4 Novembre 2020
Le Saint du Jour est une liste quotidienne des Saints gardés dans la mémoire de l'Église. Les histoires des maîtres de la vie chrétienne de tous les temps qui comme des phares radieux orientent notre chemin.
Cardinal à l’âge de 22 ans seulement, Charles Borromée, descendant d’une famille lombarde du XVI siècle, mène une vie de jouisseur; la mort de son frère lui fait découvrir l’amour de Dieu. Il convainc le Pape de rouvrir le Concile de Trente et comme évêque il est «le moteur» de charité pour chacun.
Celui qui se trouve sur les rives du Lac Majeur, aperçoit aussitôt la statue de saint Charles Borromée qui domine les eaux de l’Arone. Haute de trente-cinq mètres, y compris le socle, elle fut réalisée au XVII en cuivre et fer et représente l’Archevêque de Milan en train de bénir. Mais surtout, le monument a une particularité: son intérieur se visite grâce à un long escalier. Celui qui escalade donc ses nombreux escaliers, peut observer le monde alentour à travers deux ouvertures réalisées justement sur les yeux de la statue de Borromée. Et en voici l’enseignement du Saint: regarder le monde à travers ses yeux, ou encore à travers la charité et l’humilité.
«Evêque enfant» d’abord, «géant de la sainteté» ensuite, la vie de saint Charles Borromée se déroule entre ces deux pôles, dans une accélération des temps directement proportionnels à son action pastorale. En effet, le petit Charles brûle les étapes: né le 2 octobre 1538 à Arona dans la noble famille Borromée, deuxième fils de Gilbert et Marguerite, il reçoit, alors qu’il n’est âgé que de 12 ans, le titre de «commanditaire» d’une abbaye bénédictine locale. Le titre honorifique lui donne le droit de jouissance de revenus importants, mais le futur Saint décide de les destiner à la charité des pauvres.
Il étudie le droit Canon et le droit civil à Pavie et en 1559, à l’âge de 21 ans, il devient docteur en utroque jure. Peu de temps après meurt son frère aîné, Frédéric. Beaucoup de personnes le conseillent de laisser la charge ecclésiastique pour prendre la tête de la famille. Charles décide au contraire de continuer son cheminement sacerdotal. A 25 ans il est ordonné prêtre en 1563 et tout de suite après, consacré évêque. C’est en cette qualité qu’il participe aux dernières phases du Concile de Trente (1562-1563), en devenant un des principaux promoteurs de ce qu’on appelle la «Contreréforme» et en collaborant à la rédaction du «Catéchisme tridentin»
En mettant aussitôt en pratique les indications du Concile, qui impose aux Pasteurs la résidence dans leurs diocèses respectifs, en 1565, à 27 ans d’âge seulement, Charles prend possession de l’Archidiocèse de Milan, dont il est nommé archevêque. Son dévouement à l’Eglise ambrosienne est total; à trois reprises, il accomplit une visite pastorale sur tout le territoire diocésain, l’ organisant ensuite en circonscriptions. Il fonde des séminaires pour aider à la formation des prêtres, fait construire églises, écoles, collèges, hôpitaux; il institue la Congrégation des Oblats, prêtres séculiers, donne aux pauvres les richesses de sa famille.
En même temps, Charles se consacre à la réforme profonde de l’Eglise à partir de son intérieur: en une époque particulièrement délicate pour le christianisme, «l’évêque –enfant» n’a pas peur de défendre l’Eglise contre les ingérences des puissants et il ne manque pas de rénover les structures ecclésiales, en en sanctionnant et en en corrigeant les défaillances. Conscient du fait que la réforme de l’Eglise, pour être crédible, doit commencer justement par les Pasteurs, Borromée encourage prêtres, religieux, et diacres à croire davantage en la force de la prière et de la pénitence, transformant leur vie en un vrai cheminement de sainteté. «Les âmes, répète-t-il souvent, se conquièrent à genoux»
L’action pastorale réellement ainsi stimulée par l’amour du Christ ne lui épargne pas hostilité et résistances. Contre lui les ainsi appelés «Humiliés», ordre religieux au risque des dérives doctrinales, organisent un attentat, en lui tirant aux épaules un coup d’arquebuse, alors que le futur Saint était recueilli en prière. L’attaque échoue et Charles continue sa mission; il désire «que les Pasteurs soient des serviteurs de Dieu et des pères pour les gens» (pape François, Audience à la communauté du Collège pontifical Lombard de Rome, 25.01.2016).
