24 Août 2020
17 août 2020 : « Ma vie est plus importante que mon œuvre » aimait à répéter Joseph Kessel. En effet ! 80 ans de voyages, d'aventures et d'excès, quel programme ! S'il reste un des auteurs les plus lus du siècle dernier grâce à son Lion, l'écrivain bourlingueur aux 80 ouvrages eut aussi un destin hors du commun.
À l'heure où il entre dans la prestigieuse collection de la Pléiade, partons sur ses traces autour du monde pour découvrir si, comme il l'affirmait, « vivre et écrire, on peut faire les deux »...
17 août 2020 : il y a tout juste 800 ans, naissait officiellement la faculté de médecine de Montpellier. Le cardinal Conrad d'Urach, légat apostolique du pape Honorius III, concède à l'« universitas medicorum » ses premiers statuts et rassemble ainsi les écoles médicales montpelliéraines en communauté. Elle est sans doute la plus ancienne école universitaire de médecine au monde (en concurrence avec Bologne)...
La faculté de médecine de Montpellier est sans doute la plus ancienne école universitaire de médecine au monde encore en activité. Elle est née officiellement le 17 août 1220, quand le cardinal Conrad d'Urach, légat apostolique du pape Honorius III, concéda à l'« universitas medicorum » ses premiers statuts et rassembla ainsi les écoles médicales montpelliéraines en communauté. Ces écoles avaient été créées de façon informelle dans les décennies antérieures par des marchands languedociens riches de leurs connaissances en phytothérapie et médecine acquises lors de leurs voyages en Orient.
Au croisement des civilisations orientales et occidentales, la faculté de médecine de Montpellier allait se développer grâce au partage des cultures médicales arabes, juives et chrétiennes, en bénéficiant aussi de ce que dans la ville, juifs et chrétiens traduisaient « à quatre mains », en hébreu puis en latin, les manuscrits de l'Antiquité.
Dès 1181, une bonne partie de la population montpelliéraine s'était vue octroyer le droit d’exercer et d’enseigner la médecine. Ces thérapeutes étaient souvent des marchands qui avaient appris au Levant les secrets des herbes médicinales et s'étaient reconvertis dans la médecine libérale. Ils pratiquaient leur art de quartier en quartier, de ville en ville, accompagnés d'élèves avides d'apprendre.
Mais face à une pratique sans cadre ni règle, la nécessité de garantir et d’organiser le savoir devient impérieuse. En 1220, le statut d’Universitas medicorum est donc concédé par le légat apostolique Conrad d’Urach. Le 26 octobre 1289, Nicolas IV adresse, depuis Rome, la constitution apostolique « Quia Sapientia », dans laquelle la Sagesse, au sens médiéval du terme, est exaltée : le savoir est ordonné à des fins spirituelles, au service du beau et du vrai.
Les débuts de l’école de médecine sont plus que prometteurs et les voyageurs de passage célèbrent, dans leur correspondance épistolaire, la qualité de l’enseignement aussi bien que le sérieux des médecins. La devise de la faculté en est l’expression : Olim Cous nunc Monspeliensis Hippocrates (« Jadis, Hippocrate était de Cos, maintenant il est de Montpellier »). Rien que ça !
Les cours ont lieu aux domiciles des régents, au cœur de l’Écusson. L'enseignement consiste à lire, commenter et débattre - parfois assez librement - de textes médicaux grecs et arabes classiques. Les étudiants ont le libre choix de l'enseignant et passent l’examen au moment où ils se sentent suffisamment qualifiés.
Alors que l’université se place au cœur d’un système international de relations, l’année 1340 marque un tournant. Le prestigieux cours d’anatomie est créé. Montpellier fait alors partie des universités associant théorie et pratique, revendiquant son savoir hérité du passé et bénéficiant de la présence de maîtres illustres, comme Arnaud de Villeneuve ou Guy de Chauliac.
La cité devient l’équivalent français de Bologne ou de Padoue, aussi bien dans la renommée de son école de médecine que par sa puissance commerciale.
Établie de la Révolution à nos jours dans l'ancienne résidence des archevêques, près de la cathédrale, la faculté de médecine réunit aujourd'hui dans ce magnifique bâtiment ses magnifiques collections, ouvertes à la visite : 11 000 pièces anatomiques, plusieurs centaines de manuscrits médiévaux, des centaines d’incunables et post-incunables, 100 000 volumes imprimés dans tous les domaines du savoir, 1 000 dessins originaux de maîtres (Rubens, Titien, Tintoret, Fragonard...), l’un des plus vieux herbiers de France. À cela s'ajoute le somptueux Jardin des plantes élaboré sous l’impulsion d’Henri IV (1593) à deux pas de la faculté.
9 août 2020 : la capitale du Languedoc a bâti sa renommée sur ses échanges avec le monde méditerranéen et sur la réputation de sa faculté de médecine, qui fêtera ses 800 ans le 17 août !
Montpellier est aussi une ville pour les flâneurs. Avec son patrimoine millénaire, ses peintres et ses musées, ses ruelles pavées et ses boulevards ombragés, sans compter ses plages et ses sentiers de randonnée, c'est un endroit facile à vivre...
La capitale de l’Hérault est une ville pour les flâneurs. Avec ses ruelles pavées, ses boulevards bordés de commerces et ses plages de sable à deux pas, la cité occitane baignée de soleil près de 300 jours par an est un endroit facile à vivre.
Montpellier, aux origines médiévales, est singulière. Celle qui a bâti sa renommée sur son activité marchande et sur la réputation de sa faculté de médecine (la plus ancienne active au monde, fondée il y a 800 ans, le 17 août 1220 !) prétend aujourd'hui rivaliser avec sa voisine Toulouse, prête à révéler son histoire et ses charmes particuliers.
