La prière du chapelet nous donne le regard de Marie sur son Fils. Méditer les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, nous permet de contempler le Christ dans toute sa vie. Peu importe si nous perdons le fil, si notre dizaine ne compte que six Ave ou douze, le Seigneur s’y retrouve. Ce qui compte c’est l’élan du cœur. « Le Seigneur nous demande peu de choses mais que ce peu doit jaillir du cœur », écrivait Théophane le Reclus dans ses Lettres.
En mettant notre manteau, pensons que nous nous enveloppons de silence, comme y invite le père Wilfrid Stinissen dans son manuel de vie carmélitaine Cachés dans l’Amour. Si nous ne nous taisons pas, comment pouvons-nous écouter Dieu ? Ce n’est pas le moment de laisser libre court à notre petit moulin à paroles intérieur. Tant que nous avons notre manteau sur le dos, efforçons nous de rester intérieurement silencieux. « L’homme a la redoutable capacité de réduire Dieu au silence par son bavardage continuel », disait Adrienne von Speyr.
Le temps d’un trajet n’est pas du temps perdu. Invoquons l’Esprit saint et chantons intérieurement en prenant un chant de louange. Remercions Dieu pour tout ce qu’Il nous donne. En aiguisant notre gratitude envers Dieu qui nous a tout donné, nous percevrons sa présence dans les toutes petites choses de notre vie.
Rue saint Roch, église sainte Bernadette, allée Jean-Paul II… les saints sont partout ! Ciblons les plaques de rue et composons notre petite litanie en disant intérieurement : « sainte W, aide-moi à voir Jésus dans ceux que je rencontre ; saint X, prie pour moi ; sainte Y, apprends-moi à aimer Dieu comme tu l’as aimé ; saint Z, donne-moi le goût de la prière, etc. »
Au lieu de regarder nos pieds, prenons conscience que nous ne sommes pas seuls et prions pour les autres, comme Véronique : « Je choisis une personne que je vois dans la rue et je me mets à prier pour elle. Je la confie au Seigneur, j’invoque l’Esprit Saint pour elle. Il m’est souvent arrivé que la personne ciblée par ma prière se retourne ! Cela ne m’étonne pas. Quand une personne prie dans la rue, quelque chose émane d’elle, comme un petit caillou que l’on jette et qui fait des ronds dans l’eau. »
Nous sommes dehors. Pensons aux personnes qui aimeraient pouvoir sortir et restent enfermées au bureau, chez elles, à l’hôpital, en prison. Pensons aussi à celles qui aimeraient pouvoir rentrer dans un « chez-soi ».
Les oraisons jaculatoires sont des courtes phrases que nous pouvons répéter en calant notre souffle sur le texte. Par exemple : « Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, prends pitié de moi pécheur » ; « Jésus, doux et humble de cœur, rends mon cœur semblable au tien » ; « mon Seigneur et mon Dieu ». Petit à petit, elles deviennent la prière de notre cœur.
Remercions Dieu pour notre corps qui nous permet de marcher. Prenons conscience de notre souffle, de nos articulations, de nos muscles, de nos pieds, de nos bras qui accompagnent nos pas. Ils sont de vrais cadeaux de la vie ! Rendons grâce pour la lumière qui éclaire et se reflète partout, pour la nature qui parvient toujours à se glisser dans le béton armé, pour l’intelligence ou l’inventivité des hommes qui ont construit la rue dans laquelle nous marchons. Il y a toujours un petit détail à admirer quelque part.
Dans la rue, nous sommes souvent très distraits. Inutile de s’en agacer, accueillons les pensées comme elles viennent et offrons-les à Dieu. Si nous pensons à quelqu’un, bénissons Dieu pour cette personne. Si nous pensons à quelque chose à faire, écartons-le mentalement en demandant à notre ange gardien de nous le rappeler en temps utile. Et retrouvons Dieu, présent en nous.
Le balayeur, l’éboueur, la vendeuse sur le pas de sa porte, la personne sans abri… Ils ne sont pas des pions. Même si nous ne les connaissons-pas et n’avons pas le temps de nous arrêter, saluons-les, offrons-leur un sourire. Puis demandons au Seigneur de les bénir.