Quand donc tu fais un acte de compassion, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme les hypocrites le font dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les gens. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense." C’est dès notre plus jeune âge que nous apprenons à être "bien." Avoir une belle image de soi, être reconnu des autres, de nos parents, de nos maitres est important, mais ce n’est pas « vivre comme des justes ! » Il y a une aspiration qui est plus profonde au cœur de tout homme. Ce n’est pas de paraître quelqu’un de bien, mais il s’agit d’être quelqu’un de bien. Cette aspiration nous est proposé dans son appel, par Jésus. C’est un chemin vraiment nouveau qui peut alors s’ouvrir pour nous. Il s’agit de rejoindre notre Père qui voit dans le secret. Dieu notre Père se donne dans un secret d’amour, c’est ainsi que tout ce que Dieu touche devient un feu d’amour qui est un secret. La prière, l’aumône, le jeûne en sont le fruit, qui se mue en secours des pauvres pour que la communauté vive.
"Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui se plaisent à prier debout dans les synagogues et aux coins des grandes rues, pour se montrer aux gens. Amen je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. Mais toi quand tu pries, entre dans la pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." Jésus nous propose de vivre hors du regard des autres. Le secret est le Cœur de notre Père où je peux vivre autrement, où je peux faire autrement, où mon être s’exprime autrement, où je puis le rencontrer autrement, en vérité. Que mon cœur se mette à agir à partir de lui seul, pour Jésus. Je trouve alors un espace pour être intérieurement en verité. Le mystère de l’amour infini de Dieu demande une limpidité, une clarté, une pureté étonnante dans le cœur de ceux qui le reçoivent. Cette limpidité ne s’apprend que dans une relation d’amour, dans la prière avec Dieu. L’Esprit Saint est à l’œuvre pour nous donner cet enseignement de Jésus qui nous transforme. Pour nous aider à entrer dans ce mystère, Marie a tout donné à Jésus pour qu’il puisse prendre « corps » en elle et au milieu de nous. C’est dans cette humilité et cette douceur que Jésus a lavé les pieds de ses disciples, pour nous donner un exemple de sa tendresse. Dans l’Eucharistie, c’est son Corps qu’il nous donne. L’Esprit d’amour nous est ainsi donné, concrètement, pour que nous puissions marcher avec Jésus, dans la volonté du Père.
"Toi quand tu jeûnes, parfume–toi la tête et lave–toi le visage, afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux gens, mais à ton Père qui est là, dans le secret, et ton Père, qui voit, là, dans le secret, te le rendra." C’est dans ce nouvel espace de la préparation aux noces, que peu à peu, nous prenons la mesure de l’intériorité, du secret d’amour qui nous habite. Nous faisons l’expérience unique de la relation avec un autre, infiniment respectueux, qui est notre Père. "Ton Père est présent dans le secret." C’est dans ce secret de l’Amour du cœur de notre Père. Jésus nous introduit dans la patience et dans l’attente. C’est bien un secret d’amour que de patienter jusqu’au retour de l’Epoux. Jésus, dans l’Esprit Saint, est uni à l’épouse humanité préfigurée par Marie. Ses enfants constituent l’Église, Jésus purifie chacun de nous au feu d’amour de sa vie. Le souci de l’épouse est d’être trouvée dans l’Esprit Saint, dans le feu d’amour annoncé dans le buisson ardent qui illumine Moise. Les noces de l’Agneau sont scellées à la Croix. Elles sont des noces de sang qui glorifient Jésus et qui nous font entrer dans sa glorification par le Père : « Qu’ils soient un Père comme toi en moi et moi en toi, » dit Jésus.
évêque de Genève et docteur de l'Église