La souffrance des petits oublis
La conscience des oublis est une grande souffrance.
Oui, oublier pour ne plus souffrir, est-ce la solution ?
Comment appelle-t-on cette maladie,
Si ce n’est pas l’Alzheimer ou Parkinson.
Ces petites secondes où l’esprit est vide,
Elles passent fugitives sans crier gare.
Ce vide qui n’est pas reconnu médicalement,
Mais qui hélas sont responsables d’erreurs,
Mots oubliés, actions suivies d’un oubli.
Ce serait la conséquence de la vieillesse,
Dit-on, donc sans intérêt médical.
La détresse d’un grave évènement dans la vie,
N’est pris en compte que pour les jeunes.
Mais « les vieux ! » peu importe c’est normal.
Leur fin est proche dit-on, ils n’ont pas d’intérêt.
Surtout ceux qui sont seul, les derniers d’une famille.
Des établissements pour vieux c’est bon pour eux,
Ils sont placés là, comme un objet, un dossier,
Les tiroirs ne s’ouvrent et se ferment qu’au dernier instant.
Oui, l’oubli de l’espace est peut-être l’idéal,
Mais il y a des éclairs de conscience,
C’est là, la souffrance, elle n’est pas reconnue.
Le pire vivre avec cette pensée horrible,
Savoir que son seul enfant va mourir avant nous,
Le regarder devenir un légume sans pouvoir,
Faire quelque chose pour lui, se sentir impuissante.
Réaliser que l’on ne peut plus se faire confiance
A cause de nos oublis d’une seconde parfois importante.
Cette souffrance qu’il nous faut gérer seule,
Combien sommes-nous dans cette situation ?
Trop peu pour être pris en compte,
Et pourtant trop nombreux à vivre dans l’ombre,
Ils restent inconnus dans le silence,
Au centre de ce monde bruyant innombrable.
Pourtant, nous avons cotisé plus de quarante années,
Français, françaises d’origines quelquefois autres,
Mais tous dans les mêmes conditions, les mêmes galères.
Nous sommes au ralenti, dans un monde virtuel.
Tout est plus rapide que notre ombre,
Tout tourne plus vite que notre Rock’n’roll d’antan.
Enfin, les souvenirs heureux ou tristes restent douloureux,
Puisque personne pour les comprendre, les partager,
Personne pour prendre en compte ces petits oublis,
Si gênant qui jalonnent tout au long de la journée,
De plus en plus souvent, sans pour autant inquiéter quiconque
Puisque nous sommes conscients et la tête sur les épaules,
Tout au moins c’est ce que nous nous efforçons de faire croire.
Alumacom
25 Janvier 2017