Il est un mystère pour lequel les Montpelliérains d’aujourd’hui s’enflamment encore : l’étymologie ! Le nom de la ville viendrait-il du Mons Pessulus, « l’écluse » pour sa position stratégique, ou du Mons Pistillarius, la « colline des épiciers » en raison de son commerce prospère ? Difficile de trancher. Mais si vous demandez à la population, il est fort à parier que certains vous répondront avec fierté que l’origine du nom vient de Mons Pastellorum, la « colline de pastels ». La référence à la qualité des pigments utilisés dans la teinture des tissus, dont le négoce faisait l’attractivité commerciale de Montpellier, permet ainsi de tenir la dragée haute à Toulouse : le pastel était en effet l’or bleu de la ville rose !
Situé sur deux collines basses de l’ancienne Gaule narbonnaise, le site d'aujourd'hui était, au IIe siècle avant J.-C., traversé par la Via Domitia reliant la Gaule, l'Italie et l'Espagne. Hormis cette voie de communication, et contrairement à ses illustres voisines, Montpellier n'a donc aucun héritage antique !
La cité naît en 985 sur une hauteur qui domine le fleuve Lez et son affluent, le Verdanson. Elle est alors citée dans les archives comme une « villa » de dix hectares de terres arables, objet d’une donation de Bernard II de Melgueil en faveur de Guilhem Ier, en échange du dévouement de ce dernier.
Jouant adroitement le jeu des pactes politiques, la « dynastie Guilhem » apporte la prospérité. Le fief se mue en bourg doté d'un château et d'une chapelle et se protège derrière un rempart de forme pentagonale. En raison de ce contour si particulier, il léguera son nom au quartier devenu centre névralgique : l’Écusson.
Vient le temps de noces et des alliances flatteuses : Guilhem VII épouse en 1156 une descendante d’Hugues Capet, Mathilde de Bourgogne, et leur fils Guilhem VIII se marie en 1174 avec Eudoxie, nièce de l’empereur de Byzance. Montpellier monte en puissance !
En 1204, la ville devient territoire des rois d'Aragon par le mariage de Pierre II avec Marie, qui a reçu la ville et ses dépendances en dote. L’histoire urbaine de Montpellier prend un nouveau virage, tout en maintenant une certaine liberté et le droit de choisir ses consuls. La chronique en est témoin : « Aysso es lo comessamen del cossolat » (« Ceci est le commencement du consulat », lequel perdurera jusqu’au XVe siècle).
Appréciée pour ses productions textiles, la cité s’agrandit et inclut deux ports actifs, Juvénal et Lattes. Elle s’impose comme une puissante ville marchande, au carrefour de la route du sel, provenant de Camargue, et de la route des pèlerins en chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Et pour répondre à la demande de ces visiteurs de passage, commerçants avec pignon sur rue et marchands d’épices, des usuriers et des banquiers prennent l'habitude de s'installer autour de l’église Notre-Dame des Tables, en référence aux étals installés au plus près du sanctuaire. Les marchands du Temple ne sont jamais très loin…
Montpellier est cosmopolite. L’importance du négoce et la forte présence de la communauté juive n’y sont pas étrangères. Écrivant de Montpellier en 1165, le rabbin Benjamin de Tudela note : « C'est un endroit bien situé pour le commerce. Il est à un parasang [soit 6 kilomètres] de la mer, et les hommes y viennent pour affaires de tous les côtés, d'Edom, Ishmaël, la terre d'Algarve, la Lombardie, de Rome la Grande, de toute la terre d'Égypte, de Palestine, Grèce, France, Asie et Angleterre. On y trouve des gens de toutes les nations qui font des affaires par l'intermédiaire des Génois et des Pisans. Dans la ville, il y a des érudits de grande importance ».
Pour découvrir l’un des lieux les plus étonnants de la ville, il faut s'enfoncer à 5 mètres sous terre par un escalier très étroit, au cœur du quartier juif médiéval. Là se dévoilent, dans une semi-pénombre, les vestiges d’un bain rituel juif datant du XIIIe siècle. Le mikvah (ou mikvé),découvert en 1985, préserve encore son déshabilloir et son bassin permettant l’immersion individuelle dans une eau d’un bleue limpide.
Cette pureté s’explique par l’ingéniosité des Juifs médiévaux. La cuve n’est pas alimentée par des canalisations, mais par l’excavation de la roche. Encore de nos jours, cela permet à l’eau, par capillarité, de passer sans stagner.
Rares sont les Mikvah médiévaux préservés. Le montpelliérain ne doit sa survie qu’à ses multiples transformations au travers des âges, en cave à charbon, puis en débarras. De nos jours, il reste un lieu encore assez secret, même des habitants !
Les débuts de la ville économique se confondent avec ceux de l’enseignement de la médecine. Dès 1181, une large majorité de la population se voit octroyer le droit d’exercer et d’enseigner la médecine. Ces thérapeutes sont souvent des marchands qui ont appris au Levant les secrets des herbes médicinales et se sont reconvertis dans la médecine libérale. Ils pratiquent leur art de quartier en quartier, de ville en ville, accompagnés d'élèves avides d'apprendre.
Mais face à une pratique sans cadre ni règle, la nécessité de garantir et d’organiser le savoir devient impérieuse. En 1220, le statut d’Universitas medicorum est donc concédé par le légat apostolique Conrad d’Urach.
Les débuts de l’école de médecine sont plus que prometteurs et les voyageurs de passage célèbrent, dans leur correspondance épistolaire, la qualité de l’enseignement aussi bien que le sérieux des médecins. En1340 est créé le prestigieux cours d’anatomie.
La cité devient l’équivalent français de Bologne ou de Padoue, aussi bien dans la renommée de son école de médecine que par sa puissance commerciale.