Vers les années 1570, la peste sévit et Milan, à genoux, pliée par l’épidémie et par la famine, ne peut compter que sur son archevêque qui n’épargne pas ses efforts. Fidèle à son moto épiscopal, «Humilitas», entre 1576 et 1577 il visite et réconforte les malades qu’il aide en dépensant tous ses biens. Sa présence entre les gens est tellement constante que l’histoire évoquera cette période comme la «peste de Saint Charles» et des siècles après Alexandre Manzoni en parlera aussi dans son roman «I Promessi Sposi»(Les Fiancés)
L’archevêque de Milan joue un rôle fondamental aussi dans l’arrivée du Suaire en Italie: c’est pour répondre à son désir ardent de prier devant le Saint Tissu de Lin, que les ducs de Savoie, en 1578, décident de déplacer le Suaire du Christ du Château de Chambéry, en France, à Turin, où, ensuite il restera pour toujours. Borromée s’y rend en pèlerinage à pieds, en marchant pendant quatre jours, à jeûne et en prière.
Son état physique, éprouvé par de nombreuses fatigues, commence à se détériorer et le 4 novembre 1584, Charles meurt seulement à 46 ans, en laissant cependant un héritage immense, moral et spirituel. Il est béatifié en 1602 par Clément VIII, puis canonisé en 1610 par Paul V. Depuis lors, sa dépouille repose dans la crypte de la Cathédrale de Milan, dans un mausolée qu’on appelle «Scurolo», recouvert de panneaux en feuilles d’argent qui en parcourent la vie
Saint Charles Borromée
Archevêque de Milan
(1538-1584)
Carlo Borromeo, né au sein de l'opulence et des grandeurs, devait être l'un des plus illustres pontifes de l'Église. Neveu du Pape Pie IV (Giovanni Angelo Medici, 1559-1565), Charles était cardinal avant l'âge de vingt-trois ans.
Après son élévation au sacerdoce, il fut promu à l'archevêché de Milan. Ce beau diocèse était alors dans une désorganisation complète : peuple, clergé, cloîtres, tout était à renouveler. Le pontife se mit à l'œuvre, mais donna d'abord l'exemple. Il mena dans son palais la vie d'un anachorète ; il en vint à ne prendre que du pain et de l'eau, une seule fois le jour ; ses austérités atteignirent une telle proportion, que le Pape dut exiger de sa part plus de modération dans la pénitence.
Il vendit ses meubles précieux, se débarrassa de ses pompeux ornements, employa tout ce qu'il avait de revenus à l'entretien des séminaires, des hôpitaux, des écoles, et au soulagement des pauvres et des mendiants. Son personnel était soumis à une règle sévère ; les heures de prières étaient marquées, et personne ne s'absentait alors sans permission. Les prêtres de son entourage, soumis à une discipline encore plus stricte, formaient une véritable communauté, qui donna à l'Église un cardinal et plus de vingt évêques.
L'archevêque transforma le service du culte dans sa cathédrale et y mit à la fois la régularité et la magnificence. Toutes les œuvres nécessaires furent fondées, et l'on vit apparaître partout un renouveau de vie chrétienne.
Ce ne fut pas sans de grandes épreuves. Saint Charles reçut un jour, un coup d'arquebuse, pendant qu'il présidait à la prière dans sa chapelle particulière ; le Saint continua la prière sans trouble.
On sait le dévouement qu'il montra pendant la peste de Milan. Il visitait toutes les maisons et les hôpitaux, et sauva la vie à soixante-dix mille malheureux. Les pieds nus et la corde au cou, le crucifix à la main, il s'offrit en holocauste. Il mourut sur la cendre à quarante-six ans.
