Jésus se mit à faire des reproches sévères aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart des miracles, et qui n’avaient pas voulu changer radicalement, parce qu’elles ne s’étaient pas converties.
« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que les gens y auraient pris le vêtement de deuil et la cendre en signe de pénitence. La personne qui aime sincèrement manifeste son amour en montrant à ses frères que ce qu’elle vit d’incompréhensible et de difficile la laisse dans la paix. Nous ouvrir à l’autre sans cesse est la meilleure condition pour aimer. Dire sa souffrance à son ami est la marque d’un amour véritable : "Malheureuse es-tu," est un cri de douleur de Jésus nous en fait la confidence. « Si vous ne tenez pas à moi, vous ne pouvez pas tenir, » dit-il encore. Sans cesse les aimés s’envoient des signes, des messages qu’il leur faut comprendre. Jésus nous donne l’exemple de ces confidences dans la Parole d’aujourd’hui. Par sa vie, il dit les merveilles que Dieu nous fait. Elles suscitent en nous une action de grâce, un merci. Nous aimons les dons de Dieu, mais il faut aimer et nous attacher au Dieu des dons bien davantage. C’est à la personne de Jésus qui nous donne vie que va notre attachement et notre reconnaissance. Nous épousons alors les sentiments de son cœur, et nous nous trouvons assoiffés d’amour, de justice et de vérité.
"Et toi, Capharnaüm, seras–tu élevée jusqu’au ciel ? Tu seras abaissée jusqu’au séjour des morts ; car si les miracles qui ont été faits chez toi avaient été faits à Sodome, elle demeurerait encore aujourd’hui ! Jésus a vécu l’expérience du délaissement des gens de ces bourgades, il en souffre d’une grande douleur. Ses appels à la conversion manifestent son attente. Il voudrait voir notre réponse de foi au Dieu de l’Alliance. Mais nous recevons comme un du ce qui nous est si abondamment donné gratuitement. Ce qui est un don de l’amour de Dieu devient normal. Nous perdons alors la ferveur, l’émerveillement et l’action de grâce. Dieu a posé des signes évidents de son Amour et son Peuple n’a pas répondu. Nous recevons les bienfaits de Dieu comme si nous n’étions « pas concernés par le Donateur. » Progressivement des « glissements » s’opèrent dans notre cœur. De l’enfant émerveillé du Père qui reçoit tout avec action de grâce, nous pouvons devenir des personnes blasées. Il nous faut revenir à la fidélité d’enfant de Dieu. Il nous faut retrouver le chemin de notre identité, le chemin de foi qui donne consistance à notre vie. Sinon, sans y prendre garde, nous accaparons les dons de Dieu comme de notre propre bien et nous ne voyons plus que Dieu prend soin de nous.
« C’est pourquoi, je vous le dis, au jour du jugement, ce sera moins dur pour le pays de Sodome que pour toi. » Jésus veut que nous prenions au sérieux les dons que le Père nous donne. Il veut que nous allions puiser aux sources de son amour ! Nous recevons la guérison de notre être par ses paroles qui nous appellent à un véritable don d’amour qui nous rendra libre. Si Jésus crie ces reproches, c’est parce que son cœur est blessé devant notre indifférence. Il s’agit pour nous d’entrer dans l’émerveillement et la reconnaissance de ce que Dieu nous donne. Notre vie est heureuse quand elle est accordée au cœur de notre Père. Entrer dans la réciprocité de l’amour va se traduire par un amour du prochain plus vrai. Il nous faut garder une ambiance amicale avec notre voisinage. Jésus nous dit combien Dieu nous aime, comme il veut que notre cœur soit proche de son cœur ! Nous voulons assumer notre identité d’enfant de Dieu. Puisons dans l’appel de Jésus les ressources pour rebondir, pour nous réveiller, pour nous ouvrir à la conversion. Le réveil de notre cœur sera l’action de grâce envers les dons de Dieu vécu au secret de notre cœur. Alors le souci du faible et du pauvre s’épanouira dans notre vie !