"Comme les foules s’amassaient, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas. »
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l’homme pour cette génération. Jonas est connu comme le prophète récalcitrant et Jésus le mentionne comme signe aux autorités religieuses ! Cela nous demande un travail d’interprétation ! Jonas n’apprécie pas la mission que Dieu lui confie et il tente d’y échapper. Mais la tempête se déchaîne et le renvoie à sa mission. Jésus nous indique que le signe qu’il va donner, c’est lui-même, comme le “signe de Jonas.” Jonas s’est laissé jeter dans la mer pour apaiser la tempête et sauver les marins. Jésus s’est laissé crucifier pour apaiser les tempêtes du péché et nous redonner la vie d’enfant de Dieu. Comme Jonas a vécu trois jours dans le ventre de la baleine, Jésus a aussi vécu dans le ventre de la terre, avant de marcher, Ressuscité, hors du tombeau vide. Le signe que Jésus donne est celui de sa mort et de sa résurrection. Sa mort, librement acceptée, est le signe de l’incroyable amour de Dieu pour nous : Jésus donne sa vie pour sauver la nôtre. Sa résurrection d’entre les morts est le signe du pouvoir de l’Amour infini de Dieu.
"Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. »
La Parole de Dieu est notre Sagesse, elle nous renouvelle comme elle renouvelle la vie de nos communautés. Nous recevons le signe de Jonas et celui de la reine de Saba comme un encouragement à cheminer patiemment à la suite de Jésus, malgré notre faiblesse. La reine de Saba a pris la sagesse de Salomon au sérieux et elle a fait un long et dangereux voyage pour aller l’écouter. Jésus conduit notre histoire, il annonce le Royaume. Il apaise nos cœurs blessés, il libère nos consciences culpabilisées. Jésus nous relève, il accueille les rejetés. Si la conversion est une décision personnelle, elle est aussi une sagesse communautaire. Le Carême nous est donné pour ouvrir nos cœurs en cheminant vers Pâques. Nous nous laissons plonger dans la Vie de Jésus, dans sa Passion et dans sa Résurrection. Nous avons besoin d’un surcroît d’humanité ! Tellement de nos frères se trouvent dans une situation de vide, de manque de l’essentiel !
"Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. Le signe qui nous est donné aujourd’hui, c’est Jésus, le Sauveur du monde. Dieu exprime sa bonté miséricordieuse envers tous et envers chacun. Cette miséricorde sauvera le monde qui accueille Jésus. Toute l’humanité est appelée à la conversion. Notre vie est le lieu de la sainteté. Notre chemin de vie avec Dieu est la voie de notre salut. Jésus nous appelle à l’ouverture et à l’accueil de Dieu qui est passionné de l’humanité pour lui faire partager sa divinité ! Laissons-nous surprendre par Dieu qui veut pour nous la vie. Pendant ces quarante jours de Carême, Jésus est lui-même notre signe ! Il est venu, il a aimé notre monde, il a souffert pour lui, pour chacun de nous ! Il a donné sa vie pour que le monde ait la Vie. Jésus nous transforme car nous sommes « vide » de Dieu. En nous donnant le Pain de Vie Jésus dit : « Prenez, mangez c’est mon Corps ! » En prenant la Coupe : « Prenez, buvez c’est mon sang ! »
Nous recevons cette Vie nouvelle pour vivre humblement au service les uns des autres.
Saint Raphaël Arnáiz Barón (1911-1938)
moine trappiste espagnol
Rodriguez, o.p. ; éds. Cerf 2008, p. 266)