Jessé est le père du roi David et vécut à Bethléem. "L'arbre de Jessé" est l'arbre généalogique de Jésus.
Le même jour, l'Eglise de Géorgie fête saint Jessé, évêque à Tsilkani en Géorgie où les prénoms bibliques sont fréquents.
La croyance populaire veut que saint Flour ait été un des soixante-douze disciples du Christ, venu évangéliser l'Auvergne. Mais les Sanflorains le vénèrent depuis le 10ème siècle.
Saint Félix de Valois
Ermite et co-fondateur
« Ordre de la Très Sainte Trinité »
(1127-1212)
Félix de Valois, petit-fils du roi de France Henri Ier, naît le 9 avril 1127. Sa mère, avant sa naissance, vit en songe un bel enfant armé d'une Croix et entendit une voix lui dire : « Cet enfant est le fils que vous allez mettre au monde, il aura la gloire de changer le lis de France pour la Croix de Jésus-Christ. »
Pendant une famine, la nourrice du petit Félix eut l'inspiration de faire tracer à l'enfant, avec sa main, le signe de la Croix sur le pain que l'on distribuait aux pauvres, et ce pain se multiplia tellement, qu'on put en distribuer pendant plusieurs jours à tous les malheureux qui se présentaient. La nourrice lui fit aussitôt bénir les champs d'alentour, et les nuées du ciel, obéissant à la main de Félix, versèrent une pluie féconde qui ramena l'abondance. Le jeune prince croissait en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes, et ne montrant aucun des défauts de l'enfance. Il aimait tant à faire la charité aux pauvres, qu'un de ses oncles l'appelait son grand aumônier.
Après ses études, qu'il fit à Clairvaux, sous la direction de St Bernard, Félix dut aller à la cour du roi de France, prit part à la Croisade prêchée par le saint moine de Clairvaux, son maître ; puis, revenu à la cour, il la quitta bientôt pour se réfugier au désert. Dans la solitude, il sentit son esprit s'illuminer de clartés nouvelles et son âme redoubler de vaillance dans la pratique des vertus évangéliques. Le démon lui déclara une guerre acharnée ; mais le Saint triompha de lui par la prière et les plus effrayantes mortifications.
Félix, ayant désormais pour palais une misérable grotte, pour vêtement un cilice, pour mets des herbes amères, renouvela dans sa retraite les merveilles des Antoine et des Hilarion. Par la permission de Dieu, tous les dimanches, un corbeau lui apportait un pain du Ciel. Il habitait le désert depuis bientôt quarante ans, quand St Jean de Matha, de la part de Dieu, vint le trouver dans sa solitude, pour s'édifier par ses exemples. C'est alors que les deux Saints eurent la vision d'un cerf blanc, portant au front une croix bleue et rouge, et qui venait se désaltérer à la fontaine voisine. Dieu leur révéla l'explication de ce prodige ; ils se disposèrent aussitôt à partir pour Rome, afin d'obtenir la fondation d'un institut dont les religieux, vêtus de blanc, porteraient sur la poitrine une Croix bleue et rouge, et travailleraient au rachat des captifs, que les Turcs d'Afrique retenaient par milliers dans les fers. Le Pape Innocent III approuva le projet, l'Ordre fut fondé et produisit un bien immense.
Félix de Valois meurt quelques années après, au couvent de Cerfroid à Brumetz (Aisne), le 4 novembre 1212, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Bx Bartolomeu Fernandes dos Martires
Archevêque o.p. de Braga
Commémoration :
Martyrologium Romanum le 16 juillet (dies natalis).
Ordo Fratrum Praedicatorum le 04 novembre.
Il enseigne aux couvents de Batalha de Lisbonne et d'Evora, de 1538 à 1557,
puis il devient prieur du couvent de Benfica de Lisbonne (1557-58). Pour succéder à l'archevêque de Braga, la reine Catherine du Portugal présente le Vénérable Louis de Bois, célèbre par ses écrits, mais celui-ci conseille à la reine de présenter plutôt le Père Barthélemy dont il est le Prieur provincial, et ce dernier accepte par obéissance.
