans lequel les principes exposés dans le Précis du système hiéroglyphique sont appliqués avec succès à l’interprétation de monuments historiques des plus anciennes époques.

De retour, en 1826, de ce voyage d’Italie, Champollion brûlait du désir d’explorer enfin de ses propres yeux cette terre d’Égypte à laquelle il avait consacré toutes ses pensées. L’expédition scientifique de 1828, dont il fut le guide et le soutien, est sans contredit la plus féconde en résultats qu’on ait alors entreprise de ce genre. Il rapporta notamment 2400 dessins de monuments. Toutes les peintures, tous les bas-reliefs, ainsi que leurs légendes, qu’il put découvrir dans la Nubie, dans la Haute-Égypte et dans la ville de Thèbes, furent figurés ou décrits avec détail. Les tombes royales, leurs vastes galeries n’échappèrent pas à ses recherches. Craignant de lasser la patience des jeunes dessinateurs ses compagnons de voyage, il traça lui-même une grande partie des dessins qu’il rapporta en France.

Le jeune conquérant de la science hiéroglyphique put dire : « Quoi qu’il arrive, j’aurai toujours laissé ma carte de visite à la postérité. » De retour à Paris au mois de mars 1830, Champollion s’occupa de la composition d’une Grammaire égyptienne. Elle venait d’être terminée, sauf un chapitre, quand les atteintes du mal qui l’enleva arrachèrent la plume de ses mains. Depuis le 24 janvier 1832 jusqu’au 4 mars suivant, jour de sa mort, il ne traîna plus qu’une vie languissante.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article