Il ajoute à son nom « dos Mártires » en souvenir de l'église de Sainte Marie des Martyrs où il a été baptisé. Sa nomination est confirmée par le Pape Paul IV (Giovanni Pietro Carafa, 1555-1559) le 27 janvier 1559 et il est ordonné le 3 septembre suivant à Lisbonne.
Le 4 octobre il commence sa mission apostolique dans son vaste diocèse : il fait les visites pastorales de ses 1400 paroisses ; pour l'évangélisation du peuple, il rédige un « Catéchisme ou Doctrine chrétienne et pratique spirituelle » (15 éditions). Ayant une grande sollicitude pour la formation culturelle et la sanctification du clergé, il compose quelques ouvrages de doctrine et institue des écoles de théologie morale dans de nombreuses villes du diocèse.
En tout, sa production littéraire comptera 32 œuvres. Il s'engage concrètement pour la réforme catholique. En 1560 il confie les études publiques aux Jésuites, lesquels transforment le collège Saint-Paul. De 1561 à 1563, il participe activement au Concile de Trente, présentant 268 pétitions et propositions pour la réforme de l'Église. On accepte la franchise de ses remarques, car ce pittoresque prélat passe pour un saint. À propos de la Curie, il dit par exemple : « M'est avis que les illustrissimes Seigneurs ont grand besoin d'une illustrissime réforme ». C'est pour les Pères du Concile qu'il écrit son plus célèbre ouvrage, le « Stimulus pastorum » sur la mission apostolique des évêques, œuvre qui connaîtra 22 éditions et qui, ayant gardé toute son actualité, sera distribuée aux Pères des Conciles Vatican I et Vatican II. Après avoir suscité l'émotion et l'enthousiasme des évêques au Concile de Trente en faveur de la Réforme, Mgr Barthélemy des Martyrs s'emploie à la réaliser lui-même avec courage et une persévérance invincible.
En 1564, il organise un synode diocésain suivi, en 1566, d'un synode provincial. Il privilégie ceux qui n'ont presque rien, ou rien, pour vivre et il se prive pour donner aux pauvres. Critiqué pour son apparence misérable due au peu qui lui reste, il répond : « Vous ne me verrez jamais perdre la raison au point de dépenser avec les oisifs ce avec quoi je peux faire vivre de nombreux pauvres. » L'ignorance religieuse étant la plus grande des pauvretés, il fait tout son possible pour y porter remède en commençant par la réforme morale et l'élévation culturelle du clergé, car « il est évident - dit-il à ses prêtres - que si votre zèle correspondait à votre charge, le troupeau du Christ ne dévierait pas autant des chemins du Ciel. »
En 1571 (ou 1572) il commence la construction d'un séminaire conciliaire à Campo da Vinha, le premier du Portugal. Dans son action il rencontre des obstacles, dont l'écho se fait parfois sentir jusqu'à Rome, mais à propos du Frère Barthélemy, le Pape Pie IV (Giovanni Angelo Medici, 1559-1565) s'exprime ainsi : « Il nous a donné une telle satisfaction à l'époque où il participa au Concile, en raison de sa bonté, de sa religion et de sa dévotion, que nous continuons à le tenir en grande considération, en ayant une telle opinion de son honneur et de sa vertu qu'elle ne pourra être altérée par les critiques d'aucune personne. »
Après 23 ans de service épiscopal, âgé et épuisé, il renonce à sa charge d'Archevêque et se retire dans un couvent dominicain qu'il avait créé en 1561 : le couvent de Sainte Croix à Viana do Castelo. Il meurt huit ans plus tard, le 16 juillet 1590, reconnu et vénéré par le peuple comme « le saint Archevêque, père des pauvres et des infirmes ».
Bartolomeu Fernandes dos Martires a été béatifié le 04 novembre 2001, à Rome, par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005), qui fixe sa mémoire liturgique au 4 novembre pour l'unir à celle de St Charles Borromée qui, comme lui, s'est consacré assidûment à mettre en pratique les décisions du Concile de